Publiée en janvier, la nouvelle stratégie américaine de défense nationale ne fait plus de la lutte contre le terrorisme la première des priorités. En effet, le document insiste sur la nécessité de répondres aux « défis » posés par la Russie et la Chine, qualifiées de « puissances révisionnistes » ayant l’objectif de « créer un monde compatible avec leurs modèles autoritaires. »
Selon ce document, la Chine est accusée d’avoir recours à des « tactiques économiques prédatrices pour intimider ses voisins tout en militarisant la mer de Chine méridionale », notamment en installant des capacités d’interdiction et de déni d’accès sur des îlots et récifs appartenant aux archipels Spratleys et Paracels, lesquels font l’objet de contentieux territoriaux avec les pays riverains. En clair, il s’agit d’une politique assumée du « fait accompli ».
S’agissant de la Russie, la stratégie américaine lui reproche, entre autres choses, d’avoir « violé les frontières » de ses voisins, notamment l’Ukraine et la Géorgie.
Le constat ayant été posé, il reste maintenant à le traduire en capacités militaires. D’où le plan présenté le 17 septembre par Heather Wilson, la secrétaire de l’US Air Force, lors de la conférence annuelle de l’Air Force Association, à Washington.
« Au cours des 17 dernières années, nous avons eu le luxe d’avoir été une puissance dominante, concentrée sur la lutte contre l’extrêmisme violent », a souligné Mme Wilson. Or, a-t-elle ajouté, « nous devons être lucides sur le monde dans lequel nous vivons ». Du temps de la « Guerre Froide, le monde était bipolaire. Aujourd’hui, la situation est beaucoup plus complexe », a-t-elle fait valoir.
Aussi, dans ces conditions, l’aviation américaine « est trop petite pour ce que la Nation lui demande de faire », a estimé Mme Wilson.
Pour le général David Goldfein, le chef de l’US Air Force, il s’agit de faire face à un ensemble de « défis complexes », qui vont des opérations anti-terroristes aux cybermenaces, en passant par l’affirmation de la Russie en tant que puissance, avec la modernisation de son arsenal nucléaire et l’amélioration rapide des capacités militaires de la Chine.
Dans ces conditions, l’US Air Force doit prendre du volume. Ainsi, il est question de faire passer le nombre de ses escadrons opérationnels de 312 à 386 d’ici 2030 (soit un format en hausse de 24% environ). C’est le niveau nécessaire pour qu’elle puisse « défendre les États-Unis, fournir une dissuasion nucléaire efficace et vaincre une éventuelle menace de pays tels que la Chine et la Russie tout en gérant les menaces terroristes », a commenté le général Godfein.
À la fin de la Guerre Froide, l’US Air Force comptait 401 escadrons (dont 134 de chasse). Mais sa structure était alors différente puisque, au début des années 1990, l’on ne parlait pas de menaces cyber et de drones.