Ministre de l'Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin a été entendu ce lundi en auditeur libre dans le cadre d'une plainte pour viol. Passé de Sarkozy à Macron, le benjamin du gouvernement a, pour l'heure, réussi une ascension fulgurante.
Visé par une plainte pour viol, le ministre de l'Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin a été entendu ce lundi par les enquêteurs dans le cadre d'une « audition libre ». Retour sur une trajectoire détonante, des Républicains à la Macronie.
Encore un homme politique jeune, qui dort peu et travaille beaucoup, se passionne pour les grands auteurs dont il aime citer des extraits, et qui a fait du mélange d'empathie et d'habileté un des socles de sa réussite. Gérald Darmanin, 34 ans, ministre de l'Action et des comptes publics, est le benjamin du gouvernement.
Ascension fulgurante pour ce natif de Valenciennes, catholique, fervent gaulliste. Encarté au RPR à 16 ans. Conseiller municipal à 25. Député à 29. Maire de Tourcoing à 31. Et donc, ministre à 34 ans. Revanche sociale. Car Darmanin est issu d'un milieu modeste et n'a pas fait l'ENA, il aime le rappeler. Manière, sincère et rusée, de se distinguer.
Côté « populaire »
Mère concierge, père bistrotier, divorcés. À son grand-père, tirailleur algérien arrivé dans le Nord en 1962, Gérald doit son deuxième prénom, Moussa.
Étudiant à Paris, il a fait mille métiers. Pion, réceptionniste, mais aussi chanteur dans des restaurants. Brassens, Ferré, Brel... Chanter, il adore. Lors de sa victoire à la mairie de Tourcoing, où il reste conseiller municipal, il a entonné Les Sardines de Patrick Sébastien, revendiquant ce côté « populaire ». « On est toujours le produit du compte en banque de ses parents », dit-il.
Bourdieu? Des « conneries »
Divorcé sans enfant, il répète que la théorie de la reproduction de Bourdieu, c'est des « conneries ». Lui croit au mérite. Il a fait Sciences Po à Lille, s'est formé auprès d'hommes politiques : Jacques Toubon dont il fut assistant parlementaire, Xavier Bertrand dont il a dirigé la campagne des régionales de 2015, Nicolas Sarkozy dont il fut le coordonnateur de la campagne pour la primaire.
Avec Bertrand et Sarkozy, l'amitié perdure. Mais à droite, en général, on le déteste. Une toupie, un traître, un froid stratège. Darmanin - « Darmalin » pour certains -, « c'est l'opportunisme en marche », tacle Éric Ciotti. « Beaucoup de com', peu de fond », disait déjà un détracteur en 2015 dans Society.
Les députés d'En Marche séduits
Sauf que, depuis son arrivée au gouvernement, l'ancien opposant au mariage pour tous a séduit les députés d'En Marche. Bluffés. Oubliés, les recadrages de l'été, notamment sur sa présentation de la baisse des APL, jugée catastrophique.
En poussant Darmanin avec Bruno Le Maire à Bercy, Emmanuel Macron a fait exploser la droite. Tout en envoyant des signaux rassurants à Bruxelles et Berlin. Les finances seront tenues. Même s'il se prétend d'une « droite sociale », et ne se sent « pas libéral économiquement » comme il l'a dit aux Échos, le budget qu'il a présenté à l'automne serrait les boulons. Et apparaissait plus favorable aux Français aisés qu'aux plus modestes.
Reste que cette ascension fulgurante pourrait être ternie par cette enquête pour viol. Sans doute tentés de profiter de cette affaire pour régler leurs comptes, des Républicains ont réclamé sa démission.
Pour l'heure, le jeune ministre a reçu le soutien du gouvernement. Fin janvier, le président Macron comme le premier ministre lui ont encore témoigné leur « confiance ».