Contre vents et marées, le programme PROSUB, qui vise à doter la marine brésilienne de 5 nouveaux sous-marins (dont un à propulsion nucléaire) construits localement, vient de passer une étape essentielle, le 20 février, avec l’assemblage des différentes sections du Riachuelo, le premier submersible de la classe Scorpène, du constructeur naval français Naval Group (ex-DCNS)
Désormais, la construction de ce sous-marin est entrée dans sa phase finale, ce qui laisse espèrer une mise à l’eau d’ici la fin de cette année, après que, explique Naval Group, « les trois sections
seront jonctionnées (soudées) ». La livraison du Riachuelo pourrait être faite en 2020.
« Nous écrivons un nouveau chapitre de souveraineté, c’est un élément-clé de notre stratégie de développement et une injection d’optimisme pour Rio et le Brésil », a déclaré, à cette occasion, Michel Temer, le président brésilien.
Le programme PROSUB s’est concrétisé en 2009, quand Naval Group a décroché un contrat de 6,7 milliards d’euros auprès de Brasilia. Les transferts de technologie ainsi qu’un appui pour la mise au point d’un sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) brésilien, ont pesé lourd la balance.
« En huit ans, de la signature du contrat à la première livraison, le Brésil aura acquis toutes les technologies pour fabriquer des sous-marins de conception classique », avait expliqué, en 2013, Patrick Boissier, alors Pdg de DCNS (ou Naval Group) à l’époque. sSans ce transfert de technologie, il n’y aurait pas eu de contrat. Or, il était inéluctable que le Brésil se dote d’une industrie militaire navale. Avec nous ou avec d’autres », avait-il ajouté.
Par la suite, Naval Group s’est allié au groupe brésilien Odebrecht, via une co-entreprise appelée Itaguaí Construções Navais. Dans le même temps, la construction, à Itaguai, d’un chantier naval et d’une base navale pour accueillir les futurs sous-marins, a été lancée.
C’est ce volet du programme qui a pris du retard, avec, en toile de fond, des soupçons de corruption visant Odebrecht. En mai 2017, le Parquet national financier (PNF) français s’est d’ailleurs invité dans ce dossier, afin de vérifier si des « pots-de-vins n’ont pas été versés pour décrocher » le contrat PROSUB et si cette « opération n’a pas ensuite donné lieu au versement de rétro-commissions. »
En outre, les difficultés économiques du Brésil n’ont évidemment pas aider à tenir le calendrier du programme, alors que, sur le plan industriel, tout allait bien. En 2013, Naval Group avait en effet livré la partie avant du Riachuelo, qui, réalisée à Cherbourg, servit également à former les ingénieurs et les techniciens brésiliens. Et la construction de la partie arrière de la coque par Itaguaí Construções Navais fut terminée deux ans plus tard.
Pour le Brésil, le dossier des sous-marins fait partie des priorités. « Environ 90% de nos réserves de pétrole se trouvent dans la mer. Nous avons besoin de moyens de dissuasion et il s’agit d’un instrument fondamental pour notre développement », a en effet expliqué Raul Jungmann, le ministre brésilien de la Défense, lors de la cérémonie marquant l’assemblage des parties du Riachuelo.
« Naval Group se félicite de travailler aux côtés de la Marine brésilienne, et est fier du succès du transfert de technologie réalisé, qui permet de doter le pays d’équipements de pointe fabriqués au Brésil. Ce renforcement des capacités de la marine brésilienne contribuera au franchissement d’une nouvelle étape dans le rayonnement régional et mondial du Brésil », a commenté, de son côté, Hervé Guillou, le Pdg du constructeur naval français.
Quant au SNA brésilien, son développement et sa construction ont pris du retard. Devant être mis à l’eau en 2023, il est en effet question d’un report jusqu’en 2028.