Depuis trois semaines, Mayotte fait part de sa colère au travers d’une grève générale, et se sent comme un territoire oublié de la République. Devenu le 101e département français en 2011, l’île doit faire face aux défis d’une immigration clandestine venue des Comores voisines, et d’un taux de natalité record.
La visite de la ministre des Outre-mer Annick Girardin, lundi, n’a pas suffi à apaiser les tensions qui s’expriment depuis trois semaines à Mayotte. Cette île de l’océan Indien, au statut de département français, est dans une situation paradoxale. Comparée à la métropole, elle souffre de pauvreté et d’un manque de services publics. Mais des Comores voisines, encore plus démunies, elle représente un accès aux richesses de la France, et subit une immigration clandestine de grande ampleur.
Mayotte est un ensemble d’îles de l’océan Indien, faisant partie de l’archipel des Comores, entre Madagascar et le Mozambique. Devenue colonie française en 1843, Mayotte a fait le choix de rester française en 1974, quand les autres îles de l’archipel des Comores ont fait le choix de l’indépendance. Depuis mars 2011, elle est le 101e département français.
Cette histoire pèse sur le niveau de certains services, qui se sont développés avec du retard. Ainsi, la Sécurité sociale n’existe sur l’île que depuis 1977 (certaines prestations manquent encore), et l’école publique en langue française n’est obligatoire que depuis 1988… Selon une enquête de l'Insee en 2012, l’illettrisme touchait 42 % des adultes entre 16 et 64 ans (7 % en métropole).
Les habitants de l’île manifestent depuis plusieurs semaines notamment contre l’insécurité, fruit d’une forte immigration clandestine et d’une population où les jeunes sans emploi sont surreprésentés.
Une démographie record
En 2017, Mayotte comptait 256 500 habitants, un nombre qui a quasiment doublé en 20 ans. C’est le département français le plus densément peuplé, hors Île-de-France. Près de 40 % de la population est issue de l’immigration clandestine.
L’archipel est aussi le territoire français avec la démographie la plus forte, et la population la plus jeune.
Le taux de natalité était en 2016 de 38,9 ‰, plus de trois fois le taux en métropole (11,8 ‰) :