En consacrant 22% de son budget à ses dépenses militaires, la prospère République de Singapour entretient des forces armées dont le format peu paraître disproportionné par rapport à sa superficie (720 km2) et au nombre de ses habitants (près de 6 millions).
Mais cet investissement tient à plusieurs raisons : la cité-État s’estime isolée dans un environnement plus ou moins hostile, ce qui alimente un sentiment de vulnérabilité. Même si des analystes parlent de « paranoïa », Singapour a des relations diplomatique compliquées avec la Chine, notamment au sujet de Taïwan, que Pékin considère comme une province rebelle. En outre, la sécurité maritime (lutte contre la piraterie et les trafics) ainsi que des différends territoriaux, en particulier avec la Malaisie, au sujet du détroit de Johor, sont à prendre en considération.
D’où cet effort important en matière de défense. Effort qui se traduit par une force aérienne importante, avec une centaine d’avions de combat (40 F-15 SG et 62 F-16 C/D Block 52) et quelques ravitailleurs (6 A330 MRTT commandés pour remplacer les KC-135 américains).
Avec ce budget, Singapour cherche constamment à investir dans les technologies les plus récentes afin d’améliorer les matériels de ses forces armées pour que ces dernières puissent avoir un coup d’avance pour contrer les menaces émergentes et garder leur avantage opérationnel. D’où la nécessité de remplacer ses F-16, même s’il est prévu de les monderniser à court terme.
Ces appareils « seront obsolètes en 2030, dont on a besoin de les remplacer », a fait valoir Ng Eng Hen, le ministre singapourien de la Défense, à l’occasion de la journée des forces armées de la cité-État célébré chaque 1er juillet.
Aussi, le ministre a indiqué qu’une procédure pour acquérir un nouveau type d’appareil sera lancé « dans les prochains mois ». Il « faut prendre une décision rapidement parce que la formation des pilotes et la construction des installations pour ces nouveaux modèles peuvent prendre au moins 10 ans », a-t-il expliqué. Il s’agit ainsi de « s’assurer que nous pouvons remplacer nos F-16 à temps », a-t-il ajouté.
Quant à savoir quels avions pourraient participer à cette procédure, le ministre singapourien n’a rien voulu dire, si ce n’est que le prix, la facilité de la maintenance et la capacité à travailler en réseau avec d’autres plateformes seront pris en compte.
Toutefois, si l’on se fie aux propos tenus en février dernier par le général Mervyn Tan, le chef d’état-major de la force aérienne singapourienne, le F-35B, c’est à dire la version STOVL [Short Take Off Vertical Landing] de l’avion de Lockheed-Martin, aurait une longueur d’avance. Étant la densité de la population à Singapour et le manque d’infrastructures, cette solution semble logique.
« En tant que petit pays sans profondeur stratégique, Singapour aura toujours besoin de capacités aériennes supérieures pour protéger ses intérêts et ses frontières. Par conséquent, nous avons adopté une perspective à long terme dans notre planification pour nous assurer que nous aurons toujours une flotte de chasseurs capable de défendre le ciel singapourien. Les F-5 de la RSAF [Republic of Singapore Air Force] ont été retirés après avoir atteint la fin de leur vie opérationnelle et les F-16 ont plusieurs composants clés qui sont obsolètes », avait commencé par expliquer le général Tan. Et, avait-il ajouté, « après des études approfondies, nous avons conclu que l’approche la plus rentable serait d’améliorer les F-16 pour prolonger leur durée de vie, tout en évaluant le F-35 comme un candidat potentiel pour renforcer notre force de combat et maintenir notre avantage de combat. »