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| Sujet: Le triomphant SMLE : 20 ans de dissuasion nucléaire Jeu Avr 06 2017, 20:11 | |
| SOURCE :DEFENSE ---------------------- Défense 27/03/2017
ACTUALITÉ Dissuasion : 45 ans de patrouilles pour les SNLE françaisSNLE du type Le Triomphant © MARINE NATIONALE - P-F WATRAS Article payant offert La Force océanique stratégique célèbre ce mois-ci un triple anniversaire : les cinquante ans du lancement du Redoutable, tout premier sous-marin nucléaire lanceur d’engins français, le 29 mars 1967, les 45 ans de l’accomplissement de la première patrouille de ce même bâtiment, qui a validé la création de la FOST et les 20 ans de la mise en service de son successeur, Le Triomphant.
SNLE du type Le Redoutable (© MARINE NATIONALE)
Le 21 mars 1972, Le Redoutable rentrait à Brest à l'issue de sa première patrouille de dissuasion, débutée le 28 janvier précédent. Près de deux mois passés sous l’eau, vers le Grand Nord, qui ont marqué l’entrée de la France dans le club très fermé des nations disposant de sous-marins équipés de missiles nucléaires (voir notre article sur l'histoire du Redoutable). Depuis plus de quatre décennies, la FOST compte en permanence au moins un SNLE à la mer, avec pour objectif de dissuader tout Etat de s’en prendre aux intérêts vitaux de la France, sous peine d’une riposte massive aux conséquences désastreuses. Outil de puissance par excellence, la dissuasion a pour but d’assurer la protection du pays contre une attaque majeure, mais aussi son indépendance stratégique et sa liberté d’action sur la scène internationale, où cette capacité lui offre un rôle singulier.
Un outil toujours pertinent
Si la Guerre Froide, avec laquelle il est né, n’est plus d’actualité, la prolifération des armes nucléaires et la réémergence d’Etats-puissances au comportement agressif conservent à l’arsenal nucléaire français, dans un monde à l’instabilité croissante, toute sa pertinence. Les efforts très importants consentis par la France dans sa dissuasion lui ont, de plus, permis de développer des technologies de pointe et de maintenir une souveraineté industrielle dans de nombreux domaines (construction navale, électronique, navigation, missiles…) avec des retombées sur bien des secteurs, militaires comme civils.
Système Pluton (© WIKIMEDIA - ALF VAN BEEM)
Le plateau d’Albion et la force tactique nucléaire
Pour mémoire, la dissuasion française reposait initialement sur trois composantes. L’une d’elles, terrestre, a aujourd’hui disparu. Elle comprenait deux capacités. La première était constituée du plateau d’Albion, dans le Vaucluse, un site de lancement comprenant 18 missiles balistiques S2 puis S3, ce dernier étant doté d’une tête nucléaire TN 61 de 1.2 mégatonne ayant une portée de 3500 kilomètres. Opérationnel en 1971, le plateau d’Albion, dépendant de l’armée de l‘Air, restera en service jusqu’en 1996, année où Jacques Chirac, alors président de la République, décide de démanteler le site, dont les missiles devaient être remplacés par une version terrestre du M45 développé pour les SNLE du type Le Triomphant. La force nucléaire tactique, opérée par l’armée de Terre, fut également abandonnée en 1996. Elle avait été créée en 1974 pour offrir une capacité préstratégique dont l’objectif était, en cas de tentative d’invasion par les forces du pacte de Varsovie, de délivrer un ultime avertissement avant le déclenchement d’une riposte atomique massive. Elle reposait sur le missile Pluton, logé dans un lanceur mobile installé sur un châssis de char AMX-30. D’une portée de 120 km, le Pluton emportait une ogive AN-51 d’une puissance de 10 à 25 kilotonnes. Il fut remplacé en 1991 par le système Hadès, encore plus mobile, avec un camion équipé de deux missiles dotés d’une tête TN 90 (80 Kt) et pouvant atteindre des cibles situées à près de 500 kilomètres. Seules une quinzaine de plateformes Hadès furent réalisées avant l’abandon de la force tactique terrestre.
Depuis 20 ans, la France, qui a cessé ses essais nucléaires (remplacés par des outils de simulation) et démantelé ses installations militaires de production de matière fissile a, en matière de dissuasion, adopté le concept de « juste suffisance ».
Un arsenal ramené à 300 têtes et deux composantes
Son arsenal repose aujourd’hui sur 300 têtes nucléaires (contre 500 dans les années 90), réparties sur deux composantes complémentaires, l’une océanique avec les SNLE et l’autre aéroportée. Cette dernière comprend tout d’abord les Forces aériennes stratégiques (FAS), qui constituent historiquement la première composante de la dissuasion française puisqu’elles ont été créées dès 1964 avec des Mirage IV armés de bombes AN-11 (60 Kt). Aujourd’hui, l’armée de l’Air mobilise au profit des FAS deux escadrons (en 2016 un total de 53 avions, dont 22 Rafale Air biplaces et 31 Mirage 2000 biplaces) basés dans l'est de la France (près de Saint-Dizier, Haute-Marne) et le sud-est (près d'Istres, Bouches-du-Rhône). Ils sont appuyés par des ravitailleurs KC-135. La composante aéroportée est complétée par la Force aéronavale nucléaire (FANu) embarquée sur le porte-avions Charles-de-Gaulle, avec une dizaine de Rafale Marine monoplaces de la base d’aéronautique navale de Landivisiau, située en Bretagne (Finistère). Comme leurs homologues de l’armée de l’Air, ces appareils mettent en œuvre le missile ASMPA, d’une portée de plus de 500 km et doté d’une tête TNA de 300 kilotonne
Prouesse technologique
Créée officiellement le 1er mars 1972, la FOST fut donc chronologiquement la troisième composante de la dissuasion, et aussi celle qui rassemble la force de frappe la plus conséquente. Elle repose sur les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins, considérés technologiquement comme les équipements les plus complexes conçus et réalisés par l’homme. En effet, il s’agit à la fois de concentrer sur un même bateau, aux dimensions contraintes, une centrale nucléaire fournissant l’énergie du bord et permettant une grande autonomie en plongée, ainsi qu’une plateforme de lancement de missiles à longue portée s’apparentant à de petites fusées. Le tout, avec des exigences extrêmement élevées en matière de discrétion acoustique et la capacité d’évoluer à grande profondeur en toute sécurité. Un SNLE constitue donc une prouesse technologique considérable qu’une poignée de pays seulement maîtrisent parfaitement.
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