Le dernier compte-rendu des opérations publié par l’État-major des armées [EMA] indique que la force Chammal a connu une activité soutenue au cours de ces derniers jours. Ainsi, depuis l’Irak, les 3 CAESAr [Camions équipés d’un système d’artillerie de 155mm] des artilleurs de la Task Force « Wagram » ont réalisé 18 missions de tirs entre le 3 et le 9 octobre pour appuyer l’offensive menée par les Forces démocratiques syriennes [FDS, alliance arabo-kurde, ndlr] contre les positions de Daesh [État islamique ou EI] dans le secteur de Hajine, en Syrie.
Durant la même période, les Rafale de l’armée de l’Air ont effectué trois frappes au nord d’Abou Kamal, également en appui des FDS. Au total, les avions engagés dans l’opération Chammal ont effectué 18 sorties.
Sans doute que le prochain compte-rendu de l’EMA fera état d’une activité encore plus soutenue pour les militaires français engagés au Levant, étant donné que, depuis le 10 octobre, Daesh a lancé une contre-offensive afin de desserrer l’étau des FDS autour de Hajine, qui est l’un de ses derniers bastions en Syrie, dans la province de Deir ez-Zor.
Le 10 septembre, les FDS, avec l’appui de la coalition dirigée par les États-Unis, ont lancé une nouvelle phase de l’opération Roundup, qui vise à réduire les derniers positions encore tenues par Daesh en Syrie, dans une poche d’une vingtaine de kilomètres.
Seulement, la progression est aussi lente que difficile, en raison des mines et autres engins explosifs improvisés laissés par les jihadistes, qui seraient environ 3.000, ainsi que de la complaisance d’une partie de la population à l’égard de l’EI.
Les opérations des FDS pourraient donc encore être ralenties par cette contre-offensive lancée par Daesh, favorisée par une tempête de sable qui rend plus compliquées les missions d’appui aérien menée par la coalition anti-EI.
Daesh « a réussi à avancer sur le terrain », aidé par les conditions climatiques qui ont « empêché l’aviation de la coalition de mener des frappes » ciblant les jihadistes, a en effet indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’Homme [OSDH], qui a également affirmé que 35 combattants des FDS avaient été faits prisonniers par les jihadistes. Cette information a toutefois été démenties par l’alliance arabo-kurde.
En revanche, cette dernière a confirmé l’attaque d’un camp de déplacés et affirmé qu’un « groupe de civils » avait été enlevés par Daesh. Selon l’OSDH, « plus d’une centaine de familles », dont celles d’anciens membres de l’organisation jihadiste ayant fait défection, seraient concernées. Toutes auraient été emmenées à Hajine.
Les FDS ont évoqué des affrontements qui ont « duré plusieurs heures » et fait état de pertes dans leurs rangs. Ce 12 octobre, elles ont également signalé d’intenses combats sur l’axe al-Bagous-al-Bahra-Hajine. Profitant, là-encore, d’une tempête de sable, Daesh « a lancé une attaque massive et violente sur un grand nombre de points de concentration de nos combattants », ont-elles indiqué. « Nos forces ont réagi à toutes les attaques terroristes, faisant des dizaines de morts et de blessés » parmi les jihadistes », a-t-elle ensuite assuré.
Selon un reportage publié cette semaine par l’hebdomadaire Le Point, le chef de l’EI, Abou Bakr al-Baghdadi, se cacherait à Hajine. De quoi renforcer la détermination des jihadistes face aux FDS… À moins que les contre-attaques de ces derniers jours ait pour objectif de l’exfiltrer vers un autre endroit.
Photo : TF Wagram (c) EMA