Le sujet peut semble anecdotique. Mais il ne l’est pas pour le général Jean-Pierre Bosser, le chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT], qui l’a de nouveau mis sur la table à l’occasion d’une audition parmementaire, fin septembre.
La Loi de programmation militaire 2019-25 « doit également produire des effets rapides et très concrets en matière de petits équipements, d’habillement, de condition de vie et d’entraînement, bref tout ce qui fait le quotidien de nos soldats » et c’est la raison pour laquelle « j’insiste sur des projets qui peuvent apparaître secondaires, mais que j’assume sans complexe et pour lesquels nous sommes prêts, comme la nouvelle tenue de sport […] ou le successeur du pistolet automatique », a en effet affirmé le CEMAT.
La question de cette nouvelle tenue de sport avait déjà été évoquée par le général Bosser en février dernier, lors des débats relatifs au projet de LPM. Et il a naturellement repris les mêmes arguments lors de son intervention devant les députés.
« Il faut savoir en effet que l’armée de Terre, c’est 50 % des hommes et femmes en tenue de ce ministère, pour qui la tenue de sport n’est pas seulement une tenue qui sert à faire du sport, mais également une tenue que l’on revêt en opérations durant les phases de repos : à Gao, jusqu’à preuve du contraire, nos soldats ne se promènent pas en jeans. Nos garçons et nos filles, quand ils rentrent du terrain, se mettent en tenue de sport. C’est aussi une tenue de préparation opérationnelle, celle avec laquelle on travaille l’endurance au quartier le matin, ou lors des séances de sport, celle avec laquelle on pratique les sports collectifs », a ainsi plaidé le général Bosser.
« Compte tenu donc de ses multiples usages, c’est une tenue qui me paraît essentielle pour notre armée, et il est donc primordial de remplacer dans des délais rapides une tenue dont la conception a plus de trente ans : un survêtement bleu en acrylique, qui vous met en légère sudation à peine monté dans le bus… », a encore estimé le CEMAT.
Le coût d’une nouvelle tenue de sport serait relativement modeste, de l’ordre de 15 millions d’euros pour équiper l’ensemble des militaires de l’armée de Terre. Mais c’est « le prix d’un hélicoptère », a relevé le député Jean-Jacques Bridey, le président de la commission de la Défense, lors de l’examen des crédits du ministère des Armées, le 24 octobre.
Rapporteur pour avis des crédits alloués aux forces terrestres, le député Thomas Gassilloud a dit, lors de cette même séance, que cette affaire lui tenait « particulièrement à coeur ». Et si le renouvellement de tenues de sport qui étaient à la mode quand l’équipe de France de football n’avait pas encore gagné sa première coupe du Monde coûte le prix d’un hélicoptère, il « faut choisir », a-t-il dit.
« Renouveler les tenues de sport serait un signal tangible, rapide, qu’on pourrait fournir immédiatement à l’ensemble des soldats de l’armée de terre. Cela aurait un effet opérationnel de mon point de vue, puisque le militaire se lève et s’entraîne dès le matin avec sa tenue de sport », a fait valoir M. Gassilloud.
Aussi, a-t-il continué, « je compte bien déposer un amendement pour appeler l’attention de la ministre sur ce point et examiner s’il est possible de dégager 15 millions d’euros pour fournir une belle tenue de sport à l’ensemble des soldats de l’armée de Terre. » Reste donc à voir si un tel amendement sera effectivement déposé et s’il sera voté…
En revanche, l’autre sujet défendu par le CEMAT, à savoir le remplacement des pistolers automatiques, n’a pas été évoqué. Là, le coût serait nettement plus élevé puisqu’il est question, avait-il précisé, de « 35 millions d’euros pour l’acquisition de 60.000 armes, soit un peu plus de 500 euros par arme. »