Après quinze mois passés en cale sèche pour son second arrêt technique majeur (ATM), le porte-avions Charles de Gaulle a quitté le bassin Vauban, à Toulon, le 16 mai. Le premier détail qui saute aux yeux est sa coque, qui, repeinte, est comme neuve.
Mais au-delà de ce côté anecdotique, le navire amiral de la Marine nationale dispose désormais d’une passerelle de défense à vue réaménagée, d’un Système d’exploitation navale des informations tactiques [SENIT 8] et de réseaux informatiques modernisés, avec une « maîtrise renforcée du risque ‘cyber' ».
Les radars du porte-avions ont été changés, le SMART S [surveillance aérienne et surface – Thales] ayant remplacé le DRJB-11B, d’une portée moindre tandis que le radar de navigation DRBN-34 a été démonté pour faire la place au SCANTER 6002. Et un nouveau système optronique multifonction, l’EOMS NG de Safran, a été installé.
Étant donné que les Super Étendard Modernisés ont été retirés du service, les bancs d’essais de ces derniers ont été remplacés par d’autres, dédiés aux Rafale, avec le souci d’optimiser l’espace disponible pour assurer la maintenance. Une nouvelle optique d’appontage IFLOLS (Improved Fresnel Lens Optical Landing System) a été installée tandis que la PFOA [plate-forme « officier d’Appontage »] a été modernisée.
Dans le même temps, le Système Automatique de TRAnquillisation et de Pilotage (SATRAP), qui compte 4 ailerons de stabilisation, 2 gouvernails et 12 trains COGITE (Compensation de la GITE), a été révisé.
Un autre gros morceau de cet ATM a concerné la propulsion du navire. Le combustible de ses deux chaufferies nucléaires a donc été remplacé » et les circuits alimentant les chaudières ont été passés au peigne fin.
« La sortie de bassin du navire est une étape sensible du fait du tonnage du bâtiment ; elle nécessite une bonne coordination de tous les acteurs sur le site. La phase suivante consiste à poursuivre à flot les travaux ainsi que les essais de bon fonctionnement des installations », précise Naval Group, qui conduit les travaux.
La dernière étape consistera à mener des essais en mer. « En premier lieu, ce sont les capacités de navigation du porte-avions qui seront validées, puis les installations liées aux aéronefs et, enfin, le système de combat », précise la Marine nationale. Et, Si tout va bien, la remontée en puissance du porte-avions se fera à l’automne prochain, afin qu’il puisse être opérationnel au début de l’année 2019.
En attendant, le groupe aérien embarqué (Gaé) continue son entraînement à bord du porte-avions américain USS George H.W Bush au large de Norfolk, dans le cadre de la mission « Chesapeake » tandis que l’équipage continue de suivre des formations relatives à la mise en oeuvre des nouveaux systèmes de navigation et de combat.
À ce sujet, la Marine nationale précise que les « formations en simulateur vont désormais davantage laisser la place aux différentes activités d’entraînement à bord avec, en perspective, la validation des qualifications de l’équipage. »
Cette refonte à mi-vie du porte-avions Charles de Gaulle, qui coûte 1,3 milliard d’euros, représente plus de 4 millions d’heures de travail, dont 1,8 million d’ingénierie et de conception. Ce chantier mobilise chaque jours plus 2.100 personnes, dont les 1.100 marins de l’équipage et 160 entreprises sous-traitantes. Près de 200.000 tâches sont à effectuer, de même que 2.000 tests et essais.
Photo : Marine nationale