Les enfants de troupe
- Auteur : Cne Flora Cantin - Direction : DICoD
La défense n’a pas attendu le XXIesiècle pour devenir un ascenseur social offrant une chance d’évolution à chacun.
Avant la deuxième moitié du XVIIIesiècle, les fils de sous-officier ou de soldat et de mère attachée à un Corps militaire, généralement en tant que blanchisseuse ou lavandière, suivaient leur famille avec la troupe.
Très souvent, femmes et enfants étaient en charge de la logistique. Leur condition de vie n’était pas des plus enviée, baladés au grès des garnisons et des campagnes militaires. Rien ne les préparait à un avenir professionnel certain. Au sein même de l’armée, s’il existait des écoles d’officiers pour les fils d’officiers et les jeunes nobles, aucune école militaire n’ouvrait ses portes aux enfants de sous-officiers ou de soldats.
Tout change le 1ermai 1766 avec une ordonnance de Louis XV. Le roi demande à ce que deux postes soient ouverts aux enfants de la troupe dans chaque compagnie ou escadron de chaque régiment de l’armée royale.
Dès l’âge de deux ans, (oui, deux ans…), un enfant de soldat ou de sous-officier pouvait être admis à ces postes, « sous la surveillance directe d’un officier du Corps, nommé à cet effet par le Chef de brigade » peut-on lire à l’article VIII de l’ordonnance.
Une reconnaissance et un avenir assuré pour ces enfants qui pourront être soldés dès l’âge de 6 ans. Pendant ces années, ils seront apprentis d’un maître-ouvrier ou apprendront la musique. A partir de leur 16eannée, ces enfants « seront admis à contracter un enrôlement volontaire […] et jouiront de la solde entière […] », indique l’article IX. Vingt ans après cette ordonnance, une école d’éducation militaire pour cent enfants de soldats est créée aux Invalides.
En 1800, Bonaparte, Premier Consul, consacre l’appellation « enfant de troupe » dans un arrêté, pour les garçons âgés de 13 à 18 ans. Un enfant de troupe devient pupille de la Nation au décès de son père, militaire.
En juillet 1884, les postes d’enfants de troupe dans les régiments sont supprimés, six écoles militaires préparatoires sont créées pour les accueillir. En 1974, ces écoles se transforment en collèges militaires avant de devenir, en 1982, les lycées militaires qui accueillent alors garçons et filles.
La dénomination « enfant de troupe » existe encore aujourd’hui et désigne les élèves issus des lycées et collèges militaires. Leur devise est « pour la Patrie, toujours présents ». Au lycée militaire d’Autun, vous pourrez visiter le musée national des enfants de troupes, entretenant la mémoire de toutes les écoles.