Le 21 avril, deux hommes à moto, ayant une « allure européenne » selon des témoins, ont attendu que Fadi El-Batch, un enseignant en ingénierie électrique membre du Hamas, sorte de son domicile, à Kuala Lumpur (Malaisie), pour lui tirer plusieurs balles dans la tête.
Plus tard, le vice-Premier ministre malaisien Ahmed Zahid Hamidi a précisé, à l’agence officielle Bernama, que Fadi El-Batch était également un « spécialiste en fabrication de roquettes » ayant des liens avec les services de renseignement d’un « pays considéré comme un ennemi d’Israël. »
Aussi, la piste d’une action menée par le Kidon, c’est à dire le service action du Mossad, le service de renseignement israélien, a été rapidement évoquée. Non pas par le Hamas mais par la famille d’El-Batch.
« Le Mossad est derrière » cet assassinat, a-t-elle affirmé, avant de demander aux autorités malaisiennes de « trouver les suspects avant qu’ils ne prennent la fuite » et de faciliter le transfert de la dépouille d’El-Batch à Jabaliya, dans la bande de Gaza.
Le Hamas, par la voix de son chef, Ismaïl Haniyeh a ensuite rappelé que le Mossad avait déjà tenté d’assassiner des « scientifiques palestiniens » et que l’attaque contre Fadi el-Batch est « du même ordre ».
En décembre 2016, le Hamas avait également accusé le Mossad d’avoir assassiné, à Sfax [Tunisie], Mohamed Zouari, un ingénieur de 49 ans spécialiste des drones membre des Brigades Ezzedine Al-Qassam, c’est à dire la branche militaire de l’organisation islamiste palestinienne.
Par le passé, de nombreux assassinats de scientifiques travaillant pour le Hamas, le Hezbollah et l’Iran ont été attribués au Mossad. Ce qu’Israël a toujours nié.
Le cas Fadi El-Batch n’échappe pas à la règle. Ce 22 avril, le ministre israélien de la Défense, Avigdor Lieberman, a démenti toute implication israélienne. « Nous avons appris la nouvelle. Les organisations terroristes accusent Israël de tous les assassinats, nous avons l’habitude », a-t-il affirmé, estimant que le scientifique avait été victime d’un différend interne au Hamas. « L’homme n’était pas un saint et ne travaillait pas dans l’amélioration des infrastructures à Gaza – il travaillait sur la précision des roquettes », a-t-il ajouté.
Reste qu’il est arrivé que le Kidon se fasse prendre la main dans le sac, comme à Dubaï, en janvier 2010. À l’époque, l’un des fondateurs des brigades Ezzedine Al-Qassam, Mahmoud al-Mabhouh, avait été assassiné à l’hôtel Rotana. Mais l’équipe du Mossad, utilisant de faux passeports de pays européens, fut identifiée par la police de Dubaï, ce qui provoqua des complications diplomatiques.