Les refrains des bataillons de chasseurs
- Auteur : Domenico Morano -
Le saviez-vous ? Derrière beaucoup de coutumes, usages, traditions et expressions militaires se cachent bien souvent des anecdotes insolites, amusantes ou historiques. Alors pour étoffer votre culture générale et briller le matin devant vos collègues à la machine à café, plongez-vous dans notre rubrique du mercredi. Aujourd’hui, la rédaction vous propose de revenir sur les refrains des bataillons de chasseurs
Chaque unité militaire possède des traditions qui lui sont propres. Les chasseurs ne dérogent pas à la règle : à chaque bataillon son refrain.
Il y a plus d’un siècle, alors que les télécommunications étaient inexistantes, le clairon indiquait aux généraux les positions de la troupe en jouant le refrain de son unité. Ces ritournelles avaient un rôle indicatif et stratégique : la sonnerie qui allait suivre était un ordre à exécuter par l’unité désignée, tant au combat (charge, cessez-le-feu, etc.) que dans le service intérieur (réveil, rassemblement, etc.).
Ces refrains sont au nombre de 32. En 1914, les chasseurs comptaient 31 bataillons d’active. Traditionnellement, chaque jour du mois possédait son refrain chasseur.
Le 32e refrain est celui du 40e bataillon, auparavant stationné à Madagascar. Chaque matin, avant l’appel de la compagnie, on sonne le refrain du jour avant le refrain du corps. Tout nouveau chasseur doit donc connaître les refrains de tous les bataillons.
Ces quelques paroles, adaptées aux sonneries propres à chaque bataillon, poursuivent plusieurs fins et permettent de nombreux jeux. Le refrain peut vanter l’unité d’appartenance, comme dans le cas du 7e, baptisé « bataillon de fer et d’acier » après ses exploits en Algérie (1854), en Crimée (1855) et au Mexique (1862-1867) :
Bataillon, bataillon, bataillon de fer !
Bataillon, bataillon, bataillon d’acier !
Il peut aussi tourner en dérision les chasseurs. Celui du 12e bataillon proclame :
Ah, c’qu’il est con, c’qu’il est con l’douzième,
Ah c’qu’il est con, c’qu’il est con, c’con-là !
La grivoiserie est toutefois régulièrement employée, afin d’égayer la dureté de certains jours. Le 9e bataillon chante ainsi :
Marie, j’ai vu ton … tout nu,
Cochon, pourquoi l’regardes-tu ?
Bien que ces refrains ne servent plus à indiquer la position des troupes lors des combats, et que le leur nombre soit aujourd’hui supérieur au nombre de bataillons, ces chants servent toujours de signes de reconnaissance. Et de moments de cohésion et de tradition.
Petite histoire des chasseurs alpins Créées en 1888 pour défendre la frontière des Alpes face à une Italie récemment unifiée, les troupes de montagne (Armée de Terre), dont les chasseurs alpins font partie, constituent dès l'origine une force interarmes. Leurs particularités sont de pouvoir réaliser toutes leurs missions dans un relief escarpé et/ou montagneux, et dans conditions climatiques extrêmes. Aujourd’hui, il ne reste que trois bataillons alpins : le 7e, le 13e et le 27e. |