Il devrait être beaucoup question de l’intelligence artificielle dans les prochaines semaines, notamment avec la publication d’un rapport du mathématicien (et député LREM) Cédric Villani, à qui le gouvernement a confié une mission afin de développer cette technologie en France.
« Il existe un imaginaire qui s’est créé avec l’intelligence artificielle, qui a enraciné le mythe du robot qui finira par prendre son indépendance et se débarrasser des hommes. […] S’il existe des dangers à l’intelligence artificielle, ceux-là sont très loin de nous », a assuré le lauréat de la Médaille Fields en 2010.
Les robots tueurs dotés d’une intelligence surpassant celle de l’homme fait référence aux applications potentielles de l’intelligence artificielle au domaine militaire. Et contrairement à ce que pense M. Villani, plusieurs experts ont mis en garde contre un tel développement de cette technologie.
« Les armements autonomes risquent de devenir la troisième révolution en matière militaire. Une fois développés, ils permettront aux conflits armés d’avoir lieu à un degré jamais atteint et à des échelles de temps au-delà de la compréhension humaine », ont ainsi prévenu 116 signataires d’une lettre ouverte publiée en août dernier pour appeler les Nations unies à prendre des mesures contre cette perspective.
Cela étant, pour le moment, l’intelligence artificielle a d’autres applications potentielles dans le domaine militaire. Comme dans le combat aérien. En juin 2016, une expérience conduite par l’US Air Force Research Laboratory et l’entreprise Psibernetix avait vu un système appelé Alpha prendre le dessus sur un pilote très expérimenté lors de différentes simulations.
En outre grâce à l’intelligence artificielle, des chercheurs du Georgia Tech Research Institute (GATECH) et de la Naval Postgraduate School ont réussi à faire affronter deux essaims de drone Zephyr lors de plusieurs combats aériens.
En France, peu avant de quitter ses fonctions de ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian avait fait de l’intelligence artificielle « un élément de notre souveraineté nationale ».
« Il s’agit de créer une troisième rupture technologique, après la dissuasion nucléaire et l’explosion des technologies de l’information et du numérique, pour garantir la supériorité et la sécurité américaine. Cette révolution potentielle sert de cadre et d’aiguillon à une politique d’investissement audacieuse », avait continué M. Le Drian, en évoquant la politique des États-Unis en la matière.
Cela étant, il faut aussi compter avec d’autres acteurs, qui ne ménagent pas leurs efforts dans ce domaine. Comme la Chine, dont un rapport publié cette semaine par le Center for a New American Security a estimé qu’elle « pourrait être en mesure de dépasser les Etats-Unis en Intelligence artificielle » dans un avenir relativement proche, ce qui serait de nature à « modifier à l’avenir les équilibres économiques et militaires. »
Pour le moment, on a que très peu d’exemple d’applications militaires de l’intelligence artificielle en France. Mais cela pourrait vite changer avec le lancement, par la Direction générale de l’armement (DGA) du programme ARTEMIS (Architecture de traitement et d’exploitation massive de l’information multi-source).
À l’occasion de la visite de Mme le ministre des Armées, Florence Parly, à l’accélérateur de start-up NUMA, le 30 novembre, le compte-rendu hebdomadaire de la DICoD indique que trois marchés concernant l’intelligence artificielle ont été confiés au groupement Thales/Sopra Steria, à la société ATOS/BULL et à la société Cap Gemini. « L’objectif est de fournir dès 2019 un démonstrateur de plate-forme sécurisée et distribuée d’intelligence artificielle pour les
besoins spécifiques des armées », a-t-il est sobrement précisé.
Plus généralement, les axes de recherche en matière d’intelligence artificielle pour les forces françaises concernent la détection de cibles furtives, la reconnaissance automatique d’objets, l’assistance à la décision, l’interface homme-machine adaptatives, l’autonomie des robot et la désormais incontournale cybersécurité.
Quelques entreprises françaises travaillent sur ces sujets. Comme par exemple Mondobrain, qui propose une « solution d’aide à la décision utilisant l’intelligence artificielle, conçue pour être utilisée par des opérationnels », le but étant, précise le DGA Lab, de « pouvoir les aider à déterminer les variables clés d’un problème opérationnel à partir de quelques éléments d’information seulement. »