Après les frappes françaises, américaines et britanniques contre le programme syrien d’armes chimiques, la Russie fit part de son intention de livrer à la Syrie 6 batteries S-300 et 144 missiles intercepteurs du système de défense aérienne S-300, lesquels furent commandés par Damas en 2010 mais dont la fourniture avait été suspendue par Moscou en 2013.
« Nous avions des engagements moraux, nous avions promis de ne pas le faire […] à la demande de nos partenaires que vous connaissez bien, et nous avons pris en compte leurs arguments selon lesquels cela pourrait déstabiliser la situation, bien que ce moyen soit purement défensif, mais néanmoins nous avons exaucé leurs demandes; à présent, nous n’avons plus cet engagement », avait en effet déclaré Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, le 20 avril dernier.
Étant donné que les forces israéliennes interviennent régulièrement en Syrie pour interdire tout transfert d’armes vers le Hezbollah ou, comme cela a été le cas dans la nuit du 9 au 10 mai, pour riposter contre la présence militaire iranienne sur le territoire syrien, l’annonce faite par M. Lavrov suscita immédiatement une ferme réaction en Israël.
« Si des systèmes d’armes russes sont utilisés contre nous en Syrie, nous agirons contre eux » et « si quelqu’un tire sur nos avions, nous allons les détruire », déclara alors Avigdor Lieberman, le ministre israélien de la Défense.
Pour Israël, il importe de disposer de la plus grande marge de manoeuvre possible en Syrie. Et, d’ailleurs, depuis que les forces russes y ont lancé leurs opérations, en septembre 2015, les chasseurs-bombardiers israéliens n’ont jamais été inquiétés par les systèmes de défense aérienne russes. En réalité, les deux états-majors ont établi une ligne directe afin de communiquer sur leurs missions respectives.
Alors que le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a été invité à assister à la parade militaire organisée à Moscou pour la commémoration du 73e anniversaire de la » Grande Guerre patriotique », le 9 mai, la livraison des S-300 à la Syrie semble désormais incertaine.
« Pour l’instant, il n’est pas question de livraison de nouveaux systèmes modernes (de défense aérienne à la Syrie). […] L’armée syrienne a déjà tout ce dont elle a besoin », a déclaré, dans les colonnes du journal Izvestia, Vladimir Kojine, le conseiller du président Vladimir Poutine pour la coopération militaire avec les pays étrangers.
Ces propos vont dans le sens de ceux tenus par M. Netanyahu, peu après sa rencontre avec Vladimir Poutine. « Il est peu probable que la Russie essaye de limiter les opérations militaires qu’Israël mène en Syrie », a-t-il dit. Et « vu ce qu’il se passe en Syrie actuellement, il est nécessaire de garantir la poursuite de la coordination miliaire entre l’armée russe et les Forces de défense d’Israël », a-t-il ajouté.
Cependant, le Kremlin a réfuté tout revirement dans cette affaire. « Nous n’avons jamais annoncé de livraison (de S-300 à la Syrie) », a dit Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin. « Nous avons simplement déclaré qu’après les frappes (occidentales), la Russie se réservait évidemment le droit de faire tout ce qu’elle jugerait nécessaire », a-t-il ajouté.