Commandoair40 Admin
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| Sujet: COIN de France-La campagne oubliée . Dim Jan 27 2019, 20:34 | |
| COIN de France-La campagne oubliée
On oublie souvent qu’entre la guerre d’Algérie et l’engagement en Afghanistan, la France a mené et plutôt réussi une campagne de contre-insurrection (COIN) au Tchad de 1968 à 1972.
Par la durée, le volume des forces engagées, jusqu’à 3 000 hommes, et les pertes subies, 39 soldats tombés (mais certaines sources parlent de 50), cet engagement est d’une ampleur comparable à celle conduite en Kapisa-Surobi depuis 2008.
La France intervient au Tchad en août 1968 à la suite de la demande du président Tombalbaye pour aider le gouvernement à faire face à la rébellion du Front de libération nationale du Tchad (FROLINAT) soutenue par la Libye.
Après une première intervention très rapide à l’été 1968 qui stoppe l’offensive des rebelles venus du Nord, suivie d'une simple aide logistique dont on voit vite les limites, la France met en place en avril 1969, sous la direction de l’ambassadeur Wibaux, une mission de réforme administrative et une force d'intervention.
Cette force comprend un état-major commun, jusqu’à 600 conseillers en tenue tchadienne, un groupement tactique fort de trois compagnies d’infanterie et d’un escadron léger pour la partie terrestre et d’un vingtaine d’hélicoptères H-34 cargo ou Pirate (avec un canon de 20 mm), d’une douzaine d’avions de transport (Nord-Atlas et Transall) et de 5 Skyraider AD4 pour la partie aérienne.
Les hommes restent alors souvent plus de 9 mois.
Les forces franco-tchadiennes multiplient les opérations aéroterrestres durant l’année 1970 contre environ 3 000 combattants ennemis très mobiles et bien équipés.
Ces opérations sont pratiquement toutes des succès même l’embuscade de Bedo, le 11 octobre, où 12 parachutistes français sont tués.
Comme en Algérie, les unités françaises, sans gilets pare-balles, combinent le combat rapproché très agressif pour fixer et regrouper l’ennemi et des feux aériens très puissants et bien adaptés à la contre-guérilla pour achever la destruction.
Elles ne parviennent pas à éliminer complètement les forces du Frolinat, mission impossible, mais réussissent à rétablir l’autorité du gouvernement dans tout le Tchad utile laissant les rebelles à leur désert du Nord.
Simultanément, la France se rapproche de la Libye et lui livre une centaine d’avions Mirage.
La Libye réduit son soutien au Frolinat.
La situation sécuritaire et l’autorité du gouvernement étant rétablies, la France retire ses unités de combat en août 1972 et la mission d’assistance militaire technique en 1975.
L’intervention française au Tchad de 1968 à 1972 est un cas réussi d’aide à la contre-insurrection.
Ce succès est le résultat d’un accord entre des objectifs politiques réalistes et des moyens civils et militaires adaptés à ces objectifs limités.
Il n’est pas question d’établir une démocratie avancée, ni de gagner les cœurs et les esprits de la population en investissant plusieurs fois le PIB tchadien mais d’aider un camp politique à l’emporter sur l’autre, au moins pendant quelques années, par l’amélioration des pouvoirs publics locaux et surtout le refoulement des forces rebelles.
La France montre aussi qu’elle est prête à soutenir les gouvernements issus de l’indépendance et sans passer par les processus de décision longs et restrictifs des Nations-Unies.
Il n'est évidemment pas question d'OTAN et d'alliés européens dans cette intervention.
La France n'a pas besoin de légitimité et de moyens supplémentaires.
D’un point de vue tactique, la peur des pertes ne paralyse pas l’action.
Il est vrai qu’en quatre ans les pertes françaises sont les mêmes qu’en quatre jours de la guerre d’Algérie .
Les forces sont légères et recherchent le combat rapproché avec l’aide de moyens aériens bien adaptés.
Les combattants rebelles sont à peine moins bien équipés que les actuels rebelles afghans à la différence des fantassins français.
Pour autant, le rapport des pertes dans les différents combats est au moins aussi favorable aux Français qu’il ne l’est aujourd’hui.
Il est vrai qu’à l’exception de l’embuscade de Bedo, où les Français rétablissent la situation et détruisent l’ennemi au corps à corps, les marsouins et légionnaires ne sont pas liés à quelques axes et bases.
Ils sont au contraire très mobiles et offensifs utilisant au maximum les hélicoptères et les véhicules légers.
A l'époque, le surcoût de l'ensemble des opérations extérieures françaises ne dépasse pas les 100 millions d'euros actuels.
Il s'agit donc là d'un excellent modèle de campagne de contre-insurrection moderne. ___________________________________ ____________________________________Sicut-Aquila « Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage. La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure. Être un homme et le demeurer toujours, Quelles que soient les circonstances, Ne pas faiblir, ne pas tomber, Voilà le véritable sens de la vie ». | |
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