La France lance un groupe d’enquête sur l’utilisation d’armes chimiques en Syrie
Depuis novembre, le Joint Investigative Mechanism (JIM), c’est à dire le groupe d’experts des Nations unies et de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) chargé d’enquêter sur l’usage d’armes chimiques en Syrie, n’a plus de mandat pour continuer ses activités, la Russie s’y étant opposée après la publication d’un rapport pointant la responsabilité de Damas pour l’attaque au gaz neurotoxique de la localité de Khan Cheikhoun, en avril 2017.
Aussi, le 18 janvier, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a appelé le Conseil de sécurité à relancer l’effort pour punir les responsables d’attaques chimiques en Syrie. Attaques qui, selon les cas, ont été attribuées par ce même JIM au régime syrien et à l’État islamique.
Pour M. Guterres, l’usage d’armes chimiques dans le conflit syrien « remet sérieusement en cause le tabou planétaire contre ces armes de destruction massive. » Et « si l’usage d’armes chimiques en Syrie est à nouveau établi, la communauté internationale doit trouver une manière appropriée d’identifier les responsables et de leur demander des comptes », a-t-il plaidé.
A priori, les États-Unis pourraient lancer une nouvelle initiative auprès du Conseil de sécurité pour que les enquêtes puissent reprendre. Dans une lettre adressée à M. Guterres, Nikki Haley, la représentante américaine auprès des Nations unies, s’en est pris à la Russie en l’accusant de protéger la Syrie sur le plan diplomatique. Moscou « semble représenter un effort intentionnel de semer la confusion et de protéger l’usage continu d’armes chimiques par le régime Assad », a-t-elle affirmé dans ce courrier, d’après l’AFP.
La diplomatie française n’est pas en reste dans cette affaire. En effet, la France invité, le 23 janvier, à Paris, une trentaine de pays qui souhaitent « coopérer efficacement contre l’inacceptable impunité d’utilisation d’armes chimiques. »
« Un nouveau partenariat intergouvernemental sera constitué à cette occasion dont l’objectif sera d’aider et de soutenir les mécanismes existants dans leur travail d’enquête et les organisations internationales, en premier lieu l’OIAC », a expliqué François Delattre, le représentant français auprès des Nations unies.
Selon l’invitation adressée au pays participants, il s’agira ainsi de « collecter, conserver, échanger et utiliser tous les mécanismes à notre disposition pour nommer les parties coupables et leur imposer des sanctions nécessaires. »
« Il est important qu’en temps voulu, quand le calendrier politique le permet, toutes les informations sur les auteurs d’attaques à l’arme chimique et ceux qui ont participé à ces programmes soient immédiatement disponibles afin de garantir qu’ils répondent de leurs actes devant la justice », insiste ce texte, selon lequel « la paralysie actuelle des forums multilatéraux nous empêche de prendre des mesures judiciaires contre les auteurs de ces crimes et de les dissuader de poursuivre leurs actions. »