Fin janvier 1945, le général de Gaulle, président du Gouvernement provisoire de la République française et Grand-maître de l’Ordre de la Libération, annonce au Conseil de l’Ordre de la Libération son intention de remettre la Croix de la Libération à la ville de Paris. Le rôle important joué par la population de la Capitale lors de l’insurrection nationale et celui, glorieux, des FFI qui “menèrent avec grande décision et grand courage l’attaque contre l’occupant” justifient ce choix1.
Le 2 avril 1945, Paris reçoit la Croix de la Libération des mains du général de Gaulle. Après Nantes en 1941 et Grenoble en 1944, la capitale restée “fidèle à elle-même et à la France” est la troisième ville à devenir ainsi Compagnon de la Libération, pour avoir “manifesté, ous ’occupation et l’oppression ennemies, et en dépit des voix d’abandon et de trahison, sa résolution inébranlable de combattre et de vaincre”2.
La cérémonie, annoncée depuis plusieurs jours par voie de presse et d’affiches, se déroule Place de l’Hôtel de Ville. Des gradins accueillant les invités ont été installés face à l’édifice devant lequel sont placés les choeurs et fanfares ainsi que des gardes républicains à cheval. Au centre de la façade, pavoisée de nombreux drapeaux tricolores et alliés, se
trouve la tribune d’honneur abritant les autorités civiles, militaires et religieuses, d’où le général de Gaulle doit s’adresser à l’immense foule venue de tout Paris et de sa banlieue et massée autour de la Place.
Des “remous dans la foule, une immense rumeur”3 .
Annoncent son arrivée, à 16h, accompagnée du cortège officiel. Il est accueilli par un comité représentant la ville de Paris et par le président du Conseil municipal, André Le Troquer. Le Général signe le livre d’Or de la
Ville de Paris dans la salle des Prévôts de l’Hôtel de Ville, puis prend place dans la tribune d’honneur. Il apparaît ainsi au regard des Parisiens au nom desquels le président du Conseil municipal prononce un discours de
bienvenue. Se souvenant des souffrances endurées, André Le Troquer déclare : “Paris a souffert, mais avec hauteur, mépris, colère, dignité. Paris vous aime, Monsieur le Président”4.
Puis, le président du Gouvernement provisoire, visiblement très ému par les démonstrations d’enthousiasme de la foule, prononce son discours, entrecoupé de nombreuses ovations. Il rappelle l’importance de Paris dans toutes les batailles de l’Histoire de France et le regard du monde entier fixé sur la ville, attendant une action d’éclat. “Et cette action d’éclat, Paris l’a accomplie. Ce fut sa libération, entreprise de ses propres mains, achevée avec l’appui d’une grande unité française et consacrée par l’immense enthousiasme d’un peuple unanime”5.
Mais il insiste également sur la nécessité de reconstruire le pays et son unité politique, en ne comptant sur aucun appui extérieur. Le Général termine par la formule consacrée : “Paris, nous vous reconnaissons comme notre compagnon, pour la libération de la France, dans l’honneur et par la victoire” 6,
tout en épinglant la Croix sur le panneau armorié de la ville de Paris. Dans le même temps, une Croix de la Libération géante, illuminée par des projecteurs, est dévoilée sur le fronton de l’Hôtel
de Ville. Le Général entonne alors la Marseillaise, reprise en choeur par la foule avant de quitter les lieux sous les acclamations.
L’événement aura duré une heure, à l’issue de laquelle le peuple de Paris peut admirer les décorations de sa ville sur le panneau armorié placé en bas de l’escalier menant à la tribune
d’honneur et gardé.