Pour remplacer ses destroyers de la classe Iroquois et ses frégates polyvalentes de type Halifax, dans le cadre du programme NCC [Navires de combat canadiens, ndlr], la Marine royale canadienne souhaitait se doter de 15 bâtiments conçus selon un modèle éprouvé.
Finalement, à l’issue d’un appel d’offres lançé en octobre 2016, le choix d’Ottawa et du chantier naval Irving Shipbuilding Inc. s’est porté sur un navire inspiré de la frégate de Type 26 du britannique BAE Systems, via une offre défendue par Lockheed-Martin Canada. Et cela, aux dépens du tandem Alion Canada/Damen [frégate De Zeven Provinciën Air Defence and Command] et de l’espagnol Navantia [frégate F-100].
Il ne s’agit que d’une étape dans cette procédure d’acquisition, dont la valeur est estimée à 60 milliards de dollars canadiens [39 milliards d’euros]. Désormais, le gouvernement canadien va entamer des négociations exclusives avec Lockheed-Martin Canada, qui aura à se soumettre une série de conditions et d’exigences très précises et inscrites dans un « processus de diligence raisonnable. » Ce n’est qu’à l’issue de ce dernier que le contrat sera définitivement attribué.
Cependant, un échec des discussions n’est pas totalement exclu. En effet, comme le souligne La Presse, « Ottawa s’est réservé le droit de se retirer des pourparlers, si Lockheed avait la main trop lourde, et de négocier avec le deuxième soumissionnaire. […] Mais les responsables fédéraux espèrent qu’on n’en viendra pas là et qu’un contrat sera signé dès cet hiver. »
Cela étant, pour ce marché, Lockheed-Martin Canada s’est associé avec plusieurs industriels. Outre BAE Systems, CAE, L3 Technologies, MDA et Ultra Electronics font partie de « l’équipe des navires de combat du Canada« .
La frégate de Type 26 n’est pas encore entrée en service au sein de la marine britannique, qui en attend 8 exemplaires, la construction du premier navire de la série n’ayant commencé qu’en juillet 2017. Ce n’est donc pas le modèle « éprouvé », comme le souhaitait la Marine royale canadienne…
Pour autant, ce nouveau modèle de frégate a aussi été retenu par la Royal Australian Navy (sous le nom de classe « Hunter »), qui en a commandés 9 exemplaires en juin dernier, au titre de son programme « Sea 5000 ».
D’un déplacement de 5.400 tonnes pour une longueur de 148 mètres et une largeur de 19 mètres, la frégate de Type 26, mise en oeuvre par 118 marins, peut parcourir jusuq’à 7.000 milles à la vitesse de croisière de 18 noeuds. Son armement comprend des torpilles, le système surface-air Sea Ceptor, avec 32 CAMM [Common Anti-air Modular Missile], 16 missiles de croisière, des missiles anti-navires, deux systèmes Phalanx, un canon de 127 mm. Doté de différents capteurs (sonars, radar 3D), elle est en mesure d’accueillir un hélicoptère lourd de transport.
Pour rappel, le français Naval Group et l’italien Fincantieri tentèrent leur chance pour ce marché en faisant directement une proposition basée sur la Frégate Multimissions [FREMM] au gouvernement canadien, en dehors de tout processus concurrentiel. Ce qui ne fut pas très bien perçu à Ottawa. « Établir un processus de soumissions et d’évaluation qui s’applique à tous les soumissionnaires éventuels et s’y conformer est une composante indispensable d’un processus d’approvisionnement ouvert, équitable et transparent », firent alors valoir les Services publics et Approvisionnement du Canada.