Trump lance des frappes ciblées en Syrie avec la France et le Royaume-Uni
Une riposte militaire commune pour punir le régime de Bachar al-Assad après l'attaque chimique présumée contre des civils à Douma.
AFP/Getty Images Donald Trump à Washington le 13 avril 2018. SYRIE - Les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni ont mené ce samedi 14 avril des frappes ciblées contre la Syrie pour punir le régime de Bachar al-Assad accusé par Donald Trump d'avoir mené des attaques chimiques "monstrueuses".
Au moment même où le président américain s'exprimait depuis la Maison Blanche, des détonations étaient entendues à Damas, marquant un nouveau chapitre dans ce pays ravagé par une guerre sanglante qui dure depuis sept ans.
Selon un correspondant de l'AFP sur place, plusieurs explosions successives ont été entendues suivies par des bruits d'avions tandis que des colonnes de fumée s'élevaient du nord-est de la ville.
"J'ai ordonné aux forces armées des Etats-Unis de lancer des frappes de précision sur des cibles associées aux capacités du dictateur syrien Bachar al-Assad en matière d'armes chimiques", a lancé Donald Trump. "Une opération combinée est désormais en cours avec la France et le Royaume-Uni, nous les remercions tous les deux", a-t-il ajouté.
La défense anti-aérienne syrienne est entrée en action contre "l'agression américaine, britannique et française", a rapporté la télévision d'Etat syrienne. Le régime syrien a jugé que cette opération militaire constituait une violation "flagrante" du droit international et était "vouée à l'échec".
La Russie, soutien indéfectible du régime de Damas, a vivement réagi par la voix de son ambassadeur aux Etats-Unis, Anatoli Antonov. "Nos mises en garde n'ont pas été entendues", a-t-il estimé, jugeant que ces frappes étaient une "insulte" au président russe Vladimir Poutine.
Pas de pertes américaines
Selon le général Joe Dunford, chef d'état-major américain, les forces occidentales ont visé samedi à 3 heures (heure de Paris, 4h en Syrie), trois cibles liées au programme d'armement chimique syrien, l'une près de Damas et les deux autres dans la région de Homs, dans le centre de la Syrie. Il a précisé qu'aucune autre opération militaire visant la Syrie n'est prévue à ce stade.
Selon lui, les alliés ont pris soin d'éviter de toucher les forces russes, massivement présentes dans le pays, mais que Moscou n'avait pas été averti à l'avance des cibles choisies.
"Il est clair que le régime Assad n'avait pas reçu le message l'an dernier", a déclaré le ministre américain de la défense Jim Mattis, rappelant la frappe américaine d'avril 2017 sur la base militaire d'Al-Chaayrate, près de Homs, après une autre attaque à l'arme chimique imputée à Damas.
"Nous avons été très précis et la réponse était proportionnée, mais, en même temps, ce fut une frappe lourde", a-t-il ajouté, précisant que les forces américaines avaient employé deux fois plus de munitions que l'an dernier. Aucune perte américaine n'a été rapportée lors de l'opération, selon le Pentagone.
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), des centres de recherche scientifique, "plusieurs bases militaires" et des locaux de la garde républicaine à Damas et ses environs ont été pris pour cibles.
De Londres, la première ministre britannique Theresa May a affirmé qu'il n'y avait "pas d'alternative à l'usage de la force", assurant que "tous les recours diplomatiques" avaient été explorés, en vain.
Le ministère britannique de la Défense a annoncé avoir frappé, à l'aide de quatre avions de chasse Tornado GR4 de la Royal Air Force, un "complexe militaire" près de Homs, à l'ouest de la Syrie. Il a parlé d'une opération "couronnée de succès".
Moscou a "trahi ses promesses"
Depuis Paris, le président français Emmanuel Macron a souligné que les frappes françaises étaient "circonscrites aux capacités du régime syrien permettant la production et l'emploi d'armes chimiques". "Nous ne pouvons pas tolérer la banalisation de l'emploi d'armes chimiques", a-t-il martelé.