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| Parachutistes dans les dunes .......Patrick Charles Renaud | |
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Invité Invité
| Sujet: Parachutistes dans les dunes .......Patrick Charles Renaud Mar Jan 31 2017, 20:52 | |
| Extrait d'un beau livre de l'écrivain Patrick Charles-Renaud titre: Se battre en Algérie 1954/1962 .... 450 pages superbes d'épisodes de guerre.
Je suis fier d'avoir participé à ces batailles dans les dunes du Grand Erg Occidental (bretirouge)
20 novembre 1957, en milieu d'après-midi .
Descend, il me semble avoir aperçu des traces toutes fraiches de trois ou quatre individus.
Le Piper kaki gémit puis bascule vers l'avant. Dans le ciel bleu, au-dessus des dunes blondes du Grand Erg occidental qui ondulent à perte de vue.
Cela fait deux heures que le petit avion rase le sommet aiguisé des dunes, il disparaît dans les creux puis remonte de temps en temps pour ce repérer. Le pilote avec un coéquipier discerne sur une carte presque vierge de repère des termes "Hassi" identifiant les puits.
Aucune piste, pas même un semblant, ne traverse la zone qu'il survole. Des traces se dévoilent se divisant en deux dont l'une aboutit à un puit ou de nombreuses traces de pas ou elles piétinent et l'autre s'arrête en haut d'une dune, on devine que ce n'est qu'un guetteur posté là. Ce puits distant d'une dizaine de kilomètres de la base de Hassi-Rhambou ou je ferai escale avec le PC Bigeard pour être au plus prêt des recherches. Après avoir fait le point avec le bimoteur Dassault qui l'accompagne, car dans ces contrées désertiques il est facile de disparaître à jamais . Le pilote rend compte par radio au lieutenant-colonel Bigeard qui dépêche un hélicoptère armé. Le lieutenant-colonel Brunet, patron de l'escadre d'hélicoptères n° 2 stationnée à Oran, surgit à bord d'un H34 armé et stationne à quelques mètres des buissons qui frissonnent sans rien dévoiler. Le pilote lutte contre l'attraction terrestre tout en soulevant des tourbillons de sable. Pourtant un moudjahid enfoui dans le sable sous une branche d'un arbuste observe l'officier grandeur nature qui se tient debout, dans l'encadrement de la porte vêtu d'un blouson de pilote et d'un calot arborant ses galons dorés. Une cible facile, mais qui aurait pour conséquences de dévoiler la bande..
Brunet ne voit rien mais flaire l'adversaire . Huit années de guérilla en Indochine ont aiguisé son sixième sens.
Bigeard annonce une fois l'équipe réunis, Nous allons monter une opération pour demain, convaincu d'avoir repéré la bande recherchée. ..
Cela fait à peine une semaine que le 3ème régiment de parachutistes coloniaux à débarqué à Timimoun, cité saharienne bâtie en bordure d'une riche palmeraie. Ses murs ocre, aux ouvertures étroites, lui donne un style soudanais même si, à l'entrée, l'enseigne Timimoun's Bar dépare un cadre où les habitations ressemblent à des pâtés de sable rouge.
Une fois franchit la "Porte de Soudan", débouche sur la place Laperrine en face du bordj, véritable forteresse de style local. C'est le général commandant supérieur interarmées en Algérie qui a décidé d'envoyer le 3e Paras dans ces contrées, à prés de huit cent kilomètres au sud d'Alger !!
A SUIVRE..........Cette bataille que j'ai vécu au sein du 3 RPC en 1957 ..GUS....
Dernière édition par bretirouge le Ven Fév 03 2017, 14:19, édité 2 fois |
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| Sujet: Parachutistes dans les dunes ...SUITE Mer Fév 01 2017, 12:03 | |
| SUITE ....
Suite à la désertion de militaires autochtones de la compagnie méhariste du TOUAT le 15 octobre 1957 à Hassi-Sakka, à proximité de la piste allant de Timimoun à El-Goléa. faute de moyen, personne n'a pu les retrouver les méharistes félons qui, après avoir massacrés les Européens de leur peloton, ont tendu une embuscade à des civils d'une compagnie pétrolière qui prospectaient dans les dunes du Grand-Erg occidental.
Notre régiment en opération dans la région de Colomb-Béchar c'est regroupé le 10 novembre pour prendre la direction de Timimoun le 15 novembre. Aussitôt à pied d'œuvre Bigeard fait procéder à des arrestations de suspects et des interrogatoires qui recoupés avec les observations aériennes, ont permis de situer avec quasi-certitude la bande à proximité du puit d'Hassi-Rhambou.
Nous n'avons jamais combattu dans le désert, domaine réservé aux spécialistes.
Encore un challenge pour le 3ème RPC et de son chef. La manœuvre est d'héliporté la 3e compagnie au plus prés des fellaghas, depuis la petite oasis de Tabelkoza. Les paras, en bivouac à Zaouiet-Ed-Debahr, à une quinzaine de kilomètres au sud, devront s'y rendre à pied pour que l'héliportage soit le plus court que possible.
Le 21 novembre, en début de matinée, le terrain d'aviation de Timimoun, situé à sept kilomètres à l'est, s'anime. Le lieutenant Le Lan, pilote de T-6 de l'escadrille 5/22 parachute en main, monte dans son appareil, les moteurs des T-6 vrombissent.
La patrouille de T-6 décolle suivie par un Piper piloté par le maréchal des logis Potard avec à son bord , le lieutenant Richard comme observateur. les hélicoptères prennent également l'air et déclenchent une véritable tempête de sable dont sont témoins les paras de la 4ème compagnie qui vont patienter sous les ailes argentées de trois Nord 2501, en attente de saut .
Bigeard trépigne à Zaouiet-Ed-Debahr, terminus de la piste, avec se radios et ma compagnie, l'Escadron de reconnaissance. partis depuis 4 heures ce matin. Un quart d'heure avant que le ballet des hélicos commence les T-6 sont en orbite au-dessus Hassi-Rhambou où les traces sont plus nombreuses que la veille, toutefois aucun signe de vie.
Le pilote décide d'envoyer une roquette dans une touffe de végétation, elle va droit au but en faisant jaillir une gerbe de sable, une fois le nuage de poussière dissipé, révèle le corps de deux ou trois fellaghas.
Il est 8 heures lorsque les paras de la 3e compagnie du capitaine de Llamby s'engouffrent dans les hélicos. Quelques minutes plus tard ils débarquent au pied des dunes, un peu au sud de Rhambou.
Je suis à l'Escadron avec le capitaine Cales et Bigeard ...
A SUIVRE |
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| Sujet: Re: Parachutistes dans les dunes .......Patrick Charles Renaud Mer Fév 01 2017, 17:44 | |
| SUITE
En short, veste camouflée sur les épaules, visière de la casquette ajustée, ils s'aventurent dans cet univers mouvant, où ils s'enfoncent parfois jusqu'à mi-mollet. Au dessus de leurs têtes, le Piper ronronne et les guide à travers la merde sable mouchetée de touffes.
Une heure durant, la progression se poursuit en direction du nord, sous un soleil qui réchauffe de plus en plus l'atmosphère, Les muscles durcissent sur ce sol qui se dérobe à chaque pas. Les efforts physiques consentis augmentent la consommation d'eau qui a été fixée à deux litres par jour et par homme. Il faut souvent la transporter par hélicoptère, avec des aléas qui amèneront certains paras assoiffés à boire leur urine …..
-Ils sont là, j'essuie quelques coups de feu annonce Llamby à 9h30 . La section du lieutenant Roher est en tête et fait le forcing avec le sergent-chef Sentenac comme meneur de meute. Un para se pointe en haut de la dune qui croule sous ses pataugeas, un coup de feu claque, il lâche son arme en se serrant la cuisse entre les mains.
Le combat s'annonce rude. - Ils sont sur la pente et attendent que notre silhouette se profile pour nous ajuster gémit le blessé .
En l'absence du lieutenant Dumay blessé quelques jours auparavent sur la frontière algéro-marocaine, le sergent-chef Sentenac commande la 4ème section en parallèle avec le lieutenant
Roher remplaçant de Dumay. Il aborde le sommet d'une dune, encadré par les parachutistes Paul Gueguen et Jean Tudoret. Soudain il se fige se penche vers l'avant tout en portant les mains à son ventre, et s'écroule en gémissant.
-Infirmier !Infirmier! Hurle Gueguen !!!
Le parachutiste Roland Fialon, qui vient de prodiguer des soins à un camarade, accourt. A chaque pas, des bouffées de sable giclent tandis qu'un petit cratère se creuse derrière lui. Alors qu'il approche du sous-officier, une balle le frappe et le tue sur le coup, silencieusement dans l'indifférence du désert. Courbés, presque à quatre pattes, le caporal-chef Le Corre et quelques voltigeurs traînent Sentenac à l'abri.
Héliporté prés du PC de l'opération dès le début de l'accrochage, le lieutenant Pacaud a reçu pour mission d'évacuer les blessés de la ligne de contact, située à 200 mètres. Il faut presque une demi-heure pour ramener Sentenac au PC installé à l'abri d'une dune. Une toile de tente est étendue sur son buste pour éloigner les mouches qui, sorties de nulle part, se présentent déjà à la curée.
Comme si elles voulaient s'accrocher coûte que coûte à la vie qui s'écoule entre les doigts, Sentenac aperçoit le sergent-chef Marc Flament muni de son appareil photo. Tel un acteur consciencieux et dans un ultime effort, il se tourne et s'appuie sur un coude pour prendre la pause. Puis il se concentre, ferme les yeux et grimace pour essayer de contenir l'atroce douleur qui assaille son bas-ventre.
L'infirmier place alors un sac à dos sous sa tête. Flament s'approche, il s'agenouille et cadre dans l'objectif le visage de Sentenac, qu'il fixe à jamais sur la pellicule. Quelques secondes s'égrènent avant que ses traits crispés s'adoucissent et ne se relâchent.
-Qui ose gagne, souffle Sentenac à l'oreille de Bigeard qui s'est approché.
- Cette fois j'ai perdu...
A SUIVRE |
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| Sujet: Re: Parachutistes dans les dunes .......Patrick Charles Renaud Ven Fév 03 2017, 14:08 | |
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La perte de Sentenac sera pour Bigeard un véritable choc . Il écrira: « de nous tous , il fut celui qui eut la plus grande chance, car il a réussi sa mort après avoir mené la tourmentée qu'il avait choisi....Il savait qu'il avait gagné, et c'est pour cela que son visage apaisé nous paru si beau. Ce qu'il cherchait de kl'autre côté de la crête, ce n'était pas une poignée de Bédouins et leurs fusils, mais cette chose impossible qui le hantait depuis si longtemps et qui se trouve dans le sacrifice et la mort. Seule elle permet de confondre avec ce qu'il y a de plus grand, de plus inaccessible. C'était sa manière, à lui, Sentenac, de comprendre Dieu ».
Face à cette résistance acharnée, Bigeard fait décoller à 11h30 la 4e compagnie du lieutenant Douceur, en alerte sur le terrain de Timimoun. Engoncés dans leurs équipements, les paras ressemblent à des scaphandriers. Sous le parachute ventral, ils ont harnaché la musette TAP contenant les rations, biscuits de guerre ou pain, la toile de tente, le nécessaire de toilette et pull-over, de quoi tenir un ou deux jours sur le terrain. Les avions décollent avec les portes ouvertes de chaque côté, ce qui amène un peu de fraîcheur à l'intérieur. Une demi-heure plus tard, trois Nord 2501 grondent au-dessus de Zaouït-Ed-Debahr.
Vers midi le Piper prend contact avec les Nord 2501 et place un fumigène sur la zone de saut pour les guider, tandis que trois bimoteurs Flamant du groupe d'Outre-mer 86 la mitraillent. Dans les avions, le klaxon braille au moment où la lumière verte s'allume. Les hommes se bousculent et se précipitent dans le vide par les deux portes latérales, à une altitude très faible, entre 150 et 200 mètres. La descente est très courte, juste le temps à la voilure de se déployer avant l'arrivée au sol. Les paras défont les harnais et se désolidarisent des parachutes qu'ils abandonnent dans les dunes. Ils sont à une centaine de mètres des premiers rebelles qui, surpris, se replient sur le centre de leur position.
Se sachant encerclés, ils durcissent leur résistance. L'aviation, notamment deux B-26 du groupe de bombardement Guyenne, matraque une parcelle constituée par une demi-douzaine de creux de dunes aménagés défensivement en leur centre, autour de gros buissons. Les strafing des Flamand et des T-6 s'avèrent nettement plus efficace que celui des B-26 noirs qui labourent quatre fois plus de sable.
La 4e compagnie a sauté légèrement au nord de la 3e, afin de couper toute retraite à la bande. Surpris, les fellaghas croient à un bombardement mais comprennent vite que leur seule chance de survivre est de durer et d'attendre la nuit où le désert leur sera favorable.
A 13h 15, Bigeard se fait héliporter au cœur de la bataille afin de coordonner l'action des compagnies et l'appui de l'aviation. Accompagné du commandant Lenoir, son adjoint, et des deux radios, il se porte au plus prés du combat où il devient, dés lors, l'âme de la lutte.
-Le lieutenant Roher à été tué, crie une voie.
En le traînant à l'abri, l'infirmier creuse deux long sillons parallèles dans le sable. Le foie éclaté, les mains ramenés sur la poitrine, le jeune officier est allongé à l'écart. Il fut des le début de l'Escadron mon chef de section au 4è peloton du capitaine Le Boudec. La 3e compagnie perd son deuxième chef de section. Au fils des heures, la radio égrène les noms des tués et des blessés dont l'évacuation n'est pas des plus facile. Il faut se relayer très souvent et une douzaine d'hommes est nécessaire pour avancer plus rapidement.
Pendant que se déroule l'héliportage d'une section de l'Escadron vers 14h30. Les unités au contact manœuvrent et réduisent un à un les buissons fortifiés. Les T-6, guidés par les Piper, appui la progression. L'un des avions d'observation est touché deux fois par le feu ennemi. Il sera obligé de faire demi-tour et se poser à Timimoun pour réparation.
Dans ce paysage totalement uniforme, le guidage des parachutistes est extrêmement difficile. Ils n'ont pour horizon la crête de la dune d'en face, sans aucun point de repère. Les sections sont imbriquées les unes aux autres, souvent sans le savoir, risquant de tragiques méprises. Le combat est très meurtrier en raison de sa forme et de la qualité de l'adversaire. Disciplinés, les méharistes félons se battent jusqu'à la dernière goutte d'eau de leur bidon,jusqu'à la dernière cartouche, mêm blessés. Par deux fois, les Piper aperçoivent une section de paras nettoyant ses armes enrayées par le sable, à vingt mètres des fellaghas, juste avant de franchir le sommet de la dune et bondir à l'assaut.
A SUIVRE .... |
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