Le général Daniel Ménaouine va diriger le groupe de travail sur le « service national universel »
À l’occasion de ses voeux aux « forces vives » de la Nation, le 30 janvier, le président Macron avait annoncé la mise en place d’un groupe de travail chargé d’examiner les modalités du service national universel (SNU) qu’il avait promis lors de la course à l’Élysée, en mars 2017.
Malgré les réserves, nombreuses, suscitées par ce projet, M. Macron a depuis précisé ses intentions. Ce service national devra être donc « obligatoire » et sa durée sera non plus d’un mois, comme annoncé précédemment, mais de trois, voire six mois. Enfin, il pourrait « avoir une ouverture sur la chose militaire ».
Signe que le caractère militaire de ce service pourrait être prééminent, l’agence Reuters a indiqué, ce 16 février, que le général Daniel Ménaouine avait été désigné pour diriger les travaux du groupe sur le service national annoncé deux semaines plus tôt par le président Macron.
Fils d’un ancien sous-officier du 8e RPIMa, artilleur, le général Ménaouine a notamment été chef d’état-major de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies au Mali (MINUSMA) et chef de cabinet du chef d’état-major de l’armée de Terre (CEMAT).
Ce groupe de travail, qui rendra ses conclusions le 30 avril, comptera également Guy Lavocat dans ses rangs. Passé par l’école de management de l’ESM Saint-Cyr Coëtquidan, il a effectué une grande partie de sa carrière professionnelle dans l’armée de Terre. Il a ainsi contribué à la création de la première école spécialisée dans les ressources humaines de l’armée nationale afghane et participé au projet de la création d’une école de Saint-Cyr au Qatar. Revenu à la vie civile, il a été conseiller social du directeur régional de la SNCF en Auvergne, avant d’être nommé chargé de mission en « évaluation d’impact social au sein du Service militaire volontaire. »
Secrétaire d’État aux victimes entre février 2016 et mai 2017, Juliette Méadel, qui avait plaidé pour un service civique obligatoire, participera aux travaux de ce groupe, de même que le conseiller d’État Thierry Tuot, le préfet Kléber Arhoul actuellement coordinateur national pour l’accueil des migrants en France), Emmanuelle Pérès (déléguée générale de la Fédération de la formation professionnelle) et Marion Chapulut (présidente de CitizenCorps, une association visant à « permettre aux adolescents de prendre confiance en eux et en leur capacité à changer les choses »).
Ces personnalités devront donc répondre à plusieurs questions difficiles. La première porte évidemment sur le coût de ce service national universel, et avant tout sur son financement (2,4/3 milliards par an). Une autre concernera l’implication des militaires dans ce projet, alors que 2.500 d’entre eux sont déjà mobilisés pour les dispositifs existants (service militaire volontaire, service militaire adapté, etc), qui seront par ailleurs prolongés dans le cadre de la Loi de programmation militaire (LPM).
Le caractère obligatoire de ce service devra être précisé. Le 15 février, la secrétaire d’État auprès de la ministre des Armées, Geneviève Darrieussecq a déclaré qu’il ne fallait pas l’envisager « sous l’angle de la coercition. » Ce qui est un concept à préciser (une obligation sans coercition est-elle encore une obligation?). En outre, des exemptions seront-elles prévues (pour celles et ceux qui sont déjà parents, par exemple, ou qui ont des ennuis de santé).
Autre réponse attendue : celle concernant l’hébergement. Durant la campagne présidentielle, M. Macron avait avancé l’idée d’ouvrir les établissement scolaires et universitaires pour accueillir les « appelés ». Mais comme ce service pourrait durer 3, voire 6 mois, il faudra donc trouver autre chose… et donc de quoi loger 200.000 jeunes tous les trimestres
Enfin, les modalités pratiques de ce service devront être définies. Il y aura-t-il une tenue unique pour tout le monde (tout le monde en survêtement?) Quelle prise en charge pour les frais déplacement? Qui sera l’employeur? Quelles activités? etc…
« Beaucoup disent que c’est impossible à faire. Mais, rassurez-vous, je suis depuis bien longtemps habitué à ces débuts de discussion. Cela forge plutôt en moi la conviction que c’est une nécessité de le faire. Et cela répond à ce qui corrode au plus profond la cohésion de la Nation, à la tentation de l’individualisme », a assuré M. Macron, le 30 janvier dernier. C’est au pied du mur que l’on voit le maçon…