Au cours de ces dernières années, et par souci d’économie, 500 brigades de gendarmerie ont été fermées, après la création des « communautés de brigades » (COB) et des « brigades territoriales autonomes » (BTA). Le « sentiment que les gens nous renvoient, c’est qu’ils ne voient plus le gendarme », avait regretté le général Richard Lizurey, le Directeur général de la Gendarmerie nationale (DGGN), lors d’une audition à l’Assemblée nationale.
Avec la création de la « brigade numérique » (BNum), qui été inaugurée le 27 février à Rennes, par le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, le citoyen ne verra pas plus le gendarme. En revanche, il lui sera désormais possible d’entrer en contact avec lui afin d’obtenir des informations sur des sujets qui le préoccupent. Et cela 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.
« Nous lançons donc aujourd’hui la brigade numérique – et j’invite tous les Français à se saisir de ce nouveau service qui va changer leur quotidien […] Quand je vois, ici, au siège de la Gendarmerie nationale, le talent de nos militaires, leur capacité à imaginer sans cesse de nouvelles applications, de nouveaux services, je dois dire que j’ai pleine confiance en notre capacité à réussir le défi de la transformation numérique de nos forces de sécurité », a commenté M. Collomb.
La Gendarmerie nationale est particulièrement active dans le domaine du numérique. Ainsi, sur les réseaux sociaux, chaque groupement départemental dispose d’une page dédiée (celui de la Gironde vient d’ailleurs d’atteindre le seuil de 100.000 abonnés sur Facebook). La BNum s’inscrit donc dans cette tendance.
Pour échanger directement avec l’un des 20 gendarmes de cette brigade numérique, le citoyen lambda peut utiliser les réseaux sociaux et le site Internet de la Gendarmerie nationale, qui s’est enrichi de nouvelles fonctionnalités (« Nous écrire », « Ma brigade », « Foire aux questions », « Remerciements », « Réclamations », « Chat »).
« Aujourd’hui, on note à la fois une accélération de l’arrivée de nouvelles technologies et aussi un fort besoin, exprimé de la part des usagers, de moderniser davantage leurs relations avec les administrations et évidemment la Gendarmerie; et des gendarmes eux-mêmes, quel que soit leur statut, de pouvoir pleinement profiter des évolutions technologiques à disposition. Soit pour rendre un meilleur service, soit pour améliorer leurs conditions de travail », avait expliqué, en août dernier, le colonel Éric Freyssinet, le chef de la mission numérique de la Gendarmerie nationale.
L’une des missions de cette BNum, dont le projet a été soutenu Etalab, le service dépendant du Premier ministre chargé d’accompagner la transformation numérique de l’Etat, est d’orienter les citoyens dans leurs démarches, y compris pour déposer plainte, l’idée étant aussi de faciliter le premier contact avec la Gendarmerie, ce qui n’est pas toujours évident à faire pour les victimes.
La vocation de la BNum ne sera donc pas de répondre à des situations d’urgence (il faudra toujours appeler le 112 ou le 17 pour cela), ni de recevoir des plaintes. Toutefois, étant donné que ses personnels sont des officiers de police judiciaire détenteurs d’une habilitation nationale, elle pourra se saisir des faits constituant une infraction pénale et les transmettre à la brigade de gendarmerie ou au commissariat de police compétent dans le cadre du « guichet unique. »
Au-delà de ces aspects, ‘objectif de cette BNum est de « fluidifier » le contact avec le public, ce qui est susceptible de décharger les brigades physiques de certaines tâches.
« L’idée de cette brigade numérique, qui vient compléter notre maillage de brigades territoriales et de contact, ainsi que la capacité de proximité avec les citoyens rendue possible par Néogend, c’est d’être présents sur tous les territoires, physiques et numériques, a préciséle colonel Thibaut Lagrange, chargé de mission au cabinet du directeur général, dans les colonnes de Gend’Infos.
La transformation numérique est une priorité stratégique pour la Gendarmerie nationale. Aussi, cette dernière est plutôt en pointe dans ce domaine, avec notamment le programme Neogend, qui comprend toute une série d’applications (géolocalisation, messagerie instantanée, reconnaissance vocale, prise de note etc…) développée le plus souvent en interne. Actuellement, avec 55.000 smartphones et 10.000 tablettes « Neogend », les gendarmes comptent plus d’équipements mobiles connectés que de postes fixes.
Par ailleurs, la Gendarmerie a d’autres projets en cours, notamment dans les domaines du Big Data (ce qui lui permettrait de mettre en corrélation des événements, individus, objets et des lieux) et de l’intelligence artificielle (un projet de retranscription automatique d’auditions orales est en cours).
Photo : SIRPA Gendarmerie