Etats-Unis : pour un soldat mort au combat, 10 vétérans se suicident
Par Frédérique Harrus@GeopolisAfrique 1
Province de Nangarhar (Afghanistan),
le 30 août 2015. Patrouille de soldats américains en collaboration avec
l'armée nationale afghane dans une opération anti-taliban sous l'égide de l'Otan.
© AFP PHOTO / Noorullah Shirzada
Un rapport sur le suicide des vétérans a semé émoi et confusion aux Etats-Unis.
Des chiffres (bien que partiels) du ministère américain des Anciens combattants
ont révélé des taux de suicide très élevés chez les hommes
et totalement alarmants chez les femmes militaires.
Revue des multiples causes envisagées pour tenter d'expliquer,
sinon de comprendre, le phénomène.
22 suicides par jour ! Quand les dernières guerres des Etats-Unis ont coûté la vie à 4488 soldats,
la vie civile a vu le suicide de 43.208 hommes et femmes anciens combattants sur 10 ans...
Pour un mort sur le terrain, près de 10 anciens combattants se sont donné la mort???.
Cette moyenne du nombre de décès quotidiens de vétérans a fait frémir l'Amérique quand elle l'a appris.
Près de 950 tentatives par mois.
L'étude du Department of veterans affairs (l'équivalent du ministère des Anciens combattants, NDLR) de 2012 portait sur 21 Etats.
A cette étude, ont été rajoutées les statistiques de deux autres Etats et les particularismes des femmes ayant servi sous les drapeaux. Ainsi, elle montre que 173.969 suicides sont survenus dans 23 Etats de 2000 à 2010. Et, quand le taux de suicide national est de 20,9 pour 100.000 hommes, il grimpe à 32,1 chez les vétérans. Une hausse importante qui pose question.
Mais là où les chiffres deviennent effrayants,
c'est quand on constate que le taux de suicide national qui n'est que de 5,2 pour 100.000 femmes, explose à 28,7 pour 100.000 femmes vétérans.
Ce chiffre montre que ces dernières se suicident plus que les hommes civils, et leur taux de suicide avoisine celui de leurs collègues anciens combattants.
Mieux, alors que les (proportionnellement peu de) femmes qui attentent à leurs jours utilisent généralement des médicaments, les femmes vétérans ont recours aux armes à feu, comme leurs homologues masculins.
«Nous avons dû rater quelque chose, que nous voyons maintenant»,
dit Michael Schoenbaum, un épidemiologiste et chercheur sur le suicide militaire à l'Institut national de santé mentale, qui n'a pas participé à l'étude.