Combat du Commando TOTEM ORANGE
Combat du Commando TOTEM ORANGE, commandé par le capitaine CLEDIC
par Jacques Laporte, sous-lieutenant, commandant la 2e section
Dans la nuit du 17 octobre 1959, la 2e section du commando Totem Orange,
aux ordres du S/Lt LAPORTE avec pour adjoint le sergent-chef MILLAVAUD,
se place en embuscade sur une ligne qui s'étire sur un kilomètre environ,
calée dans une barre rocheuse.
L'embuscade est levée à 4H30 du matin
et les hommes restent sur place par petits groupes de six à sept paras
,soigneusement camouflés, immobiles et avec un silence radio absolu,
en "chouf" pour surveiller tout le secteur.
La 2e section est sur la côte 1811,
face à l'Est/Sud-Est; la 3e section du S/Lt ROBERT
et la section Commandement sont sur la côte 1829 face à l'Est/Nord-Est.
La matinée se passe tranquillement,
ne serait-ce des bruits de voix qui montent du fond de l'Oued Djouf.
Vers 13H la 2e section signale d'abord deux hommes,
puis cinq,
montant du fond de l'oued.
Le capitaine CLEDIC signale le fait dés le début
au secteur de Geryville qui veut faire intervenir la chasse.
mais devant le peu d'ampleur de l'objectif, CLEDIC refuse.
Le secteur alerte l'Etat Major Tactique 2 et décide de déclencher l'opération.
Un bref tir d'artillerie est ordonné,
donnant l'alerte aux fells.
Dès lors, une grande agitation règne dans leurs rangs.
La 6e Compagnie Portée de la Légion Etrangère
se transporte en véhicules au village de Stetten
où elle arrive vers 15H30.
La 3e Compagnie Portée de la Légion Etrangère
démarre une heure plus tard pour se porter vers le Djebel Krel.
Une quinzaine de fells sont repérés à 450 m
environ de la 2e section, puis c'est la valeur d'une section,
jusque là cachée par la ligne de crête,
qui s'élance au plus vite vers les sommets
pour essayer de tenir les hauts et basculer ensuite à l'abri de l'autre côté
pour rejoindre le reste de leur groupe.
La 6e Compagnie Portée
de la Légion Etrangère progresse dans l'Oued Djouf.
La 3e Compagnie Portée de la Légion Etrangère
commence à grimper depuis son point de débarquement.
Voyant la manoeuvre rebelle, le capitaine CLEDIC
ordonne à la 2e section de regrouper ses postes de guet
et de grimper rapidement pour arriver avant les fells au sommet.
Les paras s'allègent, laissant l'essentiel de leurs équipements
à la garde de deux hommes,
ne conservant que l'eau et les munitions,
pour entamer d'abord une descente effrénée 300 mètres
plus bas avant de remonter en courant les 400 mètres de dénivelé.
Une course de vitesse éreintante s'engage entre les adversaires.
Vers 17H15 les paras arrivent les premiers.
Pendant ce temps le capitaine CLEDIC et son PC se sont déplacés
pour se porter sur une falaise et la 1e section a suivi
pour y déposer à son tour ses sacs et partir à l'aide de la 2e section.
Laissant une pièce en appui au sommet
avec mission d'appuyer la voltige pour lui éviter d'être prise à revers,
la 2e section redescend en courant à la rencontre de l'ennemi.
A 17H15 le feu est engagé, les rebelles tirant à 50 mètres.
La 2e section manoeuvre et se trouvant placée à 40 mètres
d'un FM MG34, ne peut déboucher.
Vers 18H10, le caporal Gilbert CARABALLO,
chef d"équipe GV, est blessé et tenu sous le feu du FM.
La section concentre ses tirs pour le protéger.
Un 2e FM se dévoile et cloue les voltigeurs qui cherchaient à déborder
les fells par le Nord.
Durant ce temps la 6e Compagnie Portée
grimpe par le col et la 3e Compagnie Portée bloquée par des tireurs retranchés
dans les falaises, tire au mortier mais doit vite cesser le tir,
les coups tombant sur la 2e section.
Peu après, la 1e section a rejoint la 2e section et l'appuie.
Alain LEROUGE parachutiste de la 1e section est blessé
d'une balle au cou.
Le caporal Jean-Jacques KIENER qui a réussi à s'approcher
de CARABALLO et commence à lui apporter les premiers soins,
est gravement blessé.
Une demande d'évacuation est faite vers 18H30.
Une équipe de la 2e section a enfin réussi à mettre à l'abri le caporal CARABALLO.
Vers 18H50, trois B 26 apparaissent mais ne peuvent intervenir
à cause de la nuit tombante et du contact rapproché entre la 2e section et les fells.
Profitant de l'ombre vers 19H15, les rebelles décrochent vers le Nord.
Les blessés sont récupérés et portés vers la côte 2008.
Le commando n'a aucun moyen d'évacuation,
même pas une toile de tente et de toute façon il faut tenir la côte 2008.
A 19H30 le combat est terminé;
le capitaine CLEDIC rejoint ses 2 sections sur 2008,
la Commandement étant restée à la garde des sacs.
A 23H les blessés ne sont toujours pas évacués.
C'est à ce moment qu'arrive la 6e Compagnie Portée,
il fait un froid terrible à 2000 mètres d'altitude.
Les blessés sont laissés à la charge des légionnaires
qui balisent et sécurisent une DZ.
Le Commando Orange redescend vers son point de départ.
Durant la descente les légionnaires signalent le décès du caporal KIENER,
puis celui du parachutiste LEROUGE.
Le caporal CARABALLO ne sera évacué qu'au matin.
A minuit la 2e section s'installe à son point de départ,
la côte 1811,
et la 1e section rejoint la section de Commandement pour terminer la nuit.
Au petit jour le commando Orange procède à la fouille
de l'emplacement de bivouac des fells.
Chez l'ennemi les pertes sont de 4 tués,
3 prisonniers dont un chef de section trouvés
par la 6e Compagnie Portée de la Légion Etrangère.
De ce combat, 2 constatations sont à retenir:
1- L'excellent comportement des jeunes appelés dont c'était pour beaucoup le baptême du feu.
2- Le retard inadmissible dans l'évacuation des blessés,
cause probable de leur mort,
alors qu'une zone de poser d'hélicoptères avait été aménagée.
note de Brétirouge.
Il ne faut jamais négliger l'importance de la force ennemi, et signaler quelques fell sans importance et une faute d’appréciation du commandement !