Depuis 2011, la Nasa, qui a fêté, cette année, son soixantième anniversaire, n’est plus en mesure d’envoyer des astronautes dans l’espace par ses propres moyens, les navettes spatiales qu’elle utilisait jusqu’alors ayant été mise à la retraite. Et, désormais, elle dépend des vaisseaux Soyouz, dans le cadre d’un contrat dont la validité arrivera à échéance en novembre 2019. Qui plus est, un siège à bord de la capsule russe lui coûte la bagatelle de 80 millions de dollars.
D’où son programme « Commercial Crew Development » [CCDeV, Développement commercial pour équipage], dans le cadre duquel deux projets concurrents ont été sélectionnés.
Le premier, appelé « CST-100 Starliner » [CST pour « Crew Space Transportation »], est développé par Boeing. Pouvant transporter jusqu’à 7 passagers et du fret, il comprend un module de descente pressuré et module de service, où seront stockés les équipements non nécessaires pour le retour sur terre.
Le second projet, appelé Dragon V2, est étudié par SpaceX. Ayant quasiment la même capacité d’emport que le CST-100 Starliner, ce vaisseau est largement inspiré du cargo Dragon, utilisé pour ravitailler la Station spatiale internationale (ISS).
Pour le Nasa, ce projet est inédit dans la mesure où c’est la première fois que des entreprises privées américaines fourniront des moyens pour envoyer des astronautes dans l’espace.
« Ceci est important pour notre pays, nous voulons que l’Amérique sache que nous sommes de retour, que nous faisons voler des astronautes américains dans des capsules américaines depuis le sol américain », a commenté Jim Bridenstine, l’administrateur de la Nasa, lors de la présentation des neuf astronautes (sept hommes et deux femmes) sélectionnés pour voler à bord du CST-100 Starliner et du Dragon V2.
Cela étant, tout n’est pas nouveau dans cette approche… Au début de la conquête spatiale, les astronautes étaient sélectionnés exclusivement parmi les pilotes militaires, de préférence d’essai. Ce n’est qu’en 1965 qu’un premier groupe de scientifiques (surnommé « The Scientists ») sera admis au sein de la Nasa dans l’espoir de voler dans l’espace.
Pour la reprise de ses vols habités, la Nasa a donc renoué avec cette pratique puisque les 9 astronautes qu’elle a présentés le 3 août dernier ont tous un riche passé militaire, avec un solide bagage scientifique.
Ancien pilote de F-14 Tomcat quand il était dans l’US Navy, le capitaine de vaisseau Christopher Ferguson, diplômé de génie mécanique et titulaire d’une maîtrise d’aéronautique, a rejoint très tôt la Nasa. Ce qui lui a permis d’effectuer plusieurs vols à bord des navettes spatiales, dont un en tant que commandement de bord.
Il s’occupera du programme « CST-100 Starliner » avec le colonel Eric Boe (US Air Force, 6.000 heures de vol sur 50 appareils différents et 2 voyages dans l’espace), Mme le lieutenant-colonel Nicole Mann (US Marine Corps, ex-pilote de F-18 qui a connu l’Irak et l’Afghanistan), le commandant Josh Cassada (US Navy, 3.500 heures de vol sur 40 avions différents) et la capitaine de vaisseau Sunita L. Williams (une ex-pilote d’hélicoptère de l’US Navy qui a déjà passé 322 jours dans l’espace au cours de deux missions).
Le colonel des Marines Douglas Hurley est l’astronautes le plus expérimentés parmi ceux désignés pour le programme Dragon V2. Âgé de 51 ans, il a déjà effectué deux vols à bord des navettes Endeavour et Atlantis.
Cet ingénieur et ancien pilote de F-18, qui entama sa carrière militaire dans l’infanterie de marine, sera accompagné par le commandant Victor Glover Jr. (US Navy, qui compte 24 missions de guerre à son actif aux commandes d’un EA-18 Growler et d’un F/A-18 Hornet/Super Hornet), le colonel Michael Hopkins (un pilote d’essai de l’US Air Force qui a passé 166 jours dans l’espace) et le colonel Robert L. Behnken (ex-pilote d’essai du F-22A Raptor).
Pour la petite histoire, lors de la dernière mission d’une navette spatiale américaine (STS-135), le commandant de bord était le capitaine Christopher Ferguson avec le colonel Douglas Hurley comme pilote. Les deux hommes seront donc également à la manoeuvre pour le retour des vols habités américains. Tout un symbole.
Photo : NASA/Bill Ingalls