En décembre dernier, le ministère des Armées a démenti une information selon laquelle la France s’apprêterait à rejoindre les « Five Eyes », une alliance formée après la Seconde Guerre Mondiale et réunissant les services de renseignement américains, britanniques, canadiens, australiens et néo-zélandais.
« Le ‘5 eyes’ constitue un club historique et fermé qui comporte des avantages (mutualisation de capteurs et d’information) mais aussi des contraintes (limitation du partage de renseignement à des nations tierces) et des risques en matière de souveraineté », avait-on alors expliqué au ministère des Armées, d’après l’agence Reuters. « La France n’a donc pas vocation à intégrer cette communauté », avait-on insisté.
Pour autant, aussi fermé soit-il, le « 5 eyes » échange régulièrement des informations avec les services français. Officieusement, la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) bénéficierait ainsi d’un partenariat – appelé « Lustre » – via les États-Unis. Mais elle n’est pas la seule : la Direction du renseignement militaire (DRM) aussi.
En effet, lors d’une rencontre de son directeur, le général Jean-François Ferlet, avec l’Association des journalistes de la Défense, rapporte Defense News, le colonel « Cyril », patron du bureau J2, a indiqué que des responsables des services français se rendaient régulièrement à Washington « pour partager des informations avec le groupe de renseignement ‘Five Eyes’. »
« Il y a eu une prise de conscience sur le fait que nous avons des renseignements qui comptent », a fait valoir le colonel Cyril. ‘Ces réunions sont donc constituées du (club) ‘Five Eyes’, plus la France », a-t-il dit.
Et chacun y trouverait son compte. La France a une « capacité autonome qui réduit sa dépendance à l’égard des alliés », a-t-il expliqué. Et « cela permet une corrélation et un échange d’informations […], notamment avec les services américains », a ajouté le chef du bureau J2.
Après les attentats de novembre 2015, à Paris, un comité « La Fayette » avait été mis en place afin de faciliter les échanges entre la DRM et le renseignement américain. À l’époque, un responsable du Pentagone avait dit souhaiter avoir avec la France « le même niveau de partenariat approfondi » qu’avec les « Five Eyes », mais d’une manière « parallèle et unique. »
Placé pour emploi au sein du Centre de planification et de conduite des opérations de l’état-major des armées (CPCO), le bureau J2 « contribue, en liaison avec la sous-direction de l’exploitation et la sous-direction de la recherche, à la veille stratégique, au suivi de situation, à l’animation de la recherche ainsi qu’aux travaux de planification opérationnelle », selon l’arrêté du 30 mars 2016 portant organisation de la DRM.