140 grenades, dont 20 lacrymogènes, 1.500 munitions de calibre 9 mm, 44 lance-grenades et 4 engins explosifs… Tel était la liste des munitions dérobées en juin 2017 dans un dépôt de l’armée portugaise, à Tacos, dans le centre du pays. L’enquête sur ce vol s’annonçait difficile étant donné que les caméras de surveillance installées sur ce site ne fonctionnaient plus depuis au moins deux ans…
Dans les heures qui suivirent la disparition de ces munitions, cinq officiers furent suspendus de leurs fonctions, les enquêteurs les ayant soupçonnés d’avoir communiqué aux cambrioleurs des informations sur l’état de la surveillance de l’entrepôt. Finalement, « suite aux conlusions d’une enquête interne sur la sécurité et le contrôle des accès au dépôt, les raisons qui ont conduit à la suspension de ces militaires n’ont plus de raison d’être », annonça, deux semaines plus tard, l’état-major portugais.
L’affaire connut un rebondissement quand, en octobre 2017, les munitions volées furent retrouvées, à l’exception des cartouches de 9 mm, dans un terrain vague situé à quelques dizaines de kilomètres de Tancos, après un appel anonyme.
Depuis, cinq magistrats du ministère public et près d’une centaine d’agents de la police judiciaire tentent d’éclaircir les circonstances dans lesquelles cet arsenal fut retrouvé. Et c’est dans le cadre de cette enquête (et non de celle sur le vol commis à Tancos) que quatre membres de la police judiciaire militaire portugaise, dont son directeur, le colonel Luis Vieira, ont été interpellés, en compagnie de trois militaires de la garde nationale républicaine (dont le chef du centre d’investigation criminelle de Loulé) et d’un civil.
Selon le ministère public, ils sont soupçonnés de « falsification de documents, trafic d’influence, association criminelle, abus de pouvoir et trafic d’armes. » Les suspects doivent être présentés à un juge « en vue de l’application de mesures de contrôle judiciaire », a-t-il ajouté.
Dans le même temps, des perquisitions ont été effectuées dans plusieurs locaux des régions de Lisbonne, Porto (nord), Santarém (centre) et en Algarve (sud). Mais le ministère public n’a rien dit sur ce qu’elles ont donné.
A priori, le civil arrêté serait l’un des auteurs du vol de Tancos. Cet ancien militaire, âgé de 45 ans, aurait décidé de rendre les munitions dérobées. Avec l’aide des trois membres de la garde nationale républicaine de Loulé, qui ont, à leur tour contacté la Police judiciaire militaire, il aurait mis en scène la découverte effectuée en octobre.
Les militaires inquiétés ont « agi avec un sentiment d’impunité et ont essayé d’empêcher que justice soit faite », explique la presse portugaise. Et le tout en s’appropriant les lauriers pour la découverte des munitions volées.