Le 27 septembre, la force française Barkhane a lancé une opération aéroportée mobilisant 120 légionnaires du 2e Régiment Étranger de Parachutistes (REP) dans la région de Ménaka. « On combine différentes capacités pour créer un effet de surprise chez les groupes armés terroristes et pour montrer à la population qu’on est capable de venir rapidement », avait alors expliqué le colonel Patrik Steiger, le porte-parole de l’État-major des armées [EMA].
A priori, cette opération a été décidée pour interpeller des combattants de la Coordination des mouvements de l’Azawad [CMA], une organisation qui regroupe plusieurs formations touarègues séparatistes, dont le Mouvement national pour la libération de l’Azawad [MNLA], le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad [HCUA], qui compte dans ses rangs d’anciens membres du groupe jihadiste Ansar Dine fondé par Iyad Ag Ghali, et un aile du Mouvement arabe de l’Azawad [MAA].
Pour rappel, la CMA est l’un des signataires des accords de paix d’Alger.
« Les parachutistes français ont arrêté jeudi à Ménaka, dans le quartier général de la Coordination des mouvements de l’Azawad, huit combattants soupçonnés d’être des infiltrés des jihadistes dans le mouvement », a ainsi indiqué, à l’AFP, une source sécuritaire malienne.
« On sait qu’il y a une aile jihadiste au sein de la CMA. Tout le monde le sait. Les huit personnes arrêtées sont soupçonnées de faire partie de cette aile », a expliqué un élu de la région. « Je crois que les Français avaient des informations précises sur le sujet. Des armes et des munitions ont été également saisies », a-t-il ajouté.
Porte-parole de la CMA et membre du HCUA, Almou Ag Mohamed a donné les noms, via sa page Facebook, des individus arrêtés par les militaires français. « L’aveu d’impuissance de la force Barkhane face aux GAT [groupes armés terroristes, ndlr] dans cette région s’est traduit hier 27 Septembre 2018 par le saccage du Bureau régional de la CMA suivi de l’arrestation d’ éléments de la CMA », a-t-il dénoncé.
Le rapport du groupe d’experts des Nations unies sur le Mali, publié en août [.[url=http://www.un.org/french/documents/view_doc.asp?symbol= S/2018/581]pdf[/url]], a évoqué la collusion de certains membres des groupes signataires des accords d’Alger, appartenant en particulier de la CMA, avec des groupes jihadistes.
Et des noms ont même été cités, comme celui de Salah Ag Ahmed, « décrit par plusieurs sources indépendantes comme un membre influent du HCUA, proche d’Iyad Ag Ghali, et comme un officier de liaison avec Ansar Dine et l’EIGS [État islamique au Grand Sahara, ndlr] » encore comme celui de Mahamadou Ag Rhissa, « soupçonné d’avoir des liens avec des groupes terroristes » et d’être impliqué dans le trafic de migrants.
Le 30 août, au Conseil de sécurité de l’ONU, la France avait pointé des « responsables intermédiaires de groupes armés qui, sur le terrain, nuisent volontairement à la mise en oeuvre de l’accord par leurs liens avérés avec des activités criminelles ou terroristes ». Et de proposer de prendre des sanctions à leur égard.
Photo : Archive / EMA