Les rapports sur la maintenance en condition opérationnelle (MCO) des aéronefs de l’armée de l’air française se suivent et malheureusement se ressemblent.
L’audit commandé par la ministre des armées, Florence Parly, à l’inspecteur Christian Chabert a montré, en novembre 2017, que le taux de disponibilité de la flotte aérienne militaire reste autour de 44% depuis 5 ans avec d’énormes disparités. En effet si cette disponibilité peut s’élever à 80% pour les aéronefs en OPEX, elle tombe à 30% en France … ce qui jette un sérieux doute sur la qualité de la formation des futurs pilotes.
Le rapport du sénateur Dominique De Legge, déjà commenté sur ce site, confirme cet audit en ce qui les voilures tournantes, puisque selon ce rapport, un tiers seulement des hélicoptères est en MCO.
Plus alarmant encore est le rapport du député François Cornut-Gentille sur la disponibilité technique des avions de transport militaire (sujet qui intéresse de très près les paras)
Hercule H : 20%
Transall : 40%
A400M : 25%
CN235 : 50%.
L’arrivée à un rythme lent des A330MRTT (12 appareils sur plusieurs années) ne va pas améliorer la situation du transport : ces avions vont avant tout remplacer les ravitailleurs 11 C135 et les 3 KC135, à bout de souffle, et les 2 A340 et les 3 A310 pour le transport (qui ne vont guère mieux). Les 2 Hercules 130J et les 2 Hercules KC 130J, dont la livraison se terminera en 2019, ne remplaceront que partiellement les Transalls et Hercules H arrivant en fin de vie.
Plus grave encore : avec l’A400M, la France possède-t-elle véritablement un avion de transport militaire stratégique (même en faisant abstraction des problèmes techniques de « jeunesse »). Un exemple permet d’en douter. Lors de l’opération Serval, il a fallu procéder, en un mois et demi, à 169 affrètements dont 115 vols d’Antonov 124 (auquel il faut ajouter 47 vols IIiouchine 76, 7 vols Antonov 225 et 110 vols alliés, essentiellement à partir de C17). Sachant qu’un Antonov 124 équivaut au moins à 5 A400M, on imagine le nombre de vols d'A400M nécessaires pour cette OPEX.
De plus les sociétés mettant en œuvre les Antonov sont plus ou moins directement sous le contrôle des Russes… ce qui jette des doutes sur la souveraineté française lors d’OPEX.
Le seul avion de transport militaire stratégique en production est le Y20 chinois présenté avec une excellente documentation par Commandoair40 sur ce site. Il serait peut-être utile que la France s’intéresse à cet avion. Si mes renseignements sont exacts, l’A400M peut transporter 30 tonnes à 4500 km tandis que le Y20 transporte 66 tonnes sur une même distance. Si cet avion est actuellement équipé de moteurs russes (D-30KP-2), il devrait être équipé dès 2019 de moteurs chinois plus puissants (WS-20). De plus une version allongée dite civile, le Y20F-100, est annoncée, capable de transporter 65 tonnes sur 8000 km. Cette version pourrait être équipée de CFM-56.
On pourrait émettre quelques doutes sur les performances annoncés par les chinois. Cependant avec l’ouverture de la base militaire chinoise à Djibouti et la volonté de la Chine a lutter contre la piraterie dans l’océan indien et contre le terrorisme en Afrique, la politique de la Chine sur ce continent (et ailleurs) n’est possible qu’avec une aviation de transport militaire stratégique dont les caractéristiques sont conformes aux chiffres annoncés.
jmperrin