Brexit oblige, l’état-major des opérations navales de l’Union européenne, actuellement installé à Northwood, au Royaume-Uni, va devoir trouver un autre point de chute. Si l’Italie est sur les rangs, c’est l’Espagne qui pourrait peut-être tirer les marrons du feu.
« L’offre espagnole est un quartier général pour tous les types de missions » et « avec le Brexit, l’UE se retrouve privée d’un QG de ce type consacré à l’opération Atalanta », a en effet expliqué l’amiral Antonio Martorell Lacave, lors d’un entretien donné à l’AFP à bord du porte-hélicoptères Juan Carlos I.
Pour rappel, l’opération Atalanta a été lancée par l’Union européenne en 2008 afin de lutter contre la piraterie maritime au large de la Somalie et dans l’océan Indien. Depuis, la marine espagnole (Armada) y a contribué de manière permanente, en déployant 33 navires en 10 ans ainsi qu’un avion de patrouille maritime P-3M Orion à Djibouti.
Pour démontrer ses capacités en matière de commandement et de planification, l’Espagne avait convié des représentants de pays membres de l’UE et de la commission européenne à assister, le 23 avril, aux manoeuvres MILEX18, organisées pendant une semaine à la Rota. L’un des exercices prévoyait la libération d’un bateau de pêche capturé par des pirates dans un « scénario maritime plus compliqué qu’Atalanta » et qui « couvrait tous les aspects de la planification d’une opération au niveau stratégique », selon l’amiral Martorell.
Pour la ministre espagnole de la Défense, María Dolores de Cospedal, transférer le commandement de l’opération Atalanta à Rota serait une « une reconnaissance de l’engagement de l’Espagne dans la politique de sécurité et de défense de l’UE. »
Dans cette affaire, la France et l’Espagne font cause commune. En effet, la ministre des Armées, Florence Parly, a appuyé la candidature espagnole auprès de Federica Mogherini, la Haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. En échange Madrid soutient Paris pour que soit implanté à Brest le « Maritime Security Centre for the Horn of Africa (MSC HoA). »
Cependant, comme l’a indiqué une porte-parole de la Commission européenne, l’opération Atalanta restera sous l’autorité du QG de Northwood jusqu’en mars 2019 (date du Brexit). D’ici-là, rien ne dit qu’elle sera prolongée, son mandat devant être renouvelé le 31 décembre prochain. Or, le nombre d’actes de piraterie au large de la Somalie relève désormais de l’anecdote, avec seulement 7 cas recensés en 2017 (et un seul depuis le début de cette année).
En revanche, Sophia, l’autre opération navale européenne conduite en Méditerranée centrale pour « casser » le modèle économique des trafiquants libyens de migrants ne risque pas de s’arrêter de sitôt. Or, elle est commandée depuis Rome. Ce qui donne un argument supplémentaire aux Italiens pour récupérer le QG de Northwood.