Le parquet de Paris a requis un non-lieu pour des soldats français accusés de viols en Centrafrique
Le 20 décembre 2016, l’enquête « pour viols sur mineurs de moins de 15 ans par personne abusant de l’autorité conférée par leurs fonctions et complicité de ces viols » ouverte après des accusations portées contre des militaires de l’opération Sangaris, en Centrafrique, fut déclarée close sans aucune mise en examen.
Pour rappel, en avril 2015, le quotidien britannique The Guardian avait évoqué de l’existence d’une note confidentielle des Nations unies, laquelle faisait état d’accusations d’abus sexuels sur des mineurs contre 14 soldats français de l’opération Sangaris. Averti dès juillet 2014, le ministère de la Défense avait saisi le parquet de Paris au titre de l’article 40 du Code de procédure pénale et une enquête préliminaire fut confiée à la gendarmerie prévôtale.
Au cours de ces investigations, 6 militaires affectés en Centrafrique entre décembre 2013 et juin 2014 purent être identifiés et entendus par la justice. Seul l’un d’entre eux fut placé en garde à vue avant de repartir sans aucune charge retenue contre lui.
Aussi, comme l’on pouvait s’y attendre, le Parquet a donc requis un non-lieu dans cette affaire, malgré la demande de deux associations – Innocence en danger et Enfance et partage – de continuer les investigations, ces dernières ayant dénoncé une enquête menée « uniquement à décharge réalisée de façon totalement partiale et lacunaire ». Il revient maintenant aux juges d’instruction de confirmer cette décision ou bien d’ordonner un procès. Mais la première est la plus probable étant donné qu’aucune mise en examen n’a été prononcée dans ce dossier.
Pour le Parquet, « il ne peut être affirmé à l’issue de l’information qu’aucun abus sexuel n’a été commis sur ces mineurs », mais les éléments recueillis et « la variation des témoignages ne permettent pas d’établir des faits circonstanciés et étayés à l’encontre des militaires qui ont pu être entendus comme mis en cause dans ce dossier », a expliqué une source proche du dossier à l’AFP.
En effet, les témoignages des victimes présumés recueillis sur place par les enquêteurs n’ont pas été concluants. Ainsi, face à des photographies, l’une d’elles a dit reconnaître son agresseur… sauf que le portrait qu’elle a désigné n’était pas celui d’un militaire. Une autre a reconnu avoir menti. Enfin, une troisième a affirmé avoir lu le nom d’un soldat sur son treillis mais il est apparu qu’elle ne savait pas lire.
En octobre 2016, un rapport d’étape du bureau des services de contrôle interne de l’ONU (OIOS), s’était penché sur les cas d’abus sexuels attribué aux Casques bleus déployés en Centrafrique. Et il avait constaté que de nombreux témoignages étaient « quasiment identiques », ce qui laissaient penser que les victimes présumées avaient « mémorisé un script ».