Le 20 janvier, Pékin a accusé le destroyer américain USS Hopper d’avoir « violé sa souveraineté et ses intérêts en matière de sécurité » et représenté « une grave menace » pour la sécurité de ses navires croisant au large du récif de Huangyan, également connu sous le nom de récif de Scarborough, en mer de Chine méridionale.
Dans le cadre d’une opération dite « FONOP » [Freedom of navigation operation], l’USS Hopper avait navigué à 12 milles de ce récif dont l’appartenance est également revendiquée par les Philippines. Et, dans un communiqué, le ministère chinois de la Défense a précisé avoir « pris immédiatement des mesures » en envoyant une frégate afin d’identifier et de vérifier (les informations sur) le navire américain ainsi que pour l’éloigner par des mises en garde. »
Seulement, jusqu’en 2012, le récif de Scarborough était sous le contrôle des Philippines. Mais la Chine se l’est approprié en y envoyant des bateaux de pêche protégés par des navires de surveillance de la marine chinoise. Et, malgré un verdict favorable à Manille rendu en juillet 2016 par la Cour permanente d’arbitrage de La Haye, l’attitude de Pékin n’a pas varié. D’autant plus que, après avoir mis la main, de facto, sur les archipels Spratleys et Paracel, cet atoll lui permet de disposer d’un « triangle » d’installations militaires à proximité des routes commerciales maritimes en mer de Chine méridionale.
Dans un entretien donné au quotidien nippon Nikkei, la ministre française des Armées, Florence Parly, qui se trouve actuellement au Japon avec son homologue des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, pour des discussions au format 2+2, a affirmé que « ce n’est pas parce que vous plantez juste votre drapeau quelque part que cela signifie qu’un territoire est à vous ». Et de dénoncer ainsi la « politique du fait accompli » de la Chine.
Aussi, il est question d’intensifier la coopération navale entre la France et le Japon, via des manoeuvres bilatérales et multinationales, y compris dans le domaine des opérations amphibies. De tels exercices, d’ampleur limitée, ont déjà eu lieu par le passé.
Ces manoeuvres sont « un symbole de notre coopération en matière de politique de défense », a expliqué Mme Parly. Et, a-t-elle ajouté, elles « montrent que les deux pays s’engagent à faire en sorte que les voies navigables de la région restent libres et ouvertes. » En outre, a-t-elle souligné, elle permettent également aux forces françaises et japonaises de « s’habituer à travailler ensemble de manière efficace si le besoin d’une intervention conjointe se présente. » Ce sera ainsi le cas en février prochain, avec l’escale prévue au Japon de la frégate de surveillance Vendémiaire.
Qui plus est, des navires de la Marine nationale devraient traverser la mer de Chine méridionale (dont la quasi-totalité est revendiquée par Pékin) afin de montrer que « le droit au libre passage est celui que nous voulons exercer pleinement », a indiqué Mme Parly.
Par ailleurs, le dossier nord-coréen a aussi été évoqué par lors de la rencontre entre les quatre ministres français et japonais. Ils ont ainsi réaffirmé « leur volonté d’exercer une pression maximale sur la Corée du Nord », laquelle, selon M. Le Drian, « met en danger la sécurité régionale et internationale. » Et d’ajouter : « Notre objectif demeure de ramener Pyongyang à la table des négociations en vue d’un démantèlement définitif, irréversible et vérifiable de ses programmes proliférants. »
De son côté, le ministre japonais de la Défense, Itsunori Onodera, a plaidé en faveur d’une coopération plus étroite pour lutter « contre les transferts de marchandises et de carburant de navire à navire utilisés par la Corée du Nord pour contourner les sanctions internationales. »
Enfin, les quatres ministres ont convenu de finaliser l’accord d’acquisition et de soutien logistique (ACSA) dont le principe avait été défini lors d’une précédente réunion en format « 2+2 » en janvier 2017. Pour rappel, il vise à renforcer l’interopérabilité entre les forces françaises et japonaises et à faciliter leur participations à des opérations et à des exercices conjoints. Et des travaux communs de recherche « portant sur la technologie de nouvelle génération de détection des mines, qui constitue le premier projet de coopération franco-japonais » devraient être lancés « dans les plus brefs délais ».
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