Lors de sa visite au siège de Dassault Aviation, à Saint-Cloud, pour évoquer le Plan d’Étude Amont « Man-Machine-Teaming » destiné à imaginer les technologies de l’intelligence artificielle nécessaires à l’aviation de combat du futur, la ministre des Armées, Florence Parly, a profité de l’occasion pour confirmer la création prochaine d’une agence de l’innovation de défense, inspiré de la Darpa (Defense Advanced Research Projects Agency), l’agence du Pentagone spécialisée dans la recheche et le développement de technologies à usage militaire.
La création d’une telle structure avait été évoquée lors des auditions de Mme Parly et du Délégué général pour l’armement (DGA), Joël Barre, devant les parlementaires. À Saint-Cloud, la ministre a donné des précisions supplémentaires.
« Cette agence devra être ouverte, accueillante, largement tournée vers le monde civil » et « inventer de nouveaux modes d’interventions du ministère, de nouveaux outils, notamment pour favoriser les expérimentations rapides », a expliqué Mme Parly. « Elle complètera ainsi les nouveaux dispositifs » comme « Def’Invest, fonds de capital risque dans les PME de défense qui
devrait annoncer bientôt son premier investissement » et « Defense Lab », qui « deviendra un des poumons de l’innovation dans le ministère », a-t-elle ajouté.
Avec le milliard d’euros que prévoit d’affecter aux études amont le projet de Loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025, cette nouvelle agence aura à « piloter l’innovation du ministère dans une logique de portefeuille, sans peur de l’échec, sans aversion au risque », en nouant des « partenariats avec les écosystèmes les plus innovants, dans le domaine académique, entrepreunarial, mais aussi intraprenarial car l’innovation interne et externe sont désormais indissociables », a fait valoir Mme Parly. Elle devra aussi « diffuser de nouvelles pratiques, notamment en matière d’achats. »
Enfin, cette future agence de l’innovation se tournera vers l’Europe, afin de tirer « pleinement partie des l’opportunité formidable qu’est aujourd’hui le fonds européen de défense et que sera demain l’agence européenne de l’innovation de rupture », a continué la ministre.
Dans ces domaines où l’on « n’a jamais fini d’apprendre » et où il y a « encore tant d’opportunités à découvrir, de champs à défricher », la France ne manque pas d’atouts. Et l’objectif de cette agence de l’innovation de Défense est justement de les jouer, comme le font d’ailleurs les Britanniques avec les leurs, avec l’Innovation and Research Insights Unit [IRIS], une structure lancée en 2016 avec un budget de 800 millions de livres.
« Dans cette course où les intérêts économiques, technologiques et stratégiques se rejoignent, la France ne peut pas rester impassible. Nous devons entrer dans cette course et y entrer pleinement » car elle a « tous les atouts pour réussir : elle a les meilleures écoles, les meilleures universités, des centres de recherche exceptionnels, un tissu industriel riche et divers. Elle a aussi cet état d’esprit aventurier, audacieux, impertinent », a souligné Mme Parly. « On le dit souvent, mais si le mot ‘entrepreneur’ est français, ce n’est pas sans raison », a-t-elle rappelé.