Environ 500 jihadistes français seraient encore présents en Irak et en Syrie
Les effectifs de l’État islamique (EI ou Daesh) sont difficiles à évaluer avec précision. Et l’exercice devient plus compliqué quand il s’agit de connaître la nationalité d’origine de ses combattants.
Dans un entretien donné en novembre dernier au quotidien Le Figaro, Laurent Nuñez, le patron de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) estimait à 686 le nombre de jihadistes (hommes et femmes) de nationalité française ou ayant résidé sur le territoire encore présents en Irak et en Syrie. Et cela, sans compter leurs enfants (qui seraient environ 500).
Un mois plus tard, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a donné un chiffre inférieur. « Il y a un chiffre qui tourne autour de 500 [jihadistes] qui sont là [au Levant, ndlr] et qui seront faits prisonniers ou s’éparpilleront ailleurs », a-t-il en effet affirmé à la chaîne de télévision BFMTV, le 8 décembre. « Le retour en France par leurs propres moyens est extrêmement difficile », a-t-il ajouté, sans donner plus de précision. Que sont devenus les 186 jihadistes au cours de ces dernières semaines?
La question de ce nombre de jihadistes français (ou partis de France pour rejoindre Daesh) est importante dans la mesure où leur retour potentiel est un vrai sujet d’inquiétude pour les services de renseignement et de sécurité. La menace d’attentats planifiés par des jihadistes encore présents au Levant reste « très sérieuse » en France, avait en effet estimé Laurent Nuñez, dans son entretien publié par Le Figaro.
Cela étant, le scénario privilégié par la DGSI ne reposait alors pas sur un « retour massif » de ces jihadistes. « Nous sommes désormais face à des combattants assez déterminés à rester sur les zones de repli de l’État islamique, dans l’hypothèse d’être projetés en Malaisie, en Indonésie ou en Afghanistan », avait expliqué M. Nuñez.
Quoi qu’il en soit, la priorité est de « neutraliser un maximum de jihadistes » avant leur retour éventuel. Ce qu’avait affirmé Mme le ministre des Armées, Florence Parly, en octobre dernier. S’ils « périssent dans les combats (…) c’est tant mieux », avait-elle ajouté.
D’ailleurs, au Royaume-Uni, le ton se veut plus ferme encore. Ainsi, dans un entretien donné au Daily Mail, le nouveau ministre de la Défense, Gavin Williamson, a estimé que les ressortissants britanniques ayant rejoint l’EI « devraient être localisés et tués et non autorisés à rentrer dans le pays. »
« Tout simplement, mon point de vue est qu’un terroriste mort ne peut pas faire de mal à la Grande-Bretagne », a affirmé M. Williamson. « Nous devrions faire tout ce que nous pouvons pour détruire et éliminer cette menace », a-t-il insisté. Et d’ajouter : « Nous devons nous assurer qu’au fur et à mesure qu’ils se divisent et qu’ils se dispersent en Irak, en Syrie et dans d’autres régions, nous continuons de les pourchasser. »
Environ 800 ressortissants britanniques se sont rendus en Irak et en Syrie pour se battre dans les rangs de l’EI. Selon les estimations, 130 y auraient été tués, 400 seraient rentrés au Royaume-Uni tandis que 270 autres seraient encore présents au Levant.
La question est maintenant de savoir ce que feront ces jihadistes étrangers, maintenant que l’État islamique a été chassé des centres urbains qu’il contrôlait, que le Premier ministre irakien, Haider al-Abadi vient d’annoncer « la fin de la guerre » après une ultime opération à la frontière irako-syrienne et que la Russie a annoncé la « libération totale » du territoire syrien de l’emprise de l’organisation jihadiste?
S’agissant de la déclaration russe, M. Le Drian a dit trouver « parfois un peu étonnant que la Russie s’approprie la victoire contre Daesh […], même si un peu tardivement les forces russes, en appui des forces du régime de Bachar el-Assad, ont pu libérer Deir ez-Zor [est de la Syrie]. Et de faire remarquer que « la force arabo-kurde des FDS, soutenue par la coalition internationale, a repris à l’EI 40% de la Syrie et 60% des ressources pétrolières. »