GRENADIER GUARDColonel en chef : Sa Majesté la Reine Elisabeth II
Devise : Honni soit qui mal y pense
Les Canadian Grenadier Guards (CGG) constituent un bataillon d'infanterie de la Première réserve. Il s'agit de la plus vieille unité de milice du Canada, et elle est située en plein coeur de Montréal.
Le rôle des CGG consiste à fournir des troupes de déploiement d'infanterie prêtes au combat, selon les tâches assignées par le ministère de la Défense nationale. Le Régiment a fourni et continue de fournir des réservistes pour appuyer les forces des Nations Unies à des endroits comme l'ex-Yougoslavie, Chypre, l'Égypte et le plateau du Golan. En plus de participer aux opérations, les CGG accomplissent chaque été des tâches publiques fédérales en fournissant une compagnie d'infanterie pour la cérémonie de la Relève de la garde sur la Colline du Parlement, à Ottawa.
Le 12 mars 1764, le colonel Frederick Haldimand a ordonné, à partir de Trois-Rivières, la formation d'une unité de volontaires qui serait chargée d'aider à la défense du Canada. En réponse à sa demande, la 1ère Compagnie, Milice du district de Montréal, a été constituée, sous le commandement du capitaine de Montizambert. Les membres de cette compagnie venaient de la traditionnelle milice de l'Ancien Régime et étaient surtout des francophones. La Compagnie a obtenu le statut de bataillon en 1807, année où elle est devenue le 1er Bataillon, Milice de Montréal, sous le commandement du lieutenant-colonel l'honorable James Mc Gill, fondateur de l'Université Mc Gill. Des éléments de ce bataillon ont combattu dans le cadre de la bataille de la Châteauguay (26 octobre 1813), sous le commandement du lieutenant-colonel de Salaberry; en rais on de sa conduite exemplaire, le 1 er Bataillon s'est vu remettre deux drapeaux sur la recommandation faite au prince régent par le commandant en chef, sir George Prevost.
La milice d'élite a cessé d'exister après la guerre de 1812 et a été remplacée par la milice sédentaire et la milice de volontaires, qui ont fourni des cadres et plus tard des unités au cours de la rébellion de 1837. Il existait diverses unités, comme les Montreal Rifles, les Loyal Montreal Volunteers et les Montreal Volunteer Rifles. Le 31 août 1855, l'une de ces unités, les Montreal Rifle Rangers (qui assuraient la continuité des Montreal Rifles de la rébellion) ont été, avec l'autorisation du gouverneur, sir Edmund Bond Head, les premiers volontaires à être admis dans la milice active. Cette unité, renommée 1ère Compagnie, Volunteer Militia Rifle, et huit autres compagnies indépendantes sont devenues le Premier Bataillon, Volunteer Militia Rifles of Canada, le 17 novembre 1859 (après l'adoption de la Militia Act de 1859). Il s'a gissait du premier bataillon de la « milice de volontaires » à être constitué dans l'Empire britannique.
En 1860, SAR le prince de Galles a accordé le statut de régiment à l'unité et lui a donné le titre de Premier Régiment ou Prince of Wales Regiment, Volunteer Rifles of the Canadian Militia; ce statut était unique au sein de la milice canadienne et était mis en évidence par la devise originale du Régiment, « Toujours premier », et sa désignation de Premier Régiment. SAR le prince de Galles est devenu le colonel honoraire du Régiment, titre qu'il a gardé après son couronnement comme roi Edward VII en 1902.
En plus des unités qui ont existé juste avant la mise sur pied du Premier Régiment, le 6ème Bataillon, Milice de volontaires, a été créé en 1862, pour ensuite devenir le 6ème Bataillon, Hochelaga Light Infantry, puis le 6ème Bataillon, Fusiliers. En 1898, ce bataillon a été fusionné au Premier Régiment pour constituer le 1er Bataillon, Prince of Wales Regiment Fusiliers, qui a par la suite été renommé 1er Régiment, Prince of Wales Fusiliers en 1900. Le lieutenant-colonel J.H. Burland, dernier commandant du 6ème Bataillon, Fusiliers, est devenu le premier lieutenant-colonel honoraire de ce régiment en 1904.
De 1859 à 1900, le Régiment et le 6ème Bataillon, Fusiliers, ont été en activité de service, notamment au cours du raid des Fenians de 1866 et de 1870. Le Premier Régiment attendait son tour à Montréal lorsque la Rébellion du Nord-Ouest a éclaté en 1885. Les membres du Régiment sont demeurés cantonnés sous les armes pendant un mois, prêts à se rendre dans l'Ouest. Lorsque le premier contingent devant se rendre en Afrique du Sud a été constitué en tant que 2ème Bataillon (Service spécial), Royal Canadian Regiment, le Premier Régiment a fourni son quota d'officiers et de militaires du rang à la Compagnie E. Cette contribution, ainsi que l'affectation d'autres membres ailleurs, ont valu au Régiment la distinction honorifique « South Africa 1899-1900 ».
En 1911, on a demandé au lieutenant-colonel J.W. Carson (qui allait devenir plus tard le major-général sir William Carson) de réorganiser le Régiment, ce qu'il a accepté à condition qu'on lui donne carte blanche pour choisir ses officiers, que le Régiment soit renommé pour devenir un régiment de la garde à pieds tout en préservant son identité en tant que Premier Régiment de la milice active du Canada et que le Régiment se voit accorder son propre manège militaire. La réorganisation a été promulguée en janvier 1912, date à laquelle le Premier Régiment est devenu le 1er Régiment, The Grenadier Guards of Canada, et, en avril 1914, il a pris possession de son nouveau manège militaire et a de nouveau changé de nom pour devenir le 1er Régiment, Canadian Grenadier Guards. Il a gardé le titre d e Premier Régiment (bien que, comme régiment de la garde à pied, il soit le cadet des Governor General's Foot Guards, établis en 1872 comme troupes domestiques du gouverneur général) et il est considéré comme étant l'unité canadienne des troupes domestiques du souverain.
Moins d'une semaine après le déclenchement de la Grande Guerre, le Régiment a fourni le premier commandant, 11 officiers et 357 sous-officiers et militaires du rang au Royal Montreal Regiment nouvellement formé (14 e Bon CEC). D'autres contingents ont été fournis à la PPCLI, au 13ème Bon (RHC), au 23ème Bon (RMR), au 24ème Bon (VRC) et au 60ème Bon (VRC), bataillons qui appartenaient tous au CEC.
Le lieutenant-colonel Meighen a cessé d'assumer le commandement à l'étranger du 14ème Bon et est rentré au pays en juin 1915. Il a annoncé en septembre que la constitution d'un bataillon du Régiment à l'étranger, soit le 87ème Bon CEC, avait finalement été autorisée.
Un recrutement intense a été entrepris le 23 octobre et, sept semaines plus tard, le bataillon avait été constitué et était prêt pour son entraînement d'hiver à la caserne de Saint-Jean, au Québec. Le Bataillon était unique en son genre, ses membres ayant été recrutés non seulement à Montréal, mais aussi dans l'ensemble du Canada (plutôt que dans les secteurs restreints où les autres bataillons du CEC étaient autorisés à chercher des membres). Il constituait une unité canadienne véritablement représentative. L'utilisation du titre Canadian Grenadier Guards était également particulière, puisque, selon la politique, les bataillons du CEC ne devaient pas porter à l'étranger le titre qui leur avait été donné au sein de la milice. Dans le cas des Canadian Grenadier Guards, une autoris ation spéciale avait été obtenue de Son Excellence le gouverneur général, SAR le duc de Connaught (le colonel des Canadian Grenadier Guards de 1904 à 1942). Celui-ci avait en outre autorisé le port de l'insigne des Canadian Grenadier Guards et, par l'entremise des Grenadiers britanniques, l'affectation, après l'arrivée du Bataillon en Angleterre, d'un officier et de quatre sergents de drill, dont le rôle était de préparer le 87ème Bon à servir en France et d'inculquer les traditions des gardes au sein du Régiment.
Le 87ème Bataillon est entré en France le 12 août 1916 et est demeuré sur le continent jusqu'en 1919. Au cours de la guerre, il a obtenu 17 distinctions honorifiques, et l'un de ses membres, le soldat J.F. Young, s'est vu décerner la V.C.
Après la bataille de la crête de Vimy en avril 1917, il est devenu extrêmement difficile de remplacer les bataillons anglophones de Montréal. (Quelque temps auparavant, le Régiment avait formé un deuxième bataillon du CEC, le 245ème Bon (CGG) qui, bien qu'il ait été déployé en Angleterre, n'a pas combattu en tant qu'unité, son personnel ayant servi à l'appui du 87ème Bon. De plus, le 87ème Bon avait fourni plus tôt, en août 1916, 300 Grenadiers au 1st (Ontario) Bn, CEC). Par conséquent, et pour maintenir les Canadian Grenadier Guards dans l'ordre de bataille, il a été décidé de muter le personnel restant du 60ème Bon (VRC) au 87ème Bon. Le 22 novembre 1918, SM le roi George V a accordé le titre de « gardes » aux soldats de la Brigade des gardes, distinction dont ont également bénéficié les Canadian Grenadier Guards.
Le rétablissement de la paix après la Grande Guerre a permis de prendre des mesures pour que le Régiment devienne un régiment de la garde à pied. En 1924, SAR le prince de Galles (qui allait devenir plus tard SM le roi Edward VIII) est devenu le colonel en chef et a pu inspecter le Régiment au cours d'une visite au Canada en 1927. En 1930, SM le roi George V a approuvé l'alliance avec les Grenadier Guards, et ce lien existe toujours aujourd'hui. En 1932, le roi a approuvé l'utilisation d'un ensemble de drapeaux de la garde à pied (présenté en 1935) et de drapeaux de la compagnie au sein du Régiment.
En 1937, la constitution de la Brigade des gardes canadiens (comprenant les GGFG et les CGG) a été autorisée. Cette brigade a défilé à Ottawa à un certain nombre d'occasions, notamment devant SM le roi George VI lors de la visite royale de 1939. La Brigade a été inspectée en Angleterre en novembre 1942 par le major-général Phelan (anciennement des CGG), qui en avait été le commandant à Ottawa.
En plus du lien continu avec l'Université McGill, de solides relations se sont établies avec la St George's Society of Montreal. Cet organisme de bienfaisance appuyait le Régiment de nombreuses façons; en retour, le Régiment se rendait jusqu'à l'église régimentaire le dernier dimanche avant le jour de la Saint-George et, à la fin du service religieux, défilait devant le président de la société (souvent à la barrière de l'Université McGill), puis recevait les membres de la société « à la maison mère ». Ce lien a été maintenu jusque dans les années 60, et les membres de la St George's Society sont toujours les bienvenus au manège militaire.
Lorsque la Seconde Guerre mondiale a éclaté, le Régiment a fourni 20 officiers et 125 militaires du rang à d'autres unités avant d'être lui-même mobilisé en 1940. En tant que 1er Bataillon, The Canadian Grenadier Guards, il a atteint son effectif maximal en trois semaines. Il s'est d'abord entraîné sur l'île Sainte-Hélène, à Montréal, s'est ensuite déplacé aux camps Borden et Valcartier, est demeuré en garnison à la citadelle d'Halifax, a été stationné à Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, et s'est entraîné à Sussex, au Nouveau-Brunswick, et à Debert, en Nouvelle-Écosse.
Le 5 février 1942, le Premier Bataillon est devenu le 22nd Canadian Armoured Regiment (CGG), une unité de la 4e Brigade blindée (qui comprenait le 21st Canadian Armoured Regiment (GGFG)). En septembre, portant avec fierté le béret noir du Corps blindé, le 22 CAR s'est rendu en Angleterre, où il allait continuer de s'entraîner dans un certain nombre de régions jusqu'à son déploiement en Normandie le 21 juillet 1944. À partir de cette date jusqu'au jours de la Victoire, le 8 mai 1945, le 22 CAR a combattu dans le cadre des batailles livrées autour de Falaise, lors de l'entrée en Belgique et en Hollande et, finalement, de l'autre côté du Rhin, ce qui lui a valu 12 distinctions honorifiques. Pendant ce temps, le 22nd Canadian Tank Battalion (CGG) avait été constitué pour l'Armée du Pacifique, mais la guerre dans le Pacifique s'est terminée avant qu'il puisse être déployé outre-mer. Le 22nd Canadian Armoured Regiment est rentré à Montréal en février 1946 aux fins de démobilisation et s'est départi de ses chars.
Lorsque le 1er Bataillon a été formé, le Régiment d'origine est devenu le 2ème Bataillon, The Canadian Grenadier Guards, qui a continué tout au long de la guerre à jouer le rôle traditionnel de la milice consistant à fournir des renforts aux unités à l'étranger. Les renforts destinés au 22 CAR provenaient d'autres unités, en particulier les Halifax Rifles et les Princess Louise's Fusiliers.
Au cours de la réorganisation qui a suivi la Seconde Guerre mondiale, les Canadian Grenadier Gards ont repris leur rôle traditionnel en tant que régiment de la garde à pied. Un grand nombre des membres qui avaient été affectés à l'étranger ont continué à servir au sein du Régiment, à Montréal. La nomination du roi George VI au poste de colonel en chef, l'acceptation du titre de colonel honoraire par le FM le vicomte Alexandre de Tunis (lui-même un garde) et l'ouverture par ce dernier du musée régimentaire à la mémoire des militaires morts au combat, en 1950, ont été des moments-phares qui ont rehaussé les activités de temps de paix (entraînement, fonctions de garnison et défilés). Des membres du Régiment ont aussi participé à la guerre de Corée. Par suite de la formati on des Canadian Guards (unité régulière comprenant quatre bataillons) en 1953, le Régiment est devenu le 6 e Bataillon et s'est vu offrir à ce titre un nouvel ensemble de drapeaux par SM la reine Elizabeth, le colonel en chef, en 1959 (c'était la première fois qu'une unité de la milice recevait au Canada un ensemble de drapeaux des mains d'un souverain régnant).
Bien que la responsabilité des services d'honneur à Ottawa ait été assumée par les Canadian Guards, le Régiment a fourni des membres pour l'exercice de ces fonctions jusqu'à la formation du Détachement des services d'honneur (qui deviendra plus tard la Garde de cérémonie) en 1969. Depuis ce temps, la Compagnie n o 2 CGG) participe à la relève de la garde à Rideau Hall pendant l'été. C'est pourquoi la ville d'Ottawa a accordé le droit de cité au Régiment en 1979. La ville de Montréal a fait de même en 1989 en commémoration des 225 années de service accomplies pour la ville depuis la formation de la 1re Compagnie, Milice du district de Montréal, en 1764.
Le Régiment continue de servir le Canada et la ville de Montréal. Le lieutenant-colonel Herb Buhring a été le premier membre des Canadian Grenadier Guards à devenir officier de l'Ordre du mérite militaire, cette distinction lui ayant été remise lors de sa deuxième affectation en tant que lieutenant-colonel. Des membres du Régiment ont fourni des services d'aide aux pouvoirs civils, à Oka et à Kahnawake, à l'été de 1990 et ont servi auprès des Forces des Nations Unies en ex-Yougoslavie, à Chypre, en Égypte, à Haïti et sur le plateau du Golan.