La grenade Mk II durant la Seconde Guerre Mondiale et après
Le 7 décembre 1941, le Japon attaque la base de Pearl Harbor et provoque l'entrée en guerre des États-Unis. Durant le mois de décembre 1941 et presque toute l'année 1942, le Japon balaie les positions américaines dans le Pacifique.
Lors de combats acharnés (notamment aux Philippines, dans la presqu'île de Bataan), les soldats américains remarquent que la peinture jaune utilisée sur leurs grenades
Mk II, combinée au climat chaud et humide, favorise la prolifération de moisissures qui altèrent le fonctionnement, provoquant dégagement de fumée et bruits fusants. Ces défauts permettent aux soldats nippons de localiser la grenade avant qu'elle n'explose et de la renvoyer dans les lignes ennemies.
À l'époque, les
Mk II sont dotées d'allumeurs/détonateurs de la série
M10A1 et
M10A2. À partir de la bataille de Guadalcanal, les
Mk II sont progressivement repeintes en
Olive Drab (vert olive), ne conservant qu'un anneau jaune peint autour du col du corps de grenade pour indiquer qu'elles sont chargées d'explosif. Les anciens allumeurs sont également remplacés par ceux des séries
M10A3 et
M200, nettement moins sensibles aux moisissures, rendant leur localisation plus difficile. C'est aussi à cette époque qu'apparaissent les premiers corps de grenade en fer moulé d'un seul bloc, sans vis de remplissage dans le fond, les nouveaux types d'allumeurs permettant de remplir le corps de grenade d'explosif par le col où il sera vissé. Au début de la Seconde Guerre mondiale, le manque de trinitrotoluène (TNT) contraint à utiliser des charges de 23 grammes de nitrate d'amidon.
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Mk II-A1 dotée d'un bouchon allumeur M10A3.
| | Mk II-A1 dotée d'un bouchon allumeur M10A3 sécurisé.
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Au fur et à mesure de l'évolution de la guerre et de l'expansion de l'industrie de guerre des États-Unis, le TNT granulé est de plus en plus utilisé, ainsi que d'autres explosifs plus puissants et à l'efficacité accrue par l'ajout de composés pyrotechniques tel que le tétryl ou la poudre d'aluminium. D'autres types d'allumeurs/détonateurs voient aussi le jour, ne dégageant ni bruit, ni fumée (entres autres, la série des
M6). Les nouveaux types de corps de grenade sans vis de remplissage fait naître l'appellation officieuse
MkII-A1, bien qu'on n'en trouve pas trace dans les documents émanant du Gouvernement Fédéral des États-Unis. Les corps des allumeurs/détonateurs de cette époque sont construits en alliage léger à base de zinc et d'antimoine, l'aluminium étant alors réservé, de par sa rareté, sa difficulté de production et son prix élevé, à la production aéronautique.
La sécurisation de l'allumeur | | |
Vue agrandie sur le pivot de sécurité, empêchant la cuillère de glisser une fois la goupille arrachée.
| | Grenade Mk II finale, utilisée en Corée et au Viêt Nam.
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Le système
souricière provoquait parfois des accidents mortels pour les lanceurs de grenade : en effet, une fois la goupille arrachée, la cuillère avait tendance, poussée par le percuteur et son ressort, à sortir de son emplacement sans que le lanceur ne s'en rende compte et ainsi amorcer la grenade à son insu, provoquant une explosion prématurée. Ce système était la cause d'accidents depuis sa création, 25 ans plus tôt. Il fut contrecarré très simplement, en prolongeant l'axe du pivot du percuteur de 2 millimètres de chaque côté et en y usinant un côté plat. Ce dispositif empêche alors la
cuillère de sortir de son logement avant que le lanceur ne la lâche. Vers la fin de la guerre apparaît la série des allumeurs
M204, sur lesquels le système d'amorçage est le même que sur les grenades modernes, rendant obsolète le dispositif précédent. La
Mk II sert encore durant la guerre de Corée et au début de la guerre du Viêt Nam.
La dernière variété de Mk II d'entraînement produite (M-21 RFX) Grenade d'exercice
M21-RFX.
En 1953, la dernière variété d'entraînement de la grenade
Mk II voit le jour sous l'appellation de
M-21.
Le corps de cette grenade est ouvert au fond, obturé seulement par un morceau de bois ou de liège, et son dessin est différent des autres modèles de
Mk II (elle est plus arrondie). Elle est produite par la firme Richmond Foundry & Mgf. Co. Inc. de Richmond et marquée des lettres
RFX. Depuis la naissance de l'OTAN, les armes d'exercice sont peintes en bleu dans tous les pays membres de l'organisation. L'allumeur est un
M205A1 réutilisable (l'amorce ainsi que l'ensemble fusant/détonateur à puissance réduite pouvant être changés après chaque exercice). Cette variété est la dernière vraie version de la
Mk II produite, et beaucoup d'imitations de la grenade
Mk II sont produites à partir de ce modèle, vendues à des prix prohibitifs comme d'authentiques pièces de collection, alors qu'elles sont généralement des copies très grossières et qu'aucun allumeur de
Mk II n'est adaptable dessus, le filetage ne correspondant pas.
Conclusion La grenade
Mk II reste une des grenades les plus célèbres au monde, sa longévité exceptionnelle n'étant dépassée que par celle de la
Mills Bomb britannique. Actuellement, elle est complètement obsolète militairement. Ses gros éclats, pouvant être mortels dans un rayon de 50 mètres, ne sont plus adaptés à la guerre moderne où l'on cherche plus à blesser un combattant ennemi qu'à le tuer, pour la simple raison qu'il faut au moins deux hommes pour s'occuper d'un blessé, et qu'un blessé a un coût pour l'ennemi bien plus élevé qu'un mort. Elle n'en demeure pas moins une des plus recherchées par les collectionneurs, considérée par beaucoup d'entre eux comme une des plus belles grenades jamais produites.