Le plan stratégique pour la Défense belge, approuvé par un comité ministériel restreint en décembre 2015, prévoyait une nouvelle baisse des effectifs militaires, ces derniers devant passer de 32.000 à seulement 25.000 personnels d’ici 2030. Un nombre suffisant « pour mener à bien toutes les missions » tout en permettant, avait-il été expliqué, de dégager des marges de manoeuvres budgétaires pour financer l’achat de nouveaux équipements.
Selon une note interne révélée par la chaîne publique flamande VRT NWS et reprise par l’agence Belga, les effectifs de la Défense belge sont déjà passés en-deçà du seuil des 25.000 militaires. Et cette tendance devrait s’accentuer dans les quatre ans à venir puisque ce nombre devrait passer sous la barr des 22.000.
Les raisons de ce sous-effectif sont connues depuis longtemps. Mais elles se sont amplifiées ces derniers mois. La première est liée au vieillissement des forces belges, ce qui suppose des départs en retraites plus importants. Or, ces derniers peinent à être compensés avec l’arrivée de nouvelles recrues.
L’intense activité opérationnelle est une autre explication. De même que les contraintes budgétaires qui pèsent sur la Défense belge, les réformes statutaires et le manque d’attractivité. Résultat : le nombre de démissions augmente, en particulier chez les « jeunes militaires actifs ». Selon la presse d’outre-Quiévrain, « près de 600 militaires ont ainsi réorienté leur carrière l’année passée [en 2017, ndlr], contre même pas 400 deux ans auparavant ». Soit 50% de plus.
Comme en France avec Sentinelle, lancée après les attentats de 2015, la Belgique a lancé une mission intérieure appelée « Vigilant Guardian ». Or, « les tâches principales ne diminuent pas mais il y a toujours moins de monde pour les effectuer. Les militaires qui constituent la colonne vertébrale doivent prendre en charge ces surplus en plus de leurs tâches quotidiennes. Ce n’est tout simplement plus tenable », a commenté Edwin Lauwereins du syndicat SLFP Défense, dans les colonnes de La Dernière Heure. Et d’ajouter : « Les effectifs sont constamment envoyés en mission en rue et n’ont pas encore vu le moindre grain de sable du Sahara. »
Évidemment, quand le vivier du recrutement se rétrécit (le nombre de candidats à une carrière militaire a été divisé par deux), la qualité des recrues peut s’en trouver affectée. « Le taux d’occupation en service opérationnel varie de 50%, parfois même 45%, à 60%. Il est difficile dans ce cas de répondre aux ambitions du gouvernement », a ainsi relevé Huwart, du syndicat militaire CGPM, pour qui, « après tant d’élagage », la Défense belge est désormais arrivée « au tronc ».
Photo : Défense belge