Actuellement, l'Armée de l'Air française dispose de deux C-160G Gabriel mis en oeuvre par l'Escadron Electronique Aéroporté 54 «Dunkerque» depuis la base aérienne 105 d'Evreux. Ces appareils, utilisés pour la collecte de renseignement d'origine électromagnétique (ROEM), sont utilisés sur de nombreux fronts, que ce soit au Sahel, en Afrique du nord, au Moyen-Orient, en Europe de l'Est et dans toutes les autres régions du monde où la France a besoin de collecter du renseignement.
Mais ces appareils sont aujourd'hui fatigués et usés. En effet, bien que les différents capteurs aient été modernisés, les cellules sont âgées puisque ces appareils sont entrés en service actif en 1989. C'est pourquoi, dans le cadre de la Loi de Programmation Militaire (LPM) 2019-2025, Florence Parly, la Ministre des Armées, a annoncé le 28 février 2018 «l'élaboration du programme d'avions de renseignement stratégique 'Capacité universelle de guerre électronique' (CUGE)». Cette annonce a été faite à la suite d'un Comité ministériel d'investissement.
Le Ministère des Armées explique que ce programme «sera doté d'un capteur inédit pour les Armées françaises, permettant simultanément les interceptions des émissions radio et radar. Résultat de près de 10 années d'études sur des technologies de pointe, ce nouveau capteur développé par Thales sera intégré sur un avion Falcon construit par Dassault Aviation».
De son côté, l'avionneur français a déclaré que «le niveau de performances attendu des Falcon Epicure nécessite un travail d’intégration très poussé qui est au cœur des savoir-faire de Dassault Aviation, de son rôle d’architecte industriel et de son partenariat avec Thales».
«Je suis fier et heureux de la décision du ministère des Armées. Le Falcon Epicure servira les Forces françaises comme le font déjà les Falcon 10, 200, 50, 900, 2000 et 7X», a ajouté Eric Trappier. «Les Falcon de mission sont la parfaite illustration des compétences duales de Dassault Aviation : nos avions civils bénéficient des technologies de pointe développées pour nos avions de combat qui tirent profit en retour des processus industriels mis en œuvre pour la production très concurrentielle des Falcon», est-il aussi expliqué.
Dans ce domaine, Dassault Aviation dispose déjà de connaissances concernant l'intégration d'équipements d'origine électromagnétique sur ses Falcon. En effet, le Falcon 2000MRA «Avion Maritime Multi-Rôles» est capable de réaliser «des missions de surveillance, reconnaissance, lutte anti-surface, guerre électronique et d’entrainement des flottes», explique son constructeur. L'appareil peut donc mener des missions Intelligence, Surveillance et Reconnaissance (ISR), ainsi que des missions de renseignement électronique (ELINT, SIGINT).
Les avantages du Falcon sont nombreux. Avant tout, l'appareil dispose de réacteurs qui sont implantés à l'arrière et en hauteur sur l'avion, et non sous les ailes comme d'autres avions d'affaires. De ce fait, les capteurs et les radars embarqués pourront opérer à 360° tout autour de l'avion et ne pourront pas être gênés par les réacteurs. En outre, comparée à des Airbus qui eux-aussi auraient pu être transformés pour ce type de mission, la famille des Falcon sont des avions connus depuis longtemps par les forces françaises, et avec une longue relation entre le Ministère et Dassault.
Par ailleurs, ces appareils sont destinés à effectuer des missions «sensibles» et «discrètes» de collecte de renseignements. Un Falcon est un avion avec une taille limitée, une mise en oeuvre peu complexe et qui peut donc être déployé et mis en oeuvre dans des endroits discrets sans que tout un important détachement soit aussi engagé en soutien au sol.
«Dotés d'un système de mission ambitieux, innovant et complet, trois avions de renseignement stratégique CUGE, au lieu de deux prévus initialement, remplaceront à partir de 2025 les deux Transall C-160 Gabriel actuellement en service», affirme le Ministère des Armées.
«Ils viendront renforcer les capacités du renseignement d'origine électromagnétique», est-il aussi ajouté. En effet, l'Armée de l'Air française doit également acquérir, à terme et d'après la LPM 2019-2025, deux (plus un en option) avions légers de surveillance et de reconnaissance (ALSR) King Air 350. A moins un de ces appareils est actuellement dans une phase d'essais après avoir reçu ses capteurs dans les hangars de Sabena technics, situés sur l'aéroport civil de Bordeaux-Mérignac.
Les Falcon Epicure comme les King Air 350 seront mis en oeuvre par l'Armée de l'Air. Ils opèreront à son profit, pour les autres forces armées, ainsi que pour le compte de la Direction du Renseignement Militaire (DRM) et de la Direction Générale de la Sécurité Extérieure (DGSE).