Des tombes de soldats français à Hiroshima.
r 2019
Les soldats français combattent dans les rues de Tientsin.Depuis 1900, sept soldats français reposent à Hiroshima. Blessés lors du siège de Pékin durant la guerre des Boxers, ils ont été évacués vers le Japon, où ils sont morts. Depuis les Japonais veillent sur eux. Et même le largage de la bombe atomique américaine le 6 Août 1945 n'a pas détruit les tombes !
La Guerre des Boxers.
Il s’agit d’une révolte initiée par une société secrète chinoise, la société Yihetuan, dont le symbole est un poing fermé, d'où le nom de « Boxeurs » (les Anglais dirent « Boxers ») donné par les Occidentaux. Les Boxeurs sont à l'origine d'un mouvement xénophobe et nationaliste qui éclate à la suite de la défaite infligée à la Chine par le Japon en 1895 et des exigences des puissances européennes en 1898.
Né dans le Shandong, ce mouvement se développe avec rapidité et violence, s'attaque aux missions étrangères. Le 10 juin 1900, la vieille impératrice douairière Cixi demande devant son Grand Conseil que soient chassés sans retard les étrangers. Les Boxeurs de Pékin, excités par un prince de la Cité interdite, Touan, ne se le font pas dire deux fois ! Ils se lancent dans la chasse aux chrétiens chinois et aux prêtres européens, massacrant les uns et les autres. Ils font par ailleurs le siège des Légations, les blocs d'immeubles réservés au logement des étrangers. Ces derniers prennent leurs dispositions pour un siège de longue durée.
Malheureusement pour les apprentis-sorciers de la Cité interdite, la révolte ne dépasse pas les limites de la capitale et le pays, dans son ensemble, ne bouge pas. Huit nations – Japon, Allemagne, Autriche-Hongrie, États-Unis, France, Royaume-Uni, Italie et Russie – envoient des troupes pour secourir leurs compatriotes et défendre leurs intérêts commerciaux.
La France dépêche à la hâte environ 400 marins tirés de l’escadre présente en Chine à l’époque et 2 500 militaires de l’infanterie et de l’artillerie de marine basée au Tonkin et en Cochinchine.
Les soldats occupent le port de T'ien-tsin le 14 juillet 1900 et entrent à Pékin un mois plus tard. La Cour prend le large sans attendre, l'orgueilleuse impératrice Cixi ne craignant pas de se déguiser en paysanne !
Par le traité qui clôt le conflit, les représentants de l'impératrice conviennent de verser d'énormes réparations financières aux Occidentaux échelonnées sur... quarante ans (au total 1600 millions de francs-or).
Les soldats français d’Hiroshima.
22 Français sont tués lors des combats devant la ville murée de Tientsin. Une centaine de blessés sont évacués vers le Japon à bord du navire-hôpital Halmaï-Maru. Sept ne survivent pas à leurs blessures et sont enterrés sur place.
Ils s’appelaient Jean Bourgeade, originaire de Bordeaux, Corentin Postic de Lanvéoc (Finistère), Louis Marie Carrour de Kervignac (Morbihan), Joseph Dorel de Grenoble, Jules Lebeau d’Artonges (Aisne), François Cohendy d’Aydat (Puy-de-Dôme) et François Lelièvre d’Angers. Ils ont en commun d’avoir été des soldats de l’armée française et d’être morts à l’été 1900, lors de la guerre des Boxers. Tous les sept reposent à Hiroshima.
Sept tombes alignées sur deux rangs. Au centre un obélisque décoré de lauriers. Une plaque de marbre gravée sur laquelle on peut lire : « À la mémoire des soldats et marins français du corps expéditionnaire de Chine décédés à Hiroshima en 1900 et en reconnaissance… »
Ce carré militaire français est situé dans le cimetière du parc d’Hijiyama, au bord d’un bras de la rivière Enko qui se jette dans la baie d’Hiroshima au Japon. Les dalles frappées d’une croix latine sont gravées avec le nom et le grade du soldat, la date et lieu de naissance ainsi que la date et lieu de décès et la mention : « Priez pour lui ».
En mars 2017, une délégation du Souvenir français, conduite par son président général Serge Barcellini, est allée fleurir les tombes des sept d’Hiroshima. En présence de Japonais qui continuent très respectueusement à entretenir l’ensemble.