En 2006, plusieurs membres de l’Otan, dont la France, attribuèrent le marché dit SALIS (Solution intérimaire pour le transport aérien stratégique) à une co-entreprise appelée Ruslan SALIS GmbH, créée par le groupe russe Volga-Dnepr et la compagnie ukrainienne Antonov Airlines. L’idée était alors de remédier aux lacunes en matière de transport aérien stratégique en affrétant des avions « hors gabarit » de type Antonov An-124-100.
Dans le cadre du contrat SALIS, les pays affréteurs (rejoints par la suite par la Suède et la Finlande, non membres de l’Otan) s’engagèrent à louer des avions auprès de Ruslan SALIS Gmbh pour un minimum de 2.000 heures de vol par an (limite portée à 2.450 heures en 2014). En retour, le prestataire devait mettre à leur disposition 6 AN-124, dont 2 sur préavis de 6 jours et 2 autres sur préavis de 9 jours. En outre, d’autres types d’appareils (IL-76, AN-225) pouvaient être utilisés en fonction de leur disponibilité.
Prévu initialement pour ne durer que trois ans, le contrat SALIS a été régulièrement été reconduit. En décembre 2016, Ruslan SALIS Gmbh annonça la cessation de ses activités en raison du « divorce » entre Volga-Dnepr et Antonov Airlines [Antonov DB]. Dès lors, le marché allait se partager entre les anciens partenaires.
Le contrat SALIS expirant à la fin de cette année, la question d’une nouvelle prolongation se pose. Seulement, ce sera sans Volga-Dnepr. Le 18 avril, le groupe russe a en effet officiellement annoncé qu’il ne participerait pas au prochain appel d’offre lancé par l’Otan « dans sa configuration actuelle. » Et d’expliquer qu’il se retire « progressivement du transport militaire. » A priori, les sanctions américaines contre Moscou motiveraient cette décision.
L’Otan a immédiatement réagi à cette annonce en affirmant « travailler avec les pays du contrat SALIS pour explorer des options correspondant à leurs besoins aériens à partir de janvier 2019 ». Désormais, seule la compagnie ukrainienne Antonov DB est en piste. Seulement, sa fiabilité est sujette à caution et ses tarifs seraient plus élevés que ceux de Volga-Dnepr.
Évidemment, et comme l’avait souligné le député François Cornut-Gentille dans un rapport remarqué sur le transport aérien stratégique, le retrait de Volga-Dnepr du marché SALIS est un coup dur pour les forces françaises, grandes utilisatrises des An-124. En outre, ces dernières ont également recours à la procédure dite « à bons de commande », dont le marché, régulièrement attribué à la société ICS (International Chartering Systems) jusqu’en décembre 2017, fait actuellement l’objet d’une enquête du Parquet national financier.
Cela étant, l’Otan a lancé une autre initiative qui, appelée « Capacité de transport stratégique » (SAC) repose sur l’acquition d’avions américains C-17 (d’une capacité de 77 tonnes), mis en oeuvre par l’escadre de transport lourd (HAW) basé à Pápa, en Hongrie. Dix membres de l’Alliance en font partie (Bulgarie, Estonie, Hongrie, Lituanie, Pays-Bas, Norvège, Pologne, Roumanie, Slovénie et États-Unis) ainsi que deux pays partenaires (Finlande et Suède).
Des solutions pour compenser le retrait de Volga-Dnepr existent. Par exemple, il est possible d’augmenter le nombre de C-17 exploités au titre de la SAC. Voire d’acquérir (ou de louer) des gros porteurs C-5 Galaxy américains.