« Tous les actes et tous les stratagèmes visant à diviser la Chine sont voués à l’échec et s’exposeront à la condamnation populaire et à la punition de l’Histoire », avait lancé, en mars, Xi Jinping, le président chinois, en évoquant le sort de l’île de Taïwan, considérée par Pékin comme étant une province rebelle.
Et, alors que le groupe aéronaval chinois conduit des « exercices de combat » en mer de Chine, la chaîne de télévision officielle CCTV a diffusé une vidéo qui ne souffre d’aucune ambiguïté. Ainsi, sur des images de bombardiers H-6, Taiwan est qualifiée de « coeur de la patrie ». Et le message se veut limpide : « Pas même un pouce de notre patrie ne peut être séparé de la Chine! ».
Depuis maintenant plusieurs mois, Pékin accentue la pression sur Taipeh dans la mesure où, depuis l’élection de M. Trump à la Maison Blanche, l’administration prend davantage de libertés à l’égard du concept d’une « seule Chine ». Ainsi, Washington songerait à aider Taïwan à développer ses propres sous-marins et certains élus du Congrès usent de leur influence pour que soit autorisée la vente d’avions F-35B aux forces taïwanaises. Et c’est sans compter sur d’autres mesures législatives, comme celles permettant désormais aux navires de l’US Navy de rendre visite à l’ex-Formose.
Aussi, la semaine passée, la Chine a envoyé un nouvel avertissement sans frais à Taipeh, en conduisant des manoeuvres avec des « tirs réels » dans le détroit de Taiwan.
Pour autant, selon un sondage de la Taiwanese Public Opinion Foundation, l’opinion publique taïwanaise ne semble pas préoccupée outre mesure par ces tensions. Ainsi, 64,5% des personnes interrogées pensent qu’une attaque chinoise n’est pas « très probable ». Et 86,1% estiment que les exercices de l’Armée populaire de libération (APL) dans le détroit de Taïwan « ne servent pas à améliorer » les relations entre Taïpeh et Pékin.
Cela étant, ce sondage donnent d’autres chiffres qui peuvent inquiéter l’état-major taïwanais. En effet, 65,4% des sondés ne font pas confiance à leurs forces armées pour repousser une éventuelle invasion chinoise. Et 41% ont des doutes sur un soutien américain si un tel scénario devait se jouer. Enfin, 23,8% sont favorables à l’unification avec la Chine. Quelle serait leur conduite si Pékin décide d’envahir Taïwan?
Quoi qu’il en soit, et pour la seconde fois de l’année, les forces taïwanaises vont mener des exercices simulant une « invasion » chinoise en juin prochain.
Appelées « Han Kuang », ces manoeuvres sont organisées tous les ans. Là, leur « but principal » sera de « faire échouer tout opération militaire communiste visant à envahir Taïwan » a résumé Chen Chung-chi, le porte-parole du ministère taïwanais de la Défense. Cette année, « nous prenons en considération les mouvements aériens et navals chinois dans la région », a-t-il ajouté.
Un tel scénario n’était pas à l’honneur lors des éditions précédentes de Han Kuang, sauf peut-être en 2017, où il était question d’un blocus de Taïwan par trois porte-avions chinois et de l’attaque d’une base aérienne (celle Ching Chuan Kang, en l’occurrence).
Pour l’édition 2018, qui aura lieu en deux temps (30 avril et 4 mai pour un exercice de commandement par ordinateur et du 4 au 8 juin) Han Kuang va également innover en mobilisant des unités relevant du ministère taïwanais de l’Intérieur, dont l’administration de la Garde côtière.
Il sera également fait appel à des drones civils, lesquels seront employés à « surveiller » e à « désigner » les cibles. En outre, les opérateurs de télécommunications (civils) vont également être sollicités, de même que des entreprises de génie civil, qui auront à réparer des pistes d’aviation endommagées par des frappes aériennes. « Ce n’est pas seulement les soldats qui doivent protéger le pays. Tout le monde en a la responsabilité puisque notre budget de la défense est limité », a fait valoir M. Chen.