Du passé, la Bundeswehr [forces armées allemandes, ndlr] veut faire table rase. Après la polémique née de la découverte, l’an passé, de reliques de la Wehrmacht [nom de l’armée allemande sous le régime nazi] dans la caserne occupée par le Jägerbatallion 291 à Illkirch-Graffenstaden, près de Strasbourg, Ursula von der Leyen, la ministre allemande de la Défense, fit part de son intention lancer un « processus de clarification » sur les traditions militaires du pays.
Parmi les mesures envisagées, il était question de « rebaptiser » un certain nombre de casernes évoquant le IIIe Reich, à commencer par celles portant le nom du maréchal Erwin Rommel, le chef de l’afrikakorps qui s’était suicidé en 1944 après avoir été menacé pour sa proximité avec les officiers ayant conspiré contre Hitler.
Mais la première caserne qui vient de changer de nom ne portait pas celui d’Erwin Rommel.
La caserne « Emmich-Cambrai », appelée ainsi en référence au général prussien Otto von Emmich, qui joua un rôle de premier plan dans l’offensive allemande contre la Belgique en 1914, et à la ville de Cambrai, théâtre d’une bataille sanglante trois ans plus tard, la caserne implantée à Hanovre, est devenue, ce 28 mars, la « Hauptfeldwebel Lagenstein Kaserne », en l’honneur (et à la mémoire) de l’adjudant-chef Tobias Lagenstein.
Ce sous-officier de 31 ans, avait été tué en Afghanistan lors d’un attentat ayant visé, en mai 2011, le général Mohammed Daud Daud, un chef de la police afghane.
« Cultiver les traditions signifie établir des modèles pour aujourd’hui et demain. L’adjudant-chef Tobias Lagenstein en est un exemple et je ne pouvais pas m’imaginer un meilleur nom pour cette caserne », a déclaré, à cette occasion, Mme von der Leyen.
D’après la presse d’outre-Rhin, ce changement de nom a été fait à la demande des soldats allemands affectés à l’ex-caserne « Emmich-Cambrai ».
Cela étant, Mme von der Leyen a profité de l’occasion pour confirmer la révision d’un arrêté pris en 1982 afin d’encadrer les traditions de la Bundeswehr. « Justement parce que les défis changent si vite aujourd’hui, nous avons besoin d’une compréhension commune de notre passé », a-t-elle dit. Selon le texte, « ni la Wehrmacht, ni l’ancienne armée de la RDA [ex-Allemagne de l’Est, ndlr] ne peuvent être des modèles » pour les militaires allemands.