Porsche a annoncé dimanche 23 septembre devenir le premier constructeur automobile allemand à sortir du diesel. Un nouveau coup dur pour cette technologie trois ans après la découverte de l’escroquerie des moteurs truqués orchestrée par Volkswagen.
Dans l’édition du dimanche du quotidien Bild, Oliver Blume, patron de la légendaire marque de luxe, annonce vouloir se concentrer sur les moteurs essence et hybrides ainsi que dès 2019 « sur des véhicules électriques purs ».
« Nous n’avons jamais développé et produit des moteurs diesel nous-mêmes [ceux-ci provenant d’autres marques du groupe Volkswagen] mais l’image de Porsche a quand même souffert. La crise du diesel nous a créé beaucoup d’ennuis », a-t-il justifié, relevant que son entreprise ne proposait déjà plus une telle motorisation depuis février 2018, un « test » bien accueilli par sa clientèle.
M. Blume, dont la marque appartient à Volkswagen (VW), assure cependant que le diesel reste une technologie d’avenir pour d’autres constructeurs, notamment VW ou Audi, d’autres marques de son groupe automobile.
« Je considère que les moteurs diesel modernes restent attractifs et respectueux de l’environnement. Ils auront encore à l’avenir une grande importance pour l’industrie automobile », a-t-il dit, assurant que ce type de carburant a toujours joué « un rôle moins important pour [Porsche] un producteur de voitures de sport » qui table sur la puissance.
Portée symbolique
Si la marque de luxe n’a jamais placé le diesel au cœur de son catalogue, la portée symbolique de cette décision vient encore plomber le diesel dont les ventes se sont écroulées depuis l’éclatement du dieselgate à l’automne 2015.
Le numéro un mondial de l’automobile Volkswagen avait alors admis avoir équipé 11 millions de ses moteurs diesel d’un logiciel capable de fausser les tests antipollution. Le groupe a déjà dû verser plus de 27 milliards d’euros en rappels de véhicules et frais de justice, aux Etats-Unis en particulier, et des procès intentés par des actionnaires en Allemagne sont encore en cours.
Au-delà du front judiciaire, le scandale a accéléré le déclin du diesel, inventé en Allemagne et longtemps subventionné pour ses faibles émissions en CO2, un gaz à effet de serre, même s’il émet plus d’oxydes d’azote (NOX) que les moteurs à essence.
La part de cette motorisation dans les ventes de voitures neuves en Allemagne a reculé de 46 % à 33 % en trois ans, tandis que les voitures diesel risquent d’être bannies dans plusieurs villes obligées de se conformer aux normes européennes antipollution.
Mais le gouvernement allemand se démène pour sauver le diesel, produit phare d’un secteur stratégique qui emploie 800 000 personnes, et sans lequel, dit-il, les engagements en termes de lutte contre le réchauffement climatique ne pourront être respectés.
Les difficultés et le coût de la mise aux normes des moteurs truqués ainsi que la mise en place de nouveaux standards européens de tests ont néanmoins mis les constructeurs allemands au pied du mur.