L’augmentation des budgets militaires des pays membres de l’Otan est l’un des chevaux de bataille du président américain, Donald Trump. Avant d’être élu à la Maison Blanche, il avait même remis en cause la clause de défense collective de l’article 5 qui, étant la pierre angulaire du traité de l’Atlantique-Nord, n’a été activée à ce jour qu’au profit de Washington, après les attentats du 11 septembre 2001.
Du point de vue de M. Trump, pour compter sur une intervention militaire américaine en cas de crise, les Alliés de l’Otan devaient augmenter signficativement leurs dépenses militaires, en commençant par les porter à 2% de leur PIB, comme ils s’y étaient d’ailleurs engagés lors du sommet de Newport, en septembre 2014. S’il a ensuite mis de l’eau dans son vin, il n’a jamais renoncé à cette exigence.
« Pour faire face à nos défis communs, nous devons veiller à ce que les membres de l’Otan respectent leurs obligations financières et paient ce qu’ils doivent. Beaucoup de ne le font pas. […] Si d’autres pays paient leur juste part au lieu de compter sur les États-Unis pour compenser la différence, alors […] notre partenariat sera beaucoup plus fort », avait ainsi affirmé le président Trump en avril 2017.
Fin avril, le chef de la Maison Blanche a tenu des propos identiques. « Les autres pays devraient payer plus. Je ne parle pas que de l’Allemagne. Les autres pays devraient payer plus. Nous protégeons l’Europe, et cependant nous payons bien plus que tout le monde », a-t-il lancé alors qu’il venait de rencontrer Angela Merkel, la chancelière allemande. Et d’insister : « L’Otan est fantastique, mais ça aide plus l’Europe que ça nous aide. »
Cependant, plusieurs membres de l’Alliance n’ont pas attendu les injonctions de M. Trump pour accentuer leur effort de défense. Tel est le cas, par exemple, des pays Baltes et de la Pologne. Reste que, globalement, et alors que contexte sécuritaire s’est durci (menaces de la force à l’est de l’Europe, terrorisme), les dépenses militaires des Alliés sont reparties à la hausse en 2015, après des années de baisse, parfois significatives. L’an passé, elles ont même augmenté de 4,87%.
« Permettez-moi de vous remercier pour le leadership dont vous faites preuve en matière de dépenses de défense car comme il est très important que nous contribuions davantage à notre sécurité commune, cela a vraiment un impact. Vous l’avez dit, les alliés dépensent maintenant plus pour leur défense », a dit Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Otan, en s’adressant à M. Trump, lors d’un déplacement à Washington, le 17 mai.
« Est-ce que vous m’en attribuez le mérite? », l’a ensuite interrompu le président américain. « Vous avez aidé à faire cela parce que votre leadership a été important et qu’il a eu un impact réel », lui a-t-il répondu.
« Nous sommes ravis de constater que, grâce à nos efforts conjoints, l’année dernière, nous avons assisté à la plus forte augmentation des dépenses de défense parmi les États membres […] en un quart de siècle. C’est vraiment une réalisation spectaculaire », s’est par ailleurs félicité M. Trump. On avait un « gros problème » car « des pays ne payaient pas ce qu’ils étaient censés payer. Maintenant, la plupart le font [augmenter leurs dépenses militaires, ndlr]. Pas tous. Mais je pense que vous serez capable de gérer ceux qui ne le font pas », a-t-il dit à M. Stoltenberg.
Le président américain a ensuite remercié les 7 pays de l’Otan qui, en plus des États-Unis, respectent l’objectif des 2% du PIB en matière de dépenses militaires, comme la Pologne, la Roumanie, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Grèce et le Royaume-Uni. En revanche, il s’en est pris de nouveau à l’Allemagne, dont le budget militaire ne représentera que 1,3% de son PIB en 2020.
« L’Allemagne doit faire preuve de leadership au sein de l’Alliance en s’attaquant à son déficit de longue date en matière de contributions à la défense. L’Allemagne n’a pas contribué à la hauteur de ce qu’elle aurait dû apporter », a critiqué M. Trump. « En plus de cela, a-t-il continué, ils [les Allemands] achètent d’énormes quantités de gaz en provenance de Russie et paient des milliards et des milliards de dollars. Donc, je pense que c’est quelque chose dont nous discuterons plus tard. »
Cela étant, grâce à la hausse des budgets militaires de ses membres, « l’Otan est beaucoup plus forte, recevant des milliards et des milliards de dollars », a fait valoir M. Trump. « Mais […] il reste du travail à faire. Nous attendons toujours que 20 États membres honorent leurs engagements envers l’Otan et consacrent au moins 2% de leur budget à la défense. Et 2% est un chiffre très faible. Le chiffre devrait vraiment être de 4% », a-t-il ensuite estimé.
Quoi qu’il en soit, M. Trump a réaffirmé l’attachement des États-Unis à l’article 5 du traité de l’Atlantique-Nord. Dans les faits, cela devrait se traduire par une hausse de 2 milliards de dollars de l’enveloppe destinée à l’European Deterrence Initiative [EDI, qui qui remplace l’European Resassurance Initiative, ndlr]. Selon les documents budgétaires, il est en effet question de porter son montant à 6,531 milliards de dollars, afin d’améliorer le prépositionnement des équipements et de financer le renforcement ainsi que les rotations des unités américaines.
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