... La pluie a cessé de tomber. Au loin, le canon tonne comme un orage d'été, mais maintenant, le froid humide est terrible. Obnubilés, abrutis de fatigue, les hommes restent à leur poste, tassés sur eux-mêmes dans la boue. Certains penchent de la tête et s'endorment un instant adossés au mur de terre. Un peu de répit... Au bout d'un moment :
- Tiens, v'là Gaspard...
Le chat avance prudemment là-haut, sur le bord de la tranchée. Il saute d'une motte à l'autre en évitant les flaques, la ferraille et les morceaux de barbelés... Du fond de leur trou, les hommes silencieux le suivent du regard. Comme à son habitude, l'animal se dirige vers la cantine...
Le chat est familier de ces hommes. Pour certains, il évoque la ferme et la famille là-bas, à l'arrière. Une présence paisible sur ce champ d'horreur. D'autres s'en amusent car on sait qu'entre deux bombardements, le chat va et vient de chez les boches en face, où la cuisine est sans doute moins dégueulasse...
Tiens, ce coup-là, le chat porte une espèce de collier où est fixé un message
-... Nou some le 4eme uhlan de Leipzig . Et vou ?...
Etonnement ! Est-ce une tentative de fraternisation, comme s'en souviennent les anciens, en 1914 ? ([size=13]voir les lettres) C'est vrai qu'on approche déjà de Noël. Le message passe de main en main, du sergent au capitaine. Jusqu'au général.[/size]
- ... mais c'est une tentative d'espionnage. Comment est-il... Qui est le messager ?
On interpelle le "coupable". Suivant le règlement militaire, une tentative de collusion avec l'ennemi est punie de mort. A l'étonnement de toute la section, le chat sera jugé et fusillé...