Deux Véhicules blindés de combat d’infanterie (VBCI) endommagés, 4 militaires français du 2e Régiment Étranger d’Infanterie [REI] gravement touchés au point que leur état a exigé leur rapatriement via une mission stratevac, 4 tués et une vingtaine de blessés parmi la population civile malienne : tel est le bilan de l’attaque suicide commise contre une patrouille de la force Barkhane, le 1er juillet, à Gao.
Pour rappel, un véhicule rempli d’explosif [VBIED pour Vehicle Borne Improvised Explosive Devices] a foncé sur l’un des trois VBCI d’une patrouille de la force Barkhane qui lui bloquait le passage. L’explosion a causé des dégâts considérables et la bilan aurait pu être nettement plus lourd pour les militaires français s’ils avaient utilisé un autre blindé que le VBCI…
Quoi qu’il en soit, et comme l’on pouvait s’y attendre, cette attaque a été revendiquée par le Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans [GSIM ou JNIM, pour « Jamāʿat nuṣrat al-islām wal-muslimīn], une alliance de groupes jihadistes dirigée par Iyad Ag Ghali. Cette revendication a été signalée par SITE intelligence, une organisation américaine qui surveille les activités des groupes extrémistes sur Internet.
Le GSIM explique que cette attaque était un « message adressé au président Macron » avant sa visite à Nouakchott [Mauritanie] où il devait rencontrer, ce 2 juillet, ses homologues du G5 Sahel.
Pour rappel, le GSIM fédére plusieurs groupes jihadistes, dont Ansar Dine, des katibats d’al-Qaïda au Maghreb islamique [AQMI] et d’al-Mourabitoune [dont le chef, Mokhtar Belmokhtar a très propablement été éliminé lors d’une frappe française effectuée en novembre 2016, en Libye].
Cela étant, cette organisation jihadiste fait preuve d’une étonnante résilience. Ces derniers mois, la force Barkhane lui a en effet porté des coups sévères en éliminant plusieurs de ses cadres expérimentés ainsi que certains de ses « experts » en explosifs. Seulement, le GSIM a été en mesure de mener, le 2 mars, deux attaques simultanées à Ouagadougou [Burkina Faso], lesquelles ont fait 8 tués et une soixantaine de blessés.
Puis, le 14 avril, le GSIM a lancé une attaque « complexe » à Tombouctou contre la force Barkhane et la Mission des Nations unies au Mali [MINUSMA]. Enfin, ces derniers jours, et outre l’attentat suicide de Gao contre les militaires français, elle a visé le quartier général de la Force G5 Sahel à Sévaré, au Mali, selon un mode opératoire à celui qu’elle avait suivi deux plus tôt dans la « ville aux 333 saints ».
Dans son dernier rapport relatif à la situation au Mali, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a souligné la capacité du GSIM à « planifier » et à « exécuter des opérations de plus en plus complexes ». En outre, il a fait le constat que, depuis le début de l’année 2018, « le nombre d’attaques perpétrées au moyen d’engins explosifs improvisés a presque doublé par rapport à la même période en 2017 », avec un « nombre croissant de victimes parmi la population civile. »
À Nouakchott, ce 2 juillet, le président Macron a évoqué une possible redéploiement des forces militaires dans la bande sahélo-saharienne [BSS]. « Je veux évidemment avoir une pensée pour nos amis maliens suite aux attaques lâches, odieuses, des terroristes au PC de Sévaré, puis à Gao », a-t-il dit à la presse. « Plusieurs militaires français ont été blessés, ils sont en cours d’évacuation vers la France mais ce sont des civils maliens, des civils africains qui sont tués par les terroristes et qui sont les premières victimes de ces barbares que nous combattons », a-t-il fait valoir.
« Nous allons cet après-midi prendre des décisions concrètes de redéploiement de nos forces et de positionnement pour les prochains mois », a ensuite affirmé M. Macron. « Je sais toute la détermination du président [mauritanien Mohamed Ould Abdel] Aziz contre le terrorisme, il l’a montré dans son pays avec beaucoup d’efficacité et nous allons travailler ensemble à des nouvelles étapes avec nos partenaires du G5 pour faire reculer cette menace dans l’ensemble de la région », a-t-il conclu.