« Si nous ne prenons pas soin de notre Zone économique exclusive (ZEE), elle sera pillée », avait averti, en 2014, l’amiral Bernard Roget, alors chef d’état-major de la Marine nationale (CEMM). Et l’actualité récente vient d’en donner un nouvel exemple.
Ainsi, le 14 février dernier, le patrouilleur Le Malin, alors en mission dans les îles Éparses depuis la fin janvier, a repéré le Home Sheen, un palangrier taïwanais de 48 mètres de long et mis en oeuvre par un équipage de 25 marins. Estimant son comportement suspect, le navire de la Marine nationale [un ancien palangrier, ce qui lui permet de ne pas éveiller l’attention, ndlr] s’en est approché le plus discrètement possible. Et ce qui était soupçonné a été confirmé : le bateau en question pêchait illégalement dans la ZEE française.
La visite à bord du Home Sheen ainsi que l’examen de ses instruments de navigation ont permis de « caractériser » l’infraction, indique la Marine nationale. Et visiblement, le navire taïwanais n’y est pas allé de main morte : 60 tonnes de poissons, majoritairement des thonidés, pêchés illégalement ont en effet été saisis.
Le directeur de la mer pour la zone sud océan Indien (DMOI) a ensuite ordonné le déroutement immédiat du palangrier taïwanais vers Mayotte. Pendant le trajet, l’équipage du Home Sheen a été surveillée par l’équipe de visite du Malin.
Plus de 36 heures plus tard, le Home Sheen, amarré au port de Longoni, a été remis au représentant des affaires maritimes à Mayotte. La saisie du navire, décidée après consultation du parquet de Saint-Denis, a ensuite été confirmée par le juge des libertés et de la détention, lequel a fixé une caution de 30.000 euros (une broutille par rapport à la valeur marchande des poissons pêchés illégalement) permettant la mainlevée de la saisie.
Pour rappel, « Le Malin » est à l’origine un bateau de 1.000 tonnes et de 50 mètres de long qui avait été confisqué dans les années 2000 après avoir été plusieurs fois arraisonné (sous différents noms) pour des activités de pêche illicites. Construit en Pologne en 1997, il a ensuite été transformé en patrouilleur par le chantier naval Piriou. Un bossoir, une drole d’intervention rapide, un soute à munitions, une armurerie et deux mitrailleurses de 12,7 mm lui furent ainsi ajoutés.
Photo : Marine nationale