« Il faut que ça vole! », avait lancé Florence Parly, la ministre des Armées, en décembre 2017, soit au moment d’annoncer la réforme du Maintien en condition opérationnelle aéronautique [MCO Aéro], avec la création de la Direction de la Maintenance aéronautique [DMAé] comme pilier.
Et cette réforme n’a pas le droit à l’erreur étant donné les choix faits à l’occasion de la Loi de programmation militaire [LPM] 2019-25. Ainsi, rappelle le député Jean-Jacques Ferrara, rapporteur pour avis sur les crédits de l’armée de l’Air, les « hélicoptères constituent sans nul doute le parent pauvre » de ce texte. Notamment ceux utilisés par les aviateurs.
Et pour cause : la LPM a reporté la livraison des nouveaux Hélicoptères interarmées légers [HIL qui seront des H160M d’Airbus Helicopters] à l’horizon 2028. Et la commande d’une douzaine d’appareils de manoeuvre a également été renvoyée à plus tard. Ce qui signifie que l’armée de l’Air ne recevra aucun hélicoptère neuf pendant la durée de la LPM 2019-25, alors que ceux qu’elle a en parc affichent une moyenne d’âge déjà honorable. Du moins pour certains.
En outre, les taux de disponibilité technique de ces appareils n’est pas satisfaisante. Au premier semestre 2018, celle des hélicoptères de manœuvre ou moyens s’est élevée à 38,5% tandis que celle des hélicoptères est tombée de 45,5 à 43,5%.
« Il faudra donc compter sur une amélioration de la disponibilité des matériels, et espérer qu’ils ‘tiennent' » d’ici 2028, a donc estimé M. Ferrara dans son rapport.
La décision de reporter la livraison des HIL concerne également la Marine nationale et l’Aviation légère de l’armée de Terre [ALAT], qui a aussi des soucis de disponibilité avec ses appareils. La première a opté pour la location d’appareils pour remplacer ses Alouette III tandis que la seconde va prolonger la durée de vie de ses Gazelle.
L’armée de l’Air attend 40 hélicoptères interarmées légers, afin de remplacer ses Fennec, utilisés notamment pour les missions dites MASA (mesures actives de sûreté aérienne). Ces appareils devront être ravitaillables en vol et seront armés d’un canon de 20mm et de roquettes guidées pour assurer des missions d’appui au sol (comme cela fut le cas en Centrafrique, lors de l’opération Sangaris). Il est aussi question de les doter d’un canon de 7,62 mm. « Nous voulons que le H160M soit capable de détecter et de neutraliser les avions légers et les drones », avait récemment expliqué un officier de la Brigade aérienne d’appui et de projection.
Par ailleurs, le remplacement des deux Caracal détruits en opération semble toujours poser un problème. Si l’un est en cours de réparation (le chantier doit durer deux ans), l’autre a été jugé irrécupérable. Normalement, il aurait dû être remplacé en 2017. Mais la coupe de 850 millions d’euros décidée en juillet de cette année-là a compliqué la donne. Reprogrammée pour 2018, la commande n’a toujours pas été passée.
« La commande d’un tel appareil était attendue par les forces. Il n’y a pas lieu de douter de la volonté de la ministre de procéder à cette commande, qui semble plutôt bloquée par Bercy. Il est toutefois plus que temps de mettre un terme aux tergiversations », a commenté M. Ferrara.