Bien...
Nous allons en rester là, car je ne pense pas que vous trouverez l'arme en question.
C'est très difficile mais enfin, si je la connais, je suppose que d'autres sont dans le même cas...
Donc ce n'était pas impossible.
Mais mon but était surtout de vous faire connaître la ligne de Lattre
Voici donc un petit travail que j'ai commis, rien que pour vous :
La ligne de LattreEn janvier et mars 1951, Giap, grisé par son succès sur la RC 4, lance quatre divisions de son corps de bataille sur l’ouest et le nord du delta du Fleuve Rouge, le grenier à riz du Tonkin. C’est un échec. En mai, il récidive en lançant deux divisions sur le sud du delta. Ce sera la bataille du Day, du nom d’un des défluents du Fleuve Rouge. Les divisions assaillantes sont repoussées avec de lourdes pertes. Le général de Lattre de Tassigny, qui a été nommé haut-commissaire et commandant en chef du CEFEO (Corps Expéditionnaire Français en Extrême-Orient), le 6 décembre 1950, décide alors la construction d’une ligne fortifiée destinée à protéger le delta, Hanoï, et Haïphong. Ce qui permettra également de dégager des moyens pour d’autres missions. Dernière ligne fortifiée réalisée par la France, elle sera connue sous le nom de " ligne de Lattre ".
Inspirée de la fortification CORF (Commission d’Organisation des Régions Fortifiées), la fameuse " ligne Maginot ", mais réalisée avec des moyens infiniment moindres, elle se compose de PA (Points d’Appui), espacés de deux à trois kilomètres, interdisant les voies de communication et se flanquant entre eux. La position comprendra en finale près de 1 000 éléments, répartis sur un front de près de 400 kilomètres. C’est le général de Linarès, dit " Pataugas ", qui reconnaîtra et décidera de l’emplacement de la plupart des PA.
Chaque PA comporte plusieurs éléments en béton armé, à l’épreuve du calibre 105, protégés par un réseau de barbelés, et par un fossé. Le calibre 105 est en effet celui des canons en batterie en arrière de la ligne, dont la mission est de l’appuyer et, au besoin, d’effectuer des tirs " d’épouillage ", directement sur les PA. C’est également le calibre des canons que l’ennemi serait susceptible d’employer pour l’attaque de la position.
Les éléments des PA peuvent comprendre :
- un bloc central avec PC, avec tourelle de char, armée d’un canon de 37, 47 ou 57 mm, et d'une mitrailleuse co-axiale
- une casemate d’infanterie double, c’est-à-dire tirant dans deux directions opposées
- un bloc central avec tourelle ou mortier
- un bloc central double avec PC et tourelles
- un bloc à deux tourelles et six mitrailleuses
- un ouvrage de pente avec mortier et armes automatiques.
Les positions incluent souvent des mortiers de 81 mm, installés en position de campagne, à l’intérieur de l’enceinte de barbelés.
L’armement des blocs incluent les tourelles déjà évoquées (294 tourelles de différents modèles ont été envoyées en Indochine), des mortiers de 81 et 60 mm, des mitrailleuses de divers calibres, mais surtout des calibres 30 et 50, (7,62 et 12,7 mm), des fusil-mitrailleurs, l’armement individuel des soldats de la garnison, et :
- le sujet du quizz…
Le lance-grenades double de la ligne de Lattre est un fusil MAS 36, dont on a scié le canon à hauteur du tonnerre. La hausse a, bien entendu, été supprimée, et la planchette élévatrice soudée en position haute. La crosse a été sciée, et transformée en poignée pistolet. Le moignon restant du canon a été fileté, pour recevoir une rampe cylindrique. Cette rampe est percée de deux trous filetés qui reçoivent deux faux canons, reliés par des évents au moignon, et sur lesquels viennent s’engager les grenades anti-personnel modèle 1948. La rampe qui pivote pour assurer le pointage vertical, est installée dans un affût, qui pivote horizontalement pour assurer le pointage en direction.
Le débattement horizontal est d’ailleurs très faible, car la mission de l’arme est limitée à l’ " épouillage " du bloc voisin de celui dans lequel elle est installée. Pour cela, l’affût est disposé dans une embrasure étroite et basse, généralement couplée avec l’axe de tir d’une mitrailleuse. La portée, qui varie de 65 à 250 mètres, est ajustée à l’aide d’un jeu de trois cales, qui limitent la rotation de la rampe. Cette arme rustique remplit donc la même mission que les mortiers de 50 de la ligne Maginot, sous cloche ou sous béton. Il en existe une version quadruple, destinée à fournir une puissance de feu supérieure, pour un ouvrage isolé.
La ligne de Lattre a rempli sa mission, qui était de protéger le « delta utile », et d’économiser des forces, comme c’est la fonction de toute fortification. Elle n’a jamais été attaquée, et a donc bien rempli son rôle dissuasif. Mais elle n’a pas pu empêcher l’infiltration des régiments 42 et 48, qui ont menés un combat de guérilla très meurtrier.
Pour conclure, soulignons que l’affectation dans cette ligne fortifiée n’était pas recherchée par les officiers, contrairement à la ligne Maginot qui attirait, par la modernité de son équipement, les meilleurs des promotions des écoles militaires. On y trouvait beaucoup d’unités de tirailleurs sénégalais.
Le fameux poème "
ceux qui sont, parce qu’il y a des cédilles ", que se récitaient les lieutenants des régiments parachutistes en témoigne :
"Ceux qui copieusement
Ceux qui volontairement
Ceux qui campagne simple aux T.O.E. en attendant que ça se passe
Ceux qui traquent
Ceux qui détraquent
Ceux qui halftraquent
Ceux qui pitonnent
Ceux qui bétonnent
Ceux qui déconnent
Ceux qui ouvrent la route et qui ont juste le droit de la fermer
Ceux qui l'ancre au calot
Ceux qui l'encre au stylo
Ceux qui donnent des ordres
Ceux qui les transmettent en les améliorant
Ceux qui se demandent comment les exécuter
Ceux qui se disent qu'on est commandé par des cons, sans se rendre compte qu'ils pourraient faire partie du Haut-Commandement
Ceux qui cravate verte
Ceux qui cravate noire
Ceux qui aimeraient bien en avoir une de la couleur de leur burnous
Ceux qui qui n'ont pas besoin de couleur pour cravater
Ceux qui prennent les armes à l'ennemi
Ceux qui font plutôt les prises d'armes entre amis
Ceux qui au Régiment
Ceux qui à la Brigade
Ceux qui à la Division
Ceux qui au Corps d'Armée
Ceux qui à l'Armée
Ceux qui à l'assaut "et qui n'ont rien parce qu'ils se retrouvent tout seuls"
Ceux qui meurent en héros modestes
Ceux qui ne sont ni des héros, ni modestes, mais qui ne meurent pas
Ceux qui "para pluie... ont"
Ceux qui "en avant des autres"
Ceux qui tirent sur tout ce qu'ils voient
Ceux qui tirent sur tout avant de voir
Ceux qui se tirent avant de voir quoi que ce soit
Ceux qui ont compris et qui se couchent en voyant arriver la Marine
Ceux qui se planquent même là où la Marine ne vient pas
Ceux qui chinoise
Ceux qui vietnamienne
Ceux qui cambodgienne
Ceux qui vénérienne
Ceux qui plieuse de parachutes pour avoir la solde à l'air
Ceux qui se contentent d'amours masculines ancillaires.
Tous ceux-là et beaucoup d'autres qui n'osaient plus comme autrefois crier "Morts aux cons" de peur de se retrouver tous sur les diguettes de la vie éternelle, avaient tout de même fini par se mettre d'accord et par retrouver le sourire et un air indulgent en contemplant de grands diables tout noirs avec des dents très blanches, encadrés par des capitaines ventrus doublement hameçonnés, et la devise de tous à ce spectacle était : "dans le béton, les plus cons".Ce qui était faux tout de même, car il n'y avait pas de béton assez important pour y nécessiter la présence, et y justifier la solde de certains officiers supérieurs."
PS Il me semble me rappeler que la formulation «
dans le béton, les plus cons » était du général Gilles lui-même, et que le « poème » a été écrit par un lieutenant appartenant à son état-major. Bonne lecture
JJ
Tracé approximatif de la ligne de Lattre
Photo trouvée sur le net du PC d'un PA de la ligne de Lattre.
Notez la tourelle de char H 39, et la tour d'observation, ainsi que l'antenne radio
Le lance-grenades double de la ligne de Lattre, dérivé du MAS 36
Casemate de la ligne de Lattre, armée d'une tourelle de char H 39.
Notez le créneau d'observation, et les mitrailleuses
Sous celle de droite, on voit le créneau du lance-grenades
Une autre casemate avec tourelle de char H 39, sur la RC 5
Une batterie de 105 HM 2, en appui de la ligne fortifiée