Lors de la conférence des ambassadeurs, en août, le président Macron avait estimé que « l’Europe ne pouvait plus remettre sa sécurité aux seuls États-Unis ». Et d’ajouter : « Des alliances ont encore aujourd’hui toute leur pertinence, mais les équilibres, parfois les automatismes sur lesquels elles s’étaient bâties sont à revisiter. Cela suppose aussi pour l’Europe d’en tirer toutes les conséquences » et donc de « revisiter l’architecture européenne de défense et de sécurité. »
Les « automatismes » des « alliances » dont il était alors question étaient-ils ceux de l’Otan, en particulier celui prévu à l’article 5 du Traité de l’Atlantique-Nord, c’est à dire celui instituant le principe de défense collective. En tout cas, c’est ce que l’on pouvait comprendre étant donné que M. Macron évoqua ensuite un projet visant à renforcer la « solidarité européenne en matière de sécurité », en donnant « plus de substance » à l’article 42-7 du Traité sur l’Union européenne.
Invoqué pour la première fois par la France à la suite des attentats du 13 novembre 2015, ce texte précise que « au cas où un État membre serait l’objet d’une agression armée sur son territoire, les autres États membres lui doivent aide et assistance par tous les moyens en leur pouvoir, conformément à l’article 51 de la charte des Nations unies. » D’où la proposition de M. Macron d’avoir une « discussion concrète entre États européens sur la nature des liens réciproques de solidarité et de défense mutuelle qu’impliquent nos engagement aux termes du Traité [sur l’UE]. »
Quelques jours plus tard, alors en voyage officiel en Finlande, le président français précisa que son intention était de mettre en place, via une révision de cet article 42-7, une « solidarité renforcée quasi-automatique ». Pour autant, il n’est pas question de remettre en cause le rôle de l’Alliance atlantique, comme l’a rappelé Florence Parly, la ministre des Armées, ce 16 octobre, à l’occasion de la conférence des ressources de l’Otan, à Paris.
« Face à des menaces plus mouvantes, plus pernicieuses, plus difficiles à combattre et à appréhender, nous avons un besoin toujours aussi puissant d’une défense collective forte. Et le socle de cette défense collective est et demeure l’Otan », a en effet affirmé Mme Parly. « La vision de la France est claire. […] Il faut améliorer notre défense collective autour d’une Alliance crédible, unie, moderne et efficace. » a-t-elle ajouté.
Et, à en croire la ministre, c’est justement pour rendre l’Otan « crédible » et « unie » que le président Macron a proposé de renforcer l’article 42-7 du Traité sur l’Union européenne. S’agissant de la « crédibilité », il s’agit de faire en sorte que l’Alliance puisse « honorer tous ses engagements », a-t-elle expliqué.
« Bien sûr, nous savons que les ressources des Nations ne sont pas infinies mais il en va de la crédibilité de notre défense collective. Sans elle, sans cette crédibilité, nous sommes menacés, exposés. Il faut donc assurer la soutenabilité financière de l’Alliance », a ensuite fait valoir la ministre, pour qui il faut trouver un « juste équilibre entre ambitions politiques, besoins militaires et ressources financières et humaines disponibles. » Aussi, « l’Otan doit pouvoir prioriser ses besoins », a-t-elle précisé.
Ensuite, a continué Mme Parly, une « alliance unie […] est une alliance qui affirme avec force son attachement à l’article 5, au soutien mutuel entre Alliés. » Et, à ce sujet, des déclarations du président Trump ont remis en cause ce principe de défense collective…
« Une alliance qui ne peut être tout à fait efficace que si chaque défense est forte. C’est précisément l’objectif de la solidarité européenne en matière de défense, de l’approfondissement souhaité par le Président de la République de l’article 42-7 du Traité sur l’Union européenne », a rappelé la ministre française, avant de faire une mise au point.
« Attention, je ne souhaite aucune méprise. L’article 42-7 lui-même affirme que le socle de notre défense collective est l’Otan. Mais je le dis aussi, une Otan forte, c’est une Europe forte », a-t-elle dit.
Par ailleurs, les récentes initiatives prises par l’Union européenne dans le domaine militaire, avec le Fonds européen de Défense, la mobilité militaire et les coopérations structurées permanentes, sont « autant d’opportunités précieuses pour permettre à l’Europe d’avoir des équipements modernes, à la hauteur, pleinement capables de contribuer à notre défense collective », a encore fait valoir Mme Parly.